Sur une petite place, guère éloignée du cœur de la ville de
Bruges se dresse une statue de Hans Memling, peintre primitif flamand né à
Seligenstadt en Allemagne vers 1435-1440 et mort à Bruges en 1494.
Il est l'un des plus grands représentants de la peinture
brugeoise du XVe siècle, aux côtés de Jan van Eyck, bien plus connu du grand
public, de Petrus Christus et de Gérard David, tous de l'école des peintres
primitifs flamands. Peintre majeur et prolifique, force est cependant de
constater qu’il subsiste bien des zones d’ombres sur sa vie, ce qui oblige
« malheureusement » à user du conditionnel pour bien des faits.
Hans Memling naît à Seligenstadt, situé à 20 km environ au
sud-est de Francfort-sur-le-Main. L’on ne sait la date exacte de sa naissance, vraisemblablement
vers 1431 ou vers 1435-1402. Ses parents décèdent en 1450 ou 1451, probablement
victimes d'une épidémie de peste. Il est possible que Memling ait reçu une
formation intellectuelle et artisanale dans l'abbaye bénédictine voisine, où il
a pu voir les tableaux, manuscrits et autres objets artistiques du patrimoine
de l'abbaye. Dans la région, il y avait un peintre actif dont Memling aurait pu
voir les œuvres. Ce peintre, dont on ne connaît pas le nom, est appelé le
Maître de la Passion de Darmstadt. Les artistes de l’époque sont aussi des
voyageurs et que les sources d’inspiration ne manquent pas, au gré des visites
d’ateliers et des voyages préparatoires aux commandes.
Il semble qu'avant de
venir aux Pays-Bas, Hans Memling ait séjourné à Cologne. Il y a étudié les
œuvres de Stefan Lochner, le plus célèbre peintre dont certains thèmes se
retrouvent, transposés dans ses propres créations dans les formes flamandes de
la Renaissance. De Cologne, Memling travaille quelques temps à Bruxelles, dans l’atelier
de Rogier van der Weyden, peintre emblématique de la Renaissance flamande, et
dont on peut affirmer sans crainte qu’il fut le véritable maître de Memling…
L’on sait d’ailleurs qu’il participa à la réalisation de quelques œuvres du
peintre bruxellois. Quel fut réellement son statut ? Il semble acquis
qu’il ait travaillé comme assistant, lui permettant par la même occasion de se
perfectionner. La position alors occupée est d’importance car les maîtres
bruxellois ne pouvaient avoir qu’un seul assistant. La technique employée par
Memling autant dans la préparation des ébauches, esquisses que dans la
réalisation de ses tableaux ne peut avoir été qu’apprise par un travail réel,
par un enseignement direct et non par une simple observation…
Memling n'ouvre son propre atelier qu'après la mort de
Rogier van der Weyden en juin 1464. Déjà les similitudes entre les œuvres et
les techniques employées sont nombreuses entre les deux artistes.
Progressivement, il s'inspire de modèles que lui fournissent ses précurseurs à
Bruges, Jan van Eyck et Petrus Christus, s’affranchissant quelque peu de son
mentor.
L’on pourrait se poser la question du choix de Bruges…
Pourtant il n’est pas étonnant car la ville sillonnée de canaux, avec son port,
est une ville de premier plan dans les possessions des Ducs de Bourgogne. Au
XVe siècle, c’est une plaque tournante du commerce et de la finance où
s'établissent de nombreux négociants et artisans de toutes nationalités. La
cité cosmopolite et prospère, riche, lieu de passage obligé pour qui commerce
en Europe, la rend particulièrement attrayante pour les métiers liés à la
fabrication de produits de luxe, donc également pour les peintres. Memling
n'est donc pas un cas isolé, bien au contraire. Presque tous les représentants
considérés comme typiques de la peinture brugeoise sont d'origine extérieure.
Les peintres étrangers représentent plus de la moitié des artistes enregistrés
dans le registre de la corporation à Bruges.
Le plus ancien document où figure le nom de Hans Memling
date de 1465. Le 30 janvier de cette année-là, le peintre acquiert le droit de
bourgeoisie de Bruges, contre le paiement de 24 sous de gros - montant qui
correspondait plus ou moins à un mois de salaire d'un artisan. Tout étranger
désirant exercer un métier à Bruges devait détenir le droit de bourgeoisie qui
pouvait s'acquérir par mariage, après un séjour d'une année à Bruges ou en
payant une certaine somme. C'est cette dernière solution qu'adopte Memling,
mais ne fut pas inscrit dans le registre de la guilde des peintres bourgeois et
ne remplit aucune fonction administrative. Cela indique qu'il jouissait d'une
position privilégiée. L'année suivante, en 1466, Memling loue une grande maison
de pierre dans la Sint-Jorisstraat qu'il achètera en 1480. C'est un quartier qui
abrite, jusqu'à la fin du XVIe siècle, peintres et miniaturistes. Il épousa
Anna de Valkenaere dont il eut trois enfants.
Environ cent pièces de Memling sont connues, qui sont
attribuées à lui ou à son atelier. Elles comportent des retables, des représentations
de la Vierge, et une importante galerie de portraits, faisant de lui un artiste
majeur de la renaissance flamande.
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