jeudi 14 novembre 2019

Le doux Lochiel


A quelques pas du Breughel, une plaque discrète posée sur un mur évoque le souvenir de Donald Cameron of Lochiel. Né vers 1700, celui qui devint une haute figure de l’histoire écossaise était le 19e chef du clan Cameron. Comme son père, l’homme est un Jacobite convaincu.

La fidélité des Jacobites
 
L’homme est fidèle à la famille de Jacques II d’Angleterre, détrôné lors de la Glorieuse Révolution en 1688, menée par des Huguenots aidés de troupes hollandaises, pour placer Guillaume d’Orange sur le trône. Et voilà Donald Cameron qui suit son père, fait « Lord Lochiel » dans la pairie Jacobite, en exil en France. 
 
Très vite, il prend aussi la tête du clan. A la fin de la guerre de succession d’Autriche et la reprise des hostilités entre France et Angleterre, Donald Cameron offre alors de lever une armée de 20.000 hommes, au cas où une invasion de l’Angleterre serait menée avec l’aide des Français. Il est vrai que Jacques II est accueilli par Louis XIV et a trouvé refuge à Saint-Germain-en-Laye. 
 
Si le projet est abandonné par les Français en 1744, le Prince Charles, prétendant au trône entame malgré tout la levée de troupes et débarque sur les côtes anglaises en août 1745. Courageux mais imprudent, il arrive avec une poignée d’hommes, sans munitions ni vivres. Cameron temporise, espère le soutien des seigneurs locaux mais le Prince Charles a renvoyé ses navires et ne peut dépendre que du Clan Cameron.

Impossible de faire marche arrière
 
Que faire? Enfant lors du premier soulèvement jacobite en 1715, Donald Cameron a acquis rapidement une solide expérience militaire. Il propose au Prince d’arrêter sa marche, puisque l’Ecosse est déjà en son pouvoir et d’attendre l’aide française pour contrer les troupes que l’Angleterre ne manquerait d’envoyer. Finalement, ses arguments portent et la marche sur Londres est stoppée. 
 
L’armée jacobite retourne en Ecosse.  Blessé à la bataille de Falkirk en janvier 1746, il tente de prendre Fort William mais abandonne le siège en avril pour rejoindre le Prince Charles juste à temps pour participer à la bataille de Culloden. Le Clan Cameron y perd la moitié de ses hommes. Donald Cameron, grièvement blessé, part pour la France avec le Prince en octobre pour convaincre Louis XV de consentir à un nouveau débarquement mais il ne revit jamais l’Ecosse qu’il avait assez aimée pour que l’on prenne soin des prisonniers et que l’on n’exerce pas de représailles contre Glasgow, restée fidèle au roi Georges II. 
 
Sa réputation d’humanité le fit surnommer partout le « Gentle Lochiel », le « doux » ou le « Gentil » Lochiel, un nom qui gagna en réputation avec les histoires romantiques qui ne manquèrent pas de naître autour de la résistance jacobite. Ayant pris le commandement d’un régiment français en 1747, il décède à l’Hôpital Militaire de Bergues l’année suivante… Quant à son roi, Jacques II, dont seuls les descendants sont légitimes aux yeux des Jacobites, il n’est pas très loin : la tête de cire réalisée sur sa dépouille mortuaire a trouvé place au Musée des Beaux arts de Dunkerque.

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