Au moment où la municipalité de Bergues peine à rassembler des fonds pour rénover le beffroi, petit retour sur ce symbole important dans les villes flamandes, partie intégrante de l'identité communale et dont l'actuel édifice fut inauguré par Paul Raynaud
In Sébastien Hamez : « Petites histoires de
beffrois », éd. La Voix du Nord, Lille, 2000, 104 p., pp 31-32
La beauté de l’ancien beffroi gothique de Bergues, reflet
d’un subtil équilibre des volumes et des formes acquis au fil des siècles,
n’eut sans doute pas d’équivalent dans l’histoire des beffrois.
Les ravages de la guerre n’ont malheureusement pas épargné
ce joyau de l’architecture civile. Incendié le 27 mai 1940 par les
bombardements allemands, il fut dynamité par l’occupant quatre ans plus tard.
Le beffroi actuel, pâle copie du précédent, n’est pourtant pas dépourvu d’une
certaine élégance.
Les Berguois ont obtenu leur première charte de franchises
en 1240, mais le beffroi n’a vraisemblablement été construit qu’après la prise
et l’incendie de la ville par les troupes du roi de France Charles VI, le 8
septembre 1383. Il ne prit en outre son aspect définitif qu’en 1627, lorsqu’une
lanterne octogonale couverte d’ardoises fut ajoutée au sommet de la tour. Elle
fut surmontée d’un bulbe en haut duquel tournait une girouette dorée en forme
de lion. A l’origine une seule cloche était suspendue dans le beffroi, celle du
Ben. Par la suite, une horloge fut installée et, par la même occasion, onze
clochettes dont les mesures furent consacrées à l’annonce de l’heure. Leur
nombre fut porté à vingt lors des travaux de construction du bulbe. En 1643, un
bourdon baptisé des Storm, la
Tempête, fut installée à côté de la cloche du Ben. Les 4.589 kg de font du
monstre sonnaient avec tellement d’entrain que le beffroi se lézarda. La tour,
réparée en 1782, resta isolée du centre de la Grand’Place jusqu’à la
construction en 1787, d’une logia et d’une halle, abritant le corps de garde et
la prison communale, ainsi qu’une boucherie au pied de la tour.
Les cloches du beffroi de Bergues, descendues en 1938 pour
être restaurées, restèrent à l’abri durant les hostilités mais se trouvèrent sans refuge à la fin de la
guerre, la tour ayant été dévastée. Le carillon fut refondu en 1961 par la fonderie
Pacard, à l’exception de 2 cloches de 1628 et de 3 cloches de 1880 qui furent
conservées. Il reçut douze petites
cloches supplémentaires en 1973. L’instrument, aujourd’hui composé de 50
cloches pour un poids de 6.174 kg, égrène chaque quart d’heure ses ritournelles
flamandes connues de tous les Berguois :
-
A l’heure : Reuze Lied (la chanson du Reuze)
-
Aux quart et au trois-quart : Moeder Porret (la Mère Poireau)
-
A la demi : Een Fraeye man (un mari complaisant)
Le beffroi et la halle ont été reconstruits entre juin 1952
et mars 1961, sous la direction de Paul Gélis. La tour actuelle, haute de 54
mètres, reprend avec un ornement simplifié les grands traits de l’édifice
précédent, notamment l’emploi caractéristique de la brique de sable jaune. Les
petites arcades gothiques aveugles qui ornaient les côtés de la tour et
faisaient le charme de l’édifice ont malheureusement disparu.
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