A quelques pas du Breughel, une plaque discrète posée sur un
mur évoque le souvenir de Donald Cameron of Lochiel. Né vers 1700, celui qui
devint une haute figure de l’histoire écossaise était le 19e chef du
clan Cameron. Comme son père, l’homme est un Jacobite convaincu.
La fidélité des Jacobites
L’homme est fidèle à la famille de Jacques II d’Angleterre,
détrôné lors de la Glorieuse Révolution en 1688, menée par des Huguenots aidés
de troupes hollandaises, pour placer Guillaume d’Orange sur le trône. Et voilà
Donald Cameron qui suit son père, fait « Lord Lochiel » dans la pairie
Jacobite, en exil en France.
Très vite, il prend aussi la tête du clan. A la
fin de la guerre de succession d’Autriche et la reprise des hostilités entre
France et Angleterre, Donald Cameron offre alors de lever une armée de 20.000
hommes, au cas où une invasion de l’Angleterre serait menée avec l’aide des
Français. Il est vrai que Jacques II est accueilli par Louis XIV et a trouvé
refuge à Saint-Germain-en-Laye.
Si le projet est abandonné par les Français en
1744, le Prince Charles, prétendant au trône entame malgré tout la levée de
troupes et débarque sur les côtes anglaises en août 1745. Courageux mais
imprudent, il arrive avec une poignée d’hommes, sans munitions ni vivres.
Cameron temporise, espère le soutien des seigneurs locaux mais le Prince
Charles a renvoyé ses navires et ne peut dépendre que du Clan Cameron.
Impossible de faire marche arrière
Que faire? Enfant lors du premier soulèvement jacobite en
1715, Donald Cameron a acquis rapidement une solide expérience militaire. Il
propose au Prince d’arrêter sa marche, puisque l’Ecosse est déjà en son pouvoir
et d’attendre l’aide française pour contrer les troupes que l’Angleterre ne
manquerait d’envoyer. Finalement, ses arguments portent et la marche sur
Londres est stoppée.
L’armée jacobite retourne en Ecosse. Blessé à la bataille de Falkirk en janvier
1746, il tente de prendre Fort William mais abandonne le siège en avril pour
rejoindre le Prince Charles juste à temps pour participer à la bataille de
Culloden. Le Clan Cameron y perd la moitié de ses hommes. Donald Cameron,
grièvement blessé, part pour la France avec le Prince en octobre pour
convaincre Louis XV de consentir à un nouveau débarquement mais il ne revit
jamais l’Ecosse qu’il avait assez aimée pour que l’on prenne soin des
prisonniers et que l’on n’exerce pas de représailles contre Glasgow, restée
fidèle au roi Georges II.
Sa réputation d’humanité le fit surnommer partout le
« Gentle Lochiel », le « doux » ou le « Gentil »
Lochiel, un nom qui gagna en réputation avec les histoires romantiques qui ne
manquèrent pas de naître autour de la résistance jacobite. Ayant pris le
commandement d’un régiment français en 1747, il décède à l’Hôpital Militaire de
Bergues l’année suivante… Quant à son roi, Jacques II, dont seuls les
descendants sont légitimes aux yeux des Jacobites, il n’est pas très
loin : la tête de cire réalisée sur sa dépouille mortuaire a trouvé place
au Musée des Beaux arts de Dunkerque.
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