In Claude Malbranke, « Guide de la Flandre et de l’Artois
mystérieux », 2e édition, éditions TCHOU, collection « les guides noirs »,
Paris, 1969, 479 pages, pp. 441-442
Templeuve pose un problème étymologique. Le mot templum, temple, apparait dans la
première partie du nom ; quant au suffixe ovium, d’origine archaïque, son sens demeure obscur (NDLR :
les historiens s’accordent depuis longtemps sur l’étymologie Templum Iovis, temple de Jupiter). C’est
pourquoi une légende, qui semble dénuée de fondement, a voulu voir dans ce nom
le souvenir d’un temple dédié à Jupiter ou à Bacchus.
Templeuve a été longtemps connu par ses sorciers. Le 10
novembre 1656, Marie de Navarre, femme Herbaut, une fermière fut arrêtée alors
qu’elle s’enfuyait vers Tournai. On l’accuse d’être sorcière, d’avoir
« adjuré Dieu, chresme et baptesme, d’avoir adhérence au Diable, d’avoir
assisté au sabbat au bois d’Hucquin, d’avoir tenu conseil avec d’autres sorcières
afin de faire mourir le sieur Adrien Fichelle ». Voici les témoins à
charge : Antoine Bonnier lui reproche de l’avoir ensorcelée en lui
« baillant un craquelin », Marguerite Dedans l’accuse de l’avoir
ensorcelée en lui portant un fromage pour sa part de nourriture aux soldats
qu’elle logeait ; Matthieu Rousseau lui reproche « de lui avoir fait
un tour » en le frappant ; Jeanne Devendeville l’accuse de l’avoir
ensorcelée en lui mettant « une baye ou jupe dessous sa tête pendant
qu’elle dormait » ; Isabeau Wochel se plaint que la sorcière ait
ensorcelé son fils « en lui baillant une pomme ». Le 16 décembre
1656, on la soumet à la torture et à la question ordinaire ; elle soutient
qu’elle n’est point sorcière et qu’elle n’a point commis les crimes qu’on lui
impute. Elle est condamnée à mort.
« D’autres malheureux, tels Jean d’Arras, Allard
d’Engremont, Sainte Vougier, etc., furent pendus et brûlés pour le même motif
dans la cour de ma ferme de Canchomprez ou sur la plaine des solières. On les
accuse d’empêcher le lait de se coaguler, les animaux de se reproduire, les
arbres de fructifier, en jetant ou en répandant une certaine poudre. On raconte
le soir à l’écrienne, que le berger Hocques avait été condamné aux galères pour
avoir fait périr, par le secret de sorcellerie, les bestiaux d’un fermier. Il
faut bien se rendre compte que, si quelqu’un avait osé mettre en doute
l’existence de la sorcellerie, il aurait été accusé d’y participer. » (C.
Carpentier, A l’ombre du vieux clocher,
1941)
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