jeudi 14 novembre 2019

La tour des Sables


Que dire de Zuydcoote si ce n’est que le village a toujours lutté contre les éléments, coincé au creux des dunes entre la mer et un arrière-pays marécageux que les Flamands n’ont eu de cesse de faire reculer. Déjà attesté au début du Moyen-âge, les historiens divergent sur l’origine de son nom : serait-ce « cabane au sel », tout à fait logique connaissant la grande valeur de ce produit, ou la « côte du Sud » ? 
 
Le débat est loin d’être clos. Zuydcoote est dès le XIIe siècle un village de pêcheurs avec un petit port ménagé sur l’estran…. La petite communauté résiste vaillamment à de multiples reprises contre les éléments, s’accrochant à ses dunes mais ne peut rien faire quand, en 1200, les bras de la rivière des Petite et Grande Moëres s’ensablent, fermant le port. Le ciel se déchaîne régulièrement contre la petite paroisse. En 1402 puis en 1570, ce sont des inondations qui viennent tout réduire à néant. En 1602, c’est le village qui est incendié… 
 
Et pourtant les habitants reviennent à chaque fois et reconstruisent tout avec opiniâtreté. Malheureusement, une catastrophe naturelle inégalée dans la région met fin à cette prospérité. En effet, il est difficile de lutter contre la nature comme lors du funeste réveillon de la nuit du 31 décembre 1776 au 1er janvier 1777. 
 
La tempête fait rage et laboure littéralement le littoral, la mer est déchaînée, les flots rugissent et pénètrent dans les terres, submergeant le village de sable et d’eau, emportant bêtes et hommes… Au point du jour n’émerge plus que la tour de l’église, le reste de l’édifice, comme la majeure partie du village est envahie par le sable et les flots. En 1779, l’on se résout à l’abattre, ne conservant que la tour pour construire un nouvel édifice, de style roman, un peu plus au sud. Sa flèche est rasée puis on la rehausse en 1803 pour servir d’amer et pour porter le télégraphe de Chappe, un système de signaux avec des bras articulés. 
 
Si l’édifice ne guide plus les âmes, il signale désormais la côte pour les marins en mer, à l’image d’autres tours de la région. Pourtant, il ne servirait à rien de suivre le canal de Furnes pour aller la voir : la tour a été dynamitée par les Allemands et le village quasiment rasé pendant la dernière guerre.

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