lundi 17 juin 2019

L'ORGANISATION DU SERVICE DES PESTIFERES A SAINT-OMER EN 1625


Par M. PAGART D’HERMANSART, secrétaire-général de la Société des Antiquaires de la Morinie, Saint-Omer, imprimerie et lithographie H.D’Homont, 1893.

On a déjà décrit les ravages causés par les différentes pestes qui sévirent à Saint-Omer pendant le moyen-âge et jusqu’à la fin du XVIIe siècle, mais on a moins insisté sur l’ensemble des mesures que prenait l’administration échevinale contre le fléau (voir Les Etablissements hospitaliers de Saint-Omer, par M.L. Deschamps de Pas, Saint-Omer, D’Homont, 1887, p. 351 et suiv. – La peste à Saint-Omer en 1597 et 1636, par M. l’abbé Bled, Arras, Laroche, 1892, in-12, 12 p.). Si pendant les premiers siècles où les épidémies eurent une violence excessive, bien des précautions étaient négligées, plus tard, le service des pestiférés se trouvait organisé avec un soin qui fait au honneur au Magistrat (on appelle ainsi en Flandre le corps municipal). Nous trouvons dans les archives communales notamment des détails précis sur les mesures administratives qui furent prises en 1625. La peste qui éclata cette année-là ne fut d’ailleurs ni une des plus terribles ni une des plus longues que la population ait eu à supporter, puisqu’elle ne dura guère que six mois.
 
Dès le milieu de l’année 1623, l’état sanitaire du Nord de la France était inquiétant, et l’échevinage de Saint-Omer prenait le 17 août une délibération portant : « pour obvier la maladie contagieuse qui règne de présent ès villes de Paris, Rouen, Dieppe, Beauvois, le tout au royaume de France, défense de n’admettre aucunes personnes ny marchandises provenans desditz lieux sous les peines etc. » (Registre aux délibérations du Magistrat Q commençant aux Roys 1621 et finissant au deuxième de janvier 1626, p. 85) Mais en 1625, le fléau s’était étendu et avait atteint Calais à quelques lieues de Saint-Omer, et c’est en vain que le Magistrat fit le 2 juin un règlement prohibant l’entrée de certaines marchandises venant de cette ville (Registre aux délibérations du Magistrat Q commençant aux Roys 1621 et finissant au deuxième de janvier 1626, p. 168), deux mois après, le faubourg du Haut-Pont fut envahi par la maladie, et le 8 août l’on reconnaît que deux ou trois enfants y étaient morts de la contagion l’avant-veille. Aussitôt l’échevinage prit les précautions nécessaires pour empêcher le fléau de s’étendre, et  pour organiser les secours tant à domicile que dans les établissements hospotaliers que possédait la ville.
 
Il fit le 20 août un accord avec un « porteur de corps morts pestiférés », nommé Nicolas Ruyde, qui fut chargé de conduire les malades à l’hôpital Saint-Adrien (C’était l’ancienne maison des Béguines, sur le bord de la rivière Sainte-Claire, qui fut affectée vers 1523 au traitement des pestiférés. Cet hôpital cessa d’exister vers 1750. Avant sa création, les malades étaient secourus à domicile, in Deschamps de Pas, op. cit.), où des sœurs les soignaient, et d’enterrer la nuit dans le cimetière de cet hôpital (ce cimetière derrière le couvent des béguines était un emplacement qui avait été acheté par le Magistrat vers 1523 pour en faire un cimetière pour les pestiférés. Il faisait partie de l’amante de Saint-Bertin en 1753 – in Bulletin hist. T. VIII, p 283. C’est aujourd’hui le marché aux bestiaux), « ou ailleurs en terre sainte, à une profondeur de quatre pieds pour le moings », ceux qui décéderaient de la contagion.
 
Autrefois la population avait eu à se plaindre de divers désordres commis par les frères scelle-broders chargés au quinzième siècle et pendant une partie du seizième, de soigner les pestiférés et d’enterrer leurs cadavres, et le Magistrat avait du les supprimer (Grand Registre en parchemin aux archives municipales, 23 décembre 1523, f. 147 v°, et Etablissements hospitaliers de Saint-Omer, déjà cité, pp. 353-354. Ces frères étaient de l’Ordre de Saint-Augustin.) Il eut soin de prévenir le retour de pareils scandales et il fit jurer au nouvel agent qu’il instituait, d’exercer ses fonctions « sans aulcunement prendre ou mésuser des biens qu’il trouvera ès maisons mortuaires ou aultres, ny pareillement aller ou converser en sa maison avex sa femme maisme ny ailleurs que ès lieux ou besoing sera pour l’estat du dit office ». De plus, on eut soin de choisir un homme marié, et cet usage persista lors des épidémies postérieures.
 
Quelque grande fut l’utilité d’enterrer rapidement les morts, l’enlèvement des cadavres ne pouvait avoir lieu « sans réquisition de la personne à qui ce poira toucher, ou ordonnance de la part de Messieurs du Magistrat. »
 
Le « porteur de corps morts pestiférés » devait recevoir de l’échevinage 18 florins par mois, plus 30 sous par inhumation, qui étaient aux frais des familles « ayant moïens » ; pour les pauvres la ville versait 15 sous. En outre, on lui donna de suite « pour denier à dieu » XXX s. et un demi-tonneau de forte bière. Il était tenu de loger dans « une chambrette », hors la porte du Brûle, vers le moulin de ma Mal-assise, et de porter un bâton rouge afin que chacun évitât de l’approcher ; à lui-même était imposée l’obligation de s’éloigner « en distance compétente » de tout habitant. Il lui était de plus interdit d’avoir communication avec qui que ce fût pendant six semaines après la cessation du fléau, et son salaire continuait à lui être payé pendant ce temps. Le règlement du 20 août prévut les cas où ce porteur de corps morts ne pourrait suffire à sa tâche, si par exemple, l’épidémie prenait une certaine gravité ; il porte en effet « Et si l’on commect encore aultres personnes ou dict office ou aultres choses en dépendant, icelluy Nicolas sera tenu l’assister et faire tous les debvoirs requis pour l’exécution de leur office de bonne foy ».
 
Si enfin, il venait à mourir dans le cours de ses pénibles fonctions, la veuve devait être assistée par la bourse commune ou la table des pauvres des églises (Les tables des pauvres étaient des institutions charitables annexées à chaque paroisse, gouvernées chacune par trois administrateurs annuels qu’on nommait tabliers. Ces établissements correspondaient assez exactement aux bourses économiques de ces jours. Le chapitre de la collégiale avait aussi sa table des pauvres).
 
Nicolas Ruyde n’exerça pas sans doute son office au gré du Magistrat car il fut remplacé presque de suite, le 26 août, par Guillaume Adrien et Anne Erson Robert, sa femme, et on l’obligea à « se tenir pendant six semaines en l’une des hobettes ou chambrettes estant hors la porte du brulle, vers le mollin de mal assise (Registre aux délibérations du Magistrat Q, f. 177)
 
On prescrivit aussi le 4 septembre « dès maintenant et pour l’advenir » de garnir les maisons des pestiférés « en haut de l’huys, par dehors, sur la rue, d’une barre de bois blanc » très apparente et les malades ne purent sortir sans porter « visiblement la blance verge », à peine de cinq florins d’amende (Registre aux délibérations du Magistrat Q, f. 180). On ne leur permettait de circuler dans la ville que de midi à deux heures et de deux heures à quatre les jours de marché ; l’entrée des églises leur était interdite et ils ne pouvaient entendre la messe les dimanches et fêtes que sur l’emplacement des cimetières, qui, on le sait, étaient alors autour des églises .
 
Le 4 septembre, un chirurgien de la ville, Georges du Maisnil, fut chargé d’assister « tous bourgeois et habitans qui sont ou poiront estre touchés » de la maladie contagieuse ; et un apothicaire lui fut adjoint pour lui livrer « ce qui sera besoing à la charge de la ville pour le regard des pauvres. » (Registre aux délibérations du Magistrat Q, f. 180).
 
Le chirurgien fuit logé près du jardin de Saint-Adrien, il eut quatre florins par jour dont le paiement devait lui être continué pendant « les quarante jours après que de la part de Messieurs luy sera déclaré que l’on le décharge de la sollicitude des infectez », et on lui avance de suite cent florins sur ses gages. On lui fournit en outre cent fagots, trois rasières de charbon et trois pierres de chandelles (La rasière équivalait à l’hectolitre 1/3 actuel. La pierre était tantôt de 4 livres ½ tantôt de 6 livres , suivant la marchandise pesée. La livre ancienne de Saint-Omer étant de 14 onces – Voir les Communautés d’arts et métiers, Saint-Omer, Fleury-Lemaire, 1879, p. 172, 174, 175). Et il fut exempt de « garde personnelle pour lui et ceulx de son maisnage, et de logement de soldats ». On lui accorda encore 20 florins, valeur d’une robe, et 20 autres pour denier à dieu « ou vin de ce présent accord ».
 
Il était tenu « de visiter oculairement, traictier et panser par ses mains tous malades infectez tant pauvres que riches ». Les bourgeois « ayant moïens » lui devaient 20 pattars pour chaque saignée, les « habitans médiocres, gens méchaniques vivant de leur travail et manœuvres » seulement dix pattars. « ne lui sera payé aultre chose » pour saigner les pauvres entretenus par les tables paroissiales, bourses communes et hôpitaux.
 
Moyennant le même salaire, il devait faire « visitation des corps morts réputés d’estre décédés du mal conttagieux touttefois qu’il en sera requis, ou que lui sera ordonné par messieurs du Magistrat ». Son salaire était fixé « selon la qualité des personnes, sçavoir XX s. pour les riches, X s. pour les médiocres et pour les pauvres rien. »
 
Il pouvait fournir « les emplastres, cataplasmes, applicatz et aultres medicamens » et s’en faire payer « raisonnablement » mais les malades étaient libres de les faire prendre à leurs dépens chez les apothicaires.
 
Les remèdes employés et en usage alors ne sont pas indiqués d’une manière précise, et l’échevinage n’en recommande aucun, ce sont des saignées, des emplâtres, cataplasmes « applicats et aultres médicamens qu’il conviendra », dont la composition n’est pas mentionnée.
 
Les « physiciens » ou médecins, même ceux attachés à la personne des princes qui avaient gouverné la Flandre et l’Artois, avaient en effet édicté vainement des prescriptions variées, en recommandant, comme moyen préventif l’usage du vin, des fruits aigres, d’infusion de surelle (c’est la petite oseille) dans du vinaigre, de la triacle ou thériaque, l’abstention de bains, etc. Le vinaigre était considéré comme un désinfectant, on conseillait d’en aspirer souvent et d’en user avec tous les remèdes. Lorsque le mal était déclaré, on ne connaissait guère que la saignée pratiquée à diverses parties du corps selon les circonstances et les organes atteints les premiers (Le tome X des Mémoires de la Société d’Emulation de Roubaix (année 1888) contient p.221 à 241 un intéressant chapitre sur la peste dans une étude intitulée les Médecins des pauvres et la santé publique en Flandre, par M. Alex. Faidherbe. Voir un mémoire inédit de Lantaret sur la peste de Digne en 1629 qui fit périr les neuf dixièmes de la population. C’est un morceau remarquable, au point de vue médical et littéraire, communiqué par M. Isnard, archiviste des Basses-Alpes, au Comité des travaux historiques et scientifiques (Bulletin historique et philologique, année 1891n n°1, p.40 et suiv.) Dans la collection des Documents inédits sur l’histoire de France, les lettres de Peiresc contiennent t.I, p. 728 et 741, t.II, p.176, des détails sérieux sur la peste qui sévit de 1629 à 1632 dans le Midi et qui désola la ville d’Aix). Mais ces remèdes n’avaient aucune efficacité, l’isolement des malades seul pouvait diminuer l’intensité du fléau (On comptait aussi beaucoup sur la gelée pour arrêter l’épidémie pendant l’hiver) et c’était la principale mesure que prescrivait l’échevinage. Des ordonnances relatives à la destruction par le feu ou à la vente et au colportage des hardes et vêtements des pestiférés morts complétait l’ensemble des moyens employés pour empêcher la propagation de la contagion.
 
Mais il ne suffisait pas d’édicter ces mesures, il fallait en assurer l’exécution : l’échevinage s’adjoignit deux bourgeois pour y veiller. Les sieurs Bulot et Thellier acceptèrent courageusement le 26 septembre la mission de visiter les maisons infectées et les hôpitaux et de rendre compte chaque jour au Magistrat de la situation de l’épidémie. Ils durent aussi faire sortir des hôpitaux les pauvres étrangers à la ville et de les faire conduire hors des portes (Registre aux délibérations du Magistrat Q, f. 182 v°) afin d’assurer des lits aux habitants malades et de concentrer tous les secours au profit d’eux seuls.
 
On demanda également deux religieuses de l’hôpital de l’escotterie au brulle « pour tenir leur demeure en lune des chambres de la maison de Saint-Adrien, pour y assister ceulx quy se y seront rethirez pour la contagion », et on fit « raccomoder deux petites maisons estants du pourpris du jardin de St Adrien afin de s’en servir pour ceulx quy y seront envoyez audit lieu pour la contagion (Registre aux délibérations du Magistrat Q, f. 182 v°). On réussit peut-être ainsi à enrayer le fléau, car la peste de 1625 ne fut pas très violente. Au mois de novembre, l’archiduchesse infante, gouverneur général des Pays-Bas (Isabelle-Claire-Eugénie, infante d’Espagne, devenue par le décès de l’archiduc Albert son mari, arrivé le 13 juillet 1621, gouverneur général des Pays-Bas au nom de Philippe IV)  ne craignit même pas de venir à Saint-Omer qu’elle quitta le 7. L’épidémie continua cependant, car l’échevinage décida le 24 novembre de faire le  4 du mois suivant « pourches pour les pauvres infectez… ès maisons des habitans » et il envoya vers l’évêque, le chapitre de Notre-Dame et l’abbé de Saint-Bertin pour les prier de « contribuer quelque chose audict effet » (Registre aux délibérations du Magistrat Q, f. 196 r°).
 
Ces mesures préventives, ces prescriptions sanitaires et la charité publique semblèrent avoir dominé complètement l’épidémie, puisque le 15 décembre, Messieurs autorisèrent le chirurgien commis aux pestiférés à commencer le lendemain la quarantaine à la suite de laquelle il pourrait reprendre la vie commune (Registre aux délibérations du Magistrat Q, f. 199 r°).
 
Toutefois cette décision fut un peu prématurée, car si le fléau sommeilla en quelque sorte pendant l’hiver, il se réveilla au printemps de 1626 ; les archives communales (le registre qui suit 1625 manque et nous n’avons pour guide que la table alphabétique des délibérations qui présente diverses obscurités dans sa rédaction sur le point qui nous occupe ici.) nous font savoir en effet qu’on dut nommer alors un nouveau chirurgien pour visiter et soigner les pestiférés, il eut 20 patars pour chaque visite. Il parût nécessaire d’isoler plus complètement les malades et on fit bâtir des cabanes dans les terrains communaux voisins de la ville afin de les y loger. A la fin de l’année, le couvent des Dominicains fut atteint, et on donna le 30 décembre à ces religieux une somme d’environ 150 florins pour les secourir. Les Pères Jésuites, qui avaient également assisté les pestiférés, reçurent également du Magistrat 300 florins pour les services qu’ils avaient rendus.
 
Le 27 janvier 1627 le chirurgien spécial fut libéré par l’échevinage de ses obligations. Mais comme celui de 1626, le printemps de 1627 vit un léger retour du fléau. Cela n’empêcha point le gouverneur général d’Artois de faire son entrée solennelle à Saint-Omer au mois de mai. Et la peste disparut enfin.
 
Mais ce ne fut pas la dernière épidémie que la ville eut à subir. La peste reparut dès le mois de juillet 1635 (Ms d’Haffrenghen n°878 à la Bibliothèque de Saint-Omer, t. I, p 221 v°), diminua un peu pendant l’hiver, puis reprit et devint terrible en 1636 (en août et septembre 1636, on fit venir de Dunkerque successivement deux chirurgiens pour le service des pestiférés : le Sr Pierre Vanderstraete et le Sr Jean Sago – in Ms d’Haffrenghen n°878 à la Bibliothèque de Saint-Omer, t. I, p 222. M. Deschamps dit que les « deux personnes employées à porter en terre les corps morts de la contagion étaient un ménage, mari et femme, que l’on payait exclusivement pour ce service, in Etablissements hospitaliers de Saint-Omer, p 360. (…) Le 12 octobre 1637, le porteur de corps morts pestiférés ayant achevé sa quarantaine, fit chanter une messe en musique en la chapelle Notre-Dame des Miracles, lui offrit un cierge de 12 à 15livres, fit célébrer à toutes les paroisses de la ville un service pour l’âme de ceux qu’il avait enterrés et versa 300 florins à la bourse des pauvres, in d’Haffrenghen, t.I., p.236) pour durer encore en 1637, et bien que le Magistrat eût mis en œuvre tous les moyens résultant de l’expérience acquise lors des précédentes contagions, ses efforts furent vains, treize mille personnes au moins furent victimes du fléau pendant ces deux années. Il faut encore signaler les pestes de 1638, 1644, 1667 et 1668.
 
En terminant cette petite notice, nous croyons pouvoir ajouter quelques mots pour indiquer d’une manière plus précise qu’on ne l’a fait jusqu’ici, quels étaient les saints invoqués contre la Peste dans le Nord de la France.
 
On sait quel était le dévouement des prêtres séculiers et des congrégations religieuses pendant les épidémies de peste, et on a vu que l’échevinage n’hésitait pas à y faire appel. Pendant la durée de la contagion pour implorer le ciel comme après sa cessation pour remercier Dieu, le clergé était dans l’usage de faire des prières publiques et d’ordonner des processions où l’on portait les châsses des saints patrons de la cité : Saint-Omer et Saint-Bertin, ainsi que la statue de Notre-Dame des Miracles. Toute la population et les magistrats s’associaient à ces manifestations. De plus, depuis 1426 jusqu’au milieu du siècle dernier, on célébrait chaque année, dans les principales églises de St-Omer, la veille de l’assomption, une messe dite de la cliquette , ainsi dénommée à cause de l’instrument que les convalescents, encore assujettis à une sorte de quarantaine, étaient tenus d’agiter afin qu’avertis par le bruit, les habitants qui les rencontraient ne les approchassent point. (Derhelms, Histoire de Saint-Omer. p. 612)
 
Mais dans les contrées du Nord de la France, le saint auquel était attribué le pouvoir d’apaiser et de détourner la peste était Saint-Adrien. A Saint-Omer aussi, son culte fut répandu durant le moyen-âge, et nous avons signalé le cimetière destiné à l’inhumation des personnes décédées de maladies contagieuses qui portait son nom (M. Albert Legrand, dans le Bulletin histor. des Antiq. de la Morinie, t. I, p. 46, dit ; « De nos jours, il existe encore dans l’ancienne cathédrale de Saint-Omer un triptyque représentant sur l’un de ses volets le glorieux martyr toujours dans le costume traditionnel que nous ont légué nos pères. » Saint-Adrien avait un autel dans l’église du Saint-Sépulcre – in Bull. hist., t. VIII, p. 419).
 
En outre, au XVIIe siècle, saint Charles Borromée, canonisé en 1610, et qui, lors de la peste de Milan en 1576, avait bravé l’épidémie et porté des secours et des consolations aux malades, fut aussi imploré contre la peste. Le 1er septembre 1636, on fit à Saint-Omer des processions générales autour des remparts de la ville pour obtenir la cessation de la contagion, et on y porta, outre diverses statues, celles de Saint-Charles-Borromée (Ms d’Haffringhes, déjà cité, t. I, p. 223, il mentionne « les images de N-D des Miracles, de N-D du Rosaire, de saint Charles Borromée, saint Roch, saint Sébastien, Saint Adrien, sainte Isbergues, les chefs de saint Bertin et saint Omer » et autres reliques).
 
D’autre part, il existait à Béthune en Artois, depuis la fin du XIIe siècle, une confrérie de Charitables de Saint-Eloi, qui avait pour but de soigner les pestiférés, de les ensevelir et de les porter au lieu de repos (Histoire de la confrérie des charitables de Saint-Eloi à Béthune depuis son origine 1188 jusqu’à nos jours, par G. Beghin, Béthune, David, 1882). Or, pendant la peste de 1668, « Monsieur Dessars, chanoine de la cathédrale de St-Omer », d’après un des registres aux délibérations du Magistrat, « at présenté de la part de la confrérie de St Eloy de Béthune, une médaille d’argent doré portant l’effigie dudit soin » (Reg EE, f 71 v° aux arch. municip. Délib du 12 avril) et à Messieurs du Magistrat de cette ville » et on décida plus tard que cette médaille serait portée par les échevins de Saint-Omer, commissaires pour la peste, à la procession et aux offices qui devaient avoir lieu le 12 juin « pour remercier Dieu de la délivrance de cette contagion, et y sera présenté une chandelle en offrande, avec laditte médaille à l’honneur dudit saint et de St Charles Boromé, grands patrons contre la peste » (Reg EE, f.75 v° aux arch. Municio. Délib du 9 juin).

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