lundi 18 novembre 2019

1677, la Flandre à la Peene


S’il n’y avait une Maison consacrée à la troisième bataille de Cassel à Nordpeene (sise 200, rue de la Mairie), bien peu de gens se souviendraient de cet affrontement majeur des guerres de Hollande qui se déroulent de 1672 à 1678.

Les Provinces-Unies, jeune République jalouse de ses libertés, redoutent l’extension française au Sud des Pays-Bas. La France veut protéger Paris car il n’est nul obstacle entre la capitale et les terres espagnoles de Flandre. Il faut faire reculer la frontière plus loin au nord. 
 
La position néerlandaise est claire : « Gallus amicus, sed non vicinus », le Gaulois ami mais non voisin ! Comme si cela ne suffisait pas, les Français engagent une guerre commerciale contre les Provinces-Unies et le conflit religieux entre catholiques français et Protestants néerlandais s’envenime… 
 
Il n’en faut pas plus pour qu’une coalition naisse, rassemblant les Provinces-Unies mais aussi le Saint-Empire Romain Germanique, l’Espagne, la Lorraine et le Danemark. La France est cernée et presque constamment en guerre.


Une bataille terrible
 
Louis XIV continue d’établir son Pré Carré : après le rachat de Dunkerque en 1662 et la conquête de Lille, Douai et Orchies en 1667, il emporte Cambrai, Valenciennes et Saint-Omer en 1677, dernière place espagnole en Artois. Il n’y a plus alors d’enclave ennemie dans la frontière ! 
 
Le Prince d’Orange, à la tête des Provinces Unies, doit immédiatement secourir la cité audomaroise. Il rassemble ses troupes près d’Ypres : 20.000 fantassins et 10.000 cavaliers suivent son étendard. Le 9 avril, il cantonne à Saint-Marie-Cappel. Le lendemain, il décide de contourner Cassel par l’Ouest, se rend à Bavinchove et Zuytpeene. Il dresse son campement entre ce dernier village et Noordpeene. Le voilà donc à moins de deux kilomètres des Français. Etabli sur la rive droite de la Peene Becque, il se prive d’une possibilité de retraite mais il est difficile de ne pas trouver de rivière dans cette partie de Flandre.
 
Le 10 avril à midi, son armée fait enfin face aux troupes françaises menées par Monsieur, le frère du Roi, protégées par les marécages. Avant toute chose, Le Prince d’Orange veut secourir Saint-Omer. Pour cela, il ordonne à ses dragons de prendre l’abbaye de Peene mais il rencontre trop d’obstacles et se trouve obligé de livrer bataille. Fort de ses 30.000 hommes, il sous-estime le Prince d’Orléans…
 
A l’aube du 11 avril, au point du jour du dimanche des Rameaux, ses troupes sont dans la plaine, empêchées de faire mouvement à cause de la Lyncke, un simple ruisseau qui lui barre le passage. Comme si cela ne suffisait pas, les terres gorgées d’eau par les pluies incessantes du printemps ralentissent ses hommes. Ils pataugent littéralement ! Comme ce fut déjà souvent le cas auparavant, l’eau, les watergangs et les marécages sont d’autant d’acteurs inespérés qui bouleversent les plans de bataille.

Les Français prennent l’initiative
 
Au début de l’après-midi, le Maréchal d’Humières mène l’attaque à droite mais, malgré la résistance hollandaise, il pousse son infanterie alors que le Maréchal de Luxembourg progresse à gauche. Les Français redoublent d’ardeur et assaillent rudement les Coalisés pris en tenaille. Les assauts furieux se répètent ! 
 
A la fin de l’après-midi, le champ de bataille, couvert de corps, ne résonne plus que des râles des mourants et des blessés: les Hollandais se sont enfuis vers Abeele et Poperinge… Ainsi, parce que Guillaume d’Orange a surestimé ses forces, les Châtellenies de Cassel, de Bailleul et d’Ypres achèvent de dessiner une frontière qui ne changera pratiquement plus et qui offre la Flandre définitivement à la France.

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