S’il n’y avait une Maison consacrée à la troisième bataille
de Cassel à Nordpeene (sise 200, rue de la Mairie), bien peu de gens se
souviendraient de cet affrontement majeur des guerres de Hollande qui se
déroulent de 1672 à 1678.
Les Provinces-Unies, jeune République jalouse de ses
libertés, redoutent l’extension française au Sud des Pays-Bas. La France veut
protéger Paris car il n’est nul obstacle entre la capitale et les terres
espagnoles de Flandre. Il faut faire reculer la frontière plus loin au nord.
La
position néerlandaise est claire : « Gallus amicus, sed non
vicinus », le Gaulois ami mais non voisin ! Comme si cela ne
suffisait pas, les Français engagent une guerre commerciale contre les
Provinces-Unies et le conflit religieux entre catholiques français et
Protestants néerlandais s’envenime…
Il n’en faut pas plus pour qu’une coalition
naisse, rassemblant les Provinces-Unies mais aussi le Saint-Empire Romain
Germanique, l’Espagne, la Lorraine et le Danemark. La France est cernée et
presque constamment en guerre.
Une bataille terrible
Louis XIV continue d’établir son Pré Carré : après le
rachat de Dunkerque en 1662 et la conquête de Lille, Douai et Orchies en 1667,
il emporte Cambrai, Valenciennes et Saint-Omer en 1677, dernière place
espagnole en Artois. Il n’y a plus alors d’enclave ennemie dans la
frontière !
Le Prince d’Orange, à la tête des Provinces Unies, doit immédiatement
secourir la cité audomaroise. Il rassemble ses troupes près d’Ypres :
20.000 fantassins et 10.000 cavaliers suivent son étendard. Le 9 avril, il
cantonne à Saint-Marie-Cappel. Le lendemain, il décide de contourner Cassel par
l’Ouest, se rend à Bavinchove et Zuytpeene. Il dresse son campement entre ce
dernier village et Noordpeene. Le voilà donc à moins de deux kilomètres des
Français. Etabli sur la rive droite de la Peene Becque, il se prive d’une
possibilité de retraite mais il est difficile de ne pas trouver de rivière dans
cette partie de Flandre.
Le 10 avril à midi, son armée fait enfin face aux troupes
françaises menées par Monsieur, le frère du Roi, protégées par les marécages. Avant
toute chose, Le Prince d’Orange veut secourir Saint-Omer. Pour cela, il ordonne
à ses dragons de prendre l’abbaye de Peene mais il rencontre trop d’obstacles
et se trouve obligé de livrer bataille. Fort de ses 30.000 hommes, il
sous-estime le Prince d’Orléans…
A l’aube du 11 avril, au point du jour du dimanche des
Rameaux, ses troupes sont dans la plaine, empêchées de faire mouvement à cause de
la Lyncke, un simple ruisseau qui lui barre le passage. Comme si cela ne
suffisait pas, les terres gorgées d’eau par les pluies incessantes du printemps
ralentissent ses hommes. Ils pataugent littéralement ! Comme ce fut déjà
souvent le cas auparavant, l’eau, les watergangs et les marécages sont d’autant
d’acteurs inespérés qui bouleversent les plans de bataille.
Les Français prennent l’initiative.
Au début de l’après-midi, le Maréchal d’Humières mène l’attaque
à droite mais, malgré la résistance hollandaise, il pousse son infanterie alors
que le Maréchal de Luxembourg progresse à gauche. Les Français redoublent
d’ardeur et assaillent rudement les Coalisés pris en tenaille. Les assauts
furieux se répètent !
A la fin de l’après-midi, le champ de bataille,
couvert de corps, ne résonne plus que des râles des mourants et des blessés:
les Hollandais se sont enfuis vers Abeele et Poperinge… Ainsi, parce que
Guillaume d’Orange a surestimé ses forces, les Châtellenies de Cassel, de Bailleul
et d’Ypres achèvent de dessiner une frontière qui ne changera pratiquement plus
et qui offre la Flandre définitivement à la France.
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