Si l’idée d’une « grande ville à côté d’un grand port » date de 1892, la
réalisation est plus lente. Henri Terquem avait bien théorisé la
communauté urbaine mais la première intercommunalité ne se fit que lors
de la première guerre mondiale, coordonnée par le maire saint-polois
Léon Marquis. L’idée de se regrouper revenait souvent. En 1945, L.
Burnod dans le journal « le Nouveau Nord » avance l’argument du poids
des 100.000 habitants, des économies réalisables, de la nécessité de
dépasser les antagonismes personnels, arguments qu’il développait déjà
dans les années 1920… Le premier grand pas date de 1949 quand la mairie
socialiste de Dunkerque fit le vœu de fusionner : accord de Rosendaël, «
oui » sous conditions à Petite-Synthe, réflexion à Saint-Pol, refus de
Malo et de Coudekerque-Branche. Il faut encore attendre... Les annees 1970 voient la fusion de Dunkerque, Malo, Rosendael et Petite-Synthe, ainsi que des échanges de territoires aux fins de rationnalisation... Pour contrer le poids grandissant de Dunkerque, Albert Denvers , maire de Gravelines obtient la constitution de la Communauté Urbaine de Dunkerque, pour aboutir à la fusion-association de Dunkerque avec saint-Pol-sur-mer et Fort-Mardyck au début des années 2000.
Pourtant la position de Louis Burnod aurait permis de grandes avancées...
LE GRAND DUNKERQUE
SERA-T-IL ENFIN REALISE ?
In « Le nouveau Nord » n°9, 24 avril 1945
Il y a quelque vingt ans, j’avais
entrepris de démontrer les avantages qu’assurerait au port et aux habitants la
réunion en une seule commune, sous une administration unique, des six ou sept
villes composant l’agglomération de Dunkerque.
Représentant une population de
cent mille âmes, Dunkerque eut gagné à cette réforme un prestige supplémentaire.
Par ailleurs, l’unification de services publics eut été génératrice d’importantes
économies pour le budget.
Tous les points de l’agglomération
recevant une représentation équitable à l’assemblée municipale, nul quartier ne
pouvait craindre d’être menacé par la réforme. Et quelle harmonie dans les œuvres
et les plans d’intérêt général n’eut-on pas obtenue avec ce système.
Un concert de protestations intéressées
me contraignit à suspendre ma campagne pour le Grand-Dunkerque. Si j’évoque ces
faits déjà anciens, c’est simplement pour démontrer que le projet du Grand-Dunkerque
n’est pas une idée spécifiquement allemande et qu’il a, depuis longtemps,
préoccupé chez nous, ceux qui, en toutes circonstances, donnent le pas à l’intérêt
collectif.
Il n’en reste pas moins que les Allemands
voulurent instituer le Grand-Dunkerque et qu’ils ont toujours considéré le
maire de Dunkerque comme le super-maire de l’agglomération. Chez eux, ce poste
eut été occupé par un haut fonctionnaire d’Etat, échappant à la politique de
clocher.
Le Grand-Bruxelles, le
Grand-Anvers, le Grand-Liège, etc… furent ainsi réalisées par l’occupant au moyen
des cités suburbaines.
Est-on décidé à instituer le
Grand-Dunkerque ? le Gouvernement, comme on l’assure, est-il favorable à
ce projet ? si oui, l’occasion est éminemment propice pour le réaliser sans
délai.
En effet, les municipalités sont
toutes à reconstituer ou à réélire et la plupart d’entre elles comprendront des
hommes nouveaux, compréhensifs des nécessités modernes.
Il n’y aura donc plus guère de
situations acquises s’opposant au projet. La réorganisation des services administratifs
s’effectuerait tout de suite sur le plan intercommunal, alors que si elle était
reprise sur le plan communal, tout devrait être refait et adapté dans un délai
plus ou moins long.
Si la réforme attendait seulement
deux ou trois ans, l’on se trouverait, dans chaque mairie, en face d’un maire
et d’adjoints qui, s’étant dévoués sans compter pour la reconstruction de leur
commune, ne se résoudraient pas facilement à la céder ou à faire « hara-kiri ».
Conclusion : l’institution
du Grand-Dunkerque sera décrétée avant les élections municipales et il en résultera
un vif stimulant, une plus grande réunion d’hommes expérimentés pour la reconstruction
du pays : ou bien le projet sera renvoyé aux calendes avec tout son
cortège de formalités supposées, de dépenses stupides et d’antagonismes ruineux.
Si nous laissons passer cette
occasion exceptionnelle, on ne la retrouvera peut-être jamais.
Louis Burnod
A l'approche des éléctions muncipales, il serait utile de relancer l'idée pour plusieurs raisons.
D'abord le poids de l'agglomération qui pourrait enfin servir de point d'équilibre à la métropole lilloise si toute fois l'on développait une vraie synergie avec les villes cotieres de Calais et de Boulogne-sur-mer; trois villes portuaires aux activités spécifiques.
En second lieu, supprimer dans les villes associées les conseils communaux qui ne sont que consultatifs et où le maire n'est que maire-délégué, donc sous autorité du maire de Dunkerque.
Enfin, un grand Dunkerque se substituant à la Communauté Urbaine permettrait de substantielles économies par le rédeploiement des agents et une politique globale puisque la plupart des équipements, investissements, entretien (voirie, dechets, eclairage,etc) sont du fait de la communauté urbaine, laissant peu de prérogatives aux maires des communes, quelles qu'elles soient... et surtout une direction unique, sous l'égide d'une seule maire et d'un conseil municipal plus restreint( autre poste d'économies non négligeable)..
Cela ne vaut il pas la peine de se poser la question ?
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