LETTRES PATENTES DU
ROI
Qui confirment les Privilèges ci-devant accordés tant à la Ville, au
port, au Havre & aux Habitans de Dunkerque, qu’aux Négocians étrangers qui
viennent s’y établir
Du mois de février
1784
Registrées en la Cour
des Aides, le 19 mars 1784
LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI
DE FRANCE ET DE NAVARRE, A tous présentes & à venir, SALUT , Lorsque
Louis XIV eut acquis l’importante Ville de Dunkerque, il crut ne pouvoir mieux
faire, pour y appeler & y fixer le commerce, que d’accorder à son port
& à ses habitans les privilèges les plus étendus. Tel fut l’objet de
Lettres-Patentes qu’il fit expédier, les unes au mois de Novembre 1662, les autres le 16
février 1700. Fidèle au plan & aux vues élevées de ce Prince, sur les
traces duquel Nous faisons gloire de marcher, Nous balançons d’autant moins à
confirmer ces Privilèges, que les avantages inestimables qui en ont été la
suite, Nous apprennent quels heureux effets Nous devons en attendre dans les
circonstances présentes. A CES CAUSES, & autres à ce que Nous mouvant, de
l’avis de notre Conseil & de notre certaine science, pleine puissance et
autorité Royale, Nous avons maintenu & confirmé, & par ces Présentes,
signées de notre main, Nous maintenons et confirmons la Ville, le Port, le
havre et les habitans de Dunkerque dans leurs Loix, Coutumes & Usages,
ainsi que dans les Droits, Privilèges, Franchises & Exemptions dont ils ont
joui avant & depuis les Lettres-Patentes des mois de Novembre mil six cent
soixante-deux, & seize Février mil sept cent. Voulons que, conformément à
ce qui est porté par lesdites Lettres, tous Marchands, Négocians &
Trafiquans, de quelque Nation qu’ils soient, puissent aborder au Port de ladite
Ville, & y débarquer en toute sûreté, y décharger, vendre et débiter leurs
marchandises, acheter dans ladite Ville, & en tirer toutes celles que bon
leur semblera, enfin les charger & transporter sur leurs vaisseaux, sans
que lesdites marchandises, soit qu’ils les importent par mer dans lesdits Port,
Havre & Ville, soit qu’ils les en exportent de la même manière, puissent
être assujetties à des droits d’entrée ou de sortie, ni à aucuns autres droits,
de quelque nature qu’ils soient, & sous quelque dénomination qu’ils soient
connus, sans aucune exception ni réserve. Ordonnons toutefois que les
marchandises dont l’entrée & la consommation sont généralement prohibées
dans notre Royaume, & celles qu’il n’est permis d’y introduire que par
certains Ports, ne pourront entrer dans la Flandre ou dans les autres Pays,
Terres & Seigneuries de notre obéissance, par les Bureaux qui sont établis
aux portes de notre Ville de Dunkerque, du côté de la terre. Naturalisons tous
Marchands, Fabriquans et Négocians étrangers qui viendront s’établir &
habiter dans ladite Ville. Voulons en conséquence qu’ils jouissent des mêmes
privilèges, prérogatives, exemptions & avantages que nos naturels Sujets,
sans que, pour ce, ils soient tenus ni d’obtenir aucunes Lettres de Nous, ni de
Nous payer aucune finance, de quoi Nous les dispensons & déchargeons par ces
Présentes, soit qu’ils fixent pour toujours leur domicile en ladite Ville, soit
qu’ils s’y établissent seulement pour leur trafic ou négoce, à condition
toutefois qu’ils se conformeront exactement à nos Ordonnances sur le fait de la
Mer, & aux Statuts et Réglemens qui sont ou seront faits touchant leur
trafic ou négoce. Entendons que, dans le cas où ils y contreviendroient, ils
demeurent déchus desdits Privilèges. Dérogeons, à l’effet de tout ce que
dessus, mais pour ce regard seulement, & sans que cela puisse tirer à
conséquence, à tous les Edits, Ordonnances, Réglemens & autres choses à ce
contraires. SI DONNONS EN MANDEMENT à nos amés et féaux les gens tenant notre
Cour des Aides de Paris, & tous autres nos Officiers & Justiciers,
qu’il appartiendra, que ces Présentes ils aient à faire lire, publier et
registrer, & le contenu en icelles faire garder, observer & exécuter
ponctuellement. Car tel est notre plaisir. Et afin que ce soit chose ferme
& stable à toujours, Nous avons fait mettre notre scel à cesdites Présentes.
DONNE à Versailles, au mois de Février, l’an de grace mil sept cens
quatre-vingt-quatre, & de notre règne le dixième. Signé LOUIS, & plus bas,
par le Roi, signé le maréchal de ségur, Visa
HUE DE MIROMESNIL.
Registrées, ouï & ce requérant le Procureur Général du Roi, pour
être exécutées selon leur forme & teneur, imprimées, & copie
collationnée d’icelles envoyée au Siège des Traites de Dunkerque, pour y être
lues, publiées & registrées l’Audience tenant, enjoint au Substitut du
Procureur Général du Roi audit Siège s’y tenir la main, & de certifier la
Cour de ses diligences au mois. Fait à Paris, en la première Chambre de la Cour
des Aides, le dix-neuf Mars mil sept cent quatre-vingt-quatre. Collationné.
Signé, LE PRINCE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire