Flandres, Artois, Hainaut, trois noms qui se partagent entre les
départements du Nord et du Pas-de-Calais et dont la simple évocation rappelle
l’existence d’une frontière. Dans l'esprit des Français, nous marquons vraiment la fin du territoire, le "bout du monde" plus d'ailleurs qu'une étape décisive dans la constitution de l'espace national... Le Nord, presque une destination mythique... Pour les habitants de nos contrées, nous qui étions des méridionaux, beaucoup de choses, assez rapidement, changèrent...
Provinces méridionales
des Etats Bourguignons, Flandres, Artois et Hainaut deviennent par la force des armes et la
négociation des traités le nord du royaume de France. Leur possession est de la plus
haute importance. Les Français n’ont de cesse d’en disputer la souveraineté aux
Bourguignons puis aux Espagnols, plus de deux siècles durant. Les motivations sont assez simples à comprendre. Ces terres sont
riches, fertiles, peuplées. Les artisans jouissent d’une grande renommée. Dans
les campagnes aux terres lourdes, les paysans innovent et leur savoir-faire
transforme les champs en jardin. L'on dit d'ailleurs que les paysans de ces contrées sont riches : ils peuvent mettre du beurre sur leur pain! C'est dire si la productivité est élevée! Quant aux seigneurs, leurs libéralités ont
permis l’essor du commerce, les drapiers de Flandre vendent leurs produits à
travers l’Europe. Les villes se muent déjà en ateliers, et ce bien avant la "Révolution Industrielle". Certaines villes sont connues dans le monde entier comme Hondschoote, capitale mondiale de la Sayetterie. Les familles de négociants ont tissé des liens à l'échelle de l'Europe et les relations avec les banquiers, la place sur les réseaux des foires européennes ont favorisé le commerce... A tout cela s'ajoutent des routes nombreuses, des voies navigables pratiques et entretenues, tout concourt à la richesse. Ce sont autant de raisons expliquant leur attrait.
Puis il faut bien ajouter que l'esprit "protestant" n'est pas étranger à cette fortune. Non, l'argent n'est pas tabou, les affaires ne sont pas honteuses et ceux qui détiennent les leviers de la fortune ne les font pas reposer sur les seuls revenus de la terre et des fermages. Dans ces régions, les gens sont pragmatiques, tout simplement ! La noblesse ne vit pas retirée dans ses châteaux en campagne, au contraire, ils les délaissent la plupart du temps car ils ne résistent pas aux charmes de la ville.
le leitmotiv français : briser le «chemin de ronde des Habsbourg»!
La politique
d’acquisition mise en œuvre par la France a pour objectif immédiat de briser le
«chemin de ronde des Habsbourg», cet ensemble de principautés et de royaumes
qui cerne la France. Passés entre les mains des Rois d’Espagne, les vastes et
riches Etats Bourguignons augmentent considérablement la menace qui pèse sur le
royaume des Bourbon. En effet, l’Artois, entré dans les biens de la Bourgogne
en 1369, passe à la France en 1477 sous le règne de Louis XI mais est abandonné
aux Habsbourg en 1493. La Paix conclue en 1529 soustrait la Flandre et l’Artois
à la suzeraineté du roi de France. Un «empire» continental se forme au grand
dam de la France. Elle n'a pas d'échappatoire car bien que dotée de deux façades maritimes, elle n'est pas tentée par la mer. Sa puissance, elle ne la conçoit que terrestre, aussi il est impérieux de desserrer l'étau. On ne peut ou ne veut aller voir plus loin, outre-mer et donc on ne conçoit la défense (et l'économie) qu'en repoussant sans cesse les frontières terrestres.
Prise en tenaille avec
deux fronts possibles, la France est perpétuellement soumise au péril d’une
invasion. Dans son duel avec Charles Quint, François Ier s’appuie au nord-ouest
sur Montreuil et Thérouanne, au nord-est, dans la région entre Sambre et
Escaut, sur Landrecies, Bouchain et Valenciennes. Sa ligne essentielle de
places fortifiées, compte tenu de la possession de l’Artois et du Hainaut par
les Habsbourg, prend appui sur Thérouanne puis sur l’Authie avec Doullens,
qu’il relie à l’Oise à Guise, au Catelet à la source de l’Escaut et à celle de
la Sambre à La Capelle. Lors du conflit de 1543, sa première ligne repose sur
Le Cateau, Bois-l’Evêque, Landrecies, perpétuel objet de combats et de
modernisations, Avesnes et la forêt de Trélon, en deuxième sur l’Oise par
Guise, La Capelle et la forêt de Saint-Michel. Ce fut Charles Quint qui prit et
renforça Landrecies, fit raser Le Cateau et construisit une citadelle à Cambrai
sur l’Escaut. En 1557, la défaite de Saint-Quentin qui livrait le seuil du
Vermandois et ouvrait la route de Paris, complétée par le traité du Cateau en
1559, ramène la France à organiser son repli sur l’Oise à La Fère et sur la
ligne de la Somme. Profondément marqué par les invasions de 1594, 1595 et 1597
entre La Capelle, Doullens et Amiens, le roi Henri IV fit œuvrer l’ingénieur
Errard, lequel construisit la citadelle d’Amiens et aménagea Abbeville, Le
Catelet, La Fère et Laon.
La situation s’aggrave
lors de la Guerre de Trente ans. La France n'intervient que très tardivement dans ce conflit de dimension européenne. Elle n'est pas concernée au premier chef, puis, de toute façon elle n'est pas prête mais son entrée en lice est marquée par des débuts difficiles, catastrophiques même! Louis XIII doit faire face simultanément à la
défaite de ses troupes, aux invasions espagnoles de Saint-Jean-de-Luz et des
Iles de Lérins mais surtout à la menace des Tercios de Flandre sur la Picardie. Les régiments de piquiers espagnols sont redoutables et efficaces.
La ligne de la Somme demeurant faible à Saint-Quentin, le cardinal Richelieu
fait renforcer Abbeville, Corbie, Péronne, Saint-Quentin et Guise sur l’Oise
mais Corbie est prise le 7 août 1636... Les Espagnols, forts de ce succès,
pillent la Picardie jusqu’aux rives de l’Oise. Une prise qui met les portes de
Paris à portée de main.
Les affaires évoluent
cependant favorablement pour les Français, dont les troupes pénètrent en
Artois. Sur le front des Pays-Bas, la guerre est une guerre de siège. Il faut ravir les places une à une. Hesdin est
conquise en 1639. Arras est prise le 9 août 1640. L’année suivante, Bapaume est
enlevée. Les Français, lentement, prennent pied au nord. Les défaites
espagnoles sur mer comme dans le reste de l’Europe ne peuvent que préparer la
voie à des conquêtes plus importantes encore.
Mettre sur pied le boulevard de France
Pour l’heure, défendre
Paris est une impérieuse nécessité : «L’acquisition
des Pays-Bas Espagnols formerait à la ville de Paris un boulevard inexpugnable
et ce serait alors véritablement que l’on pourrait l’appeler le cœur de la
France et qu’il serait placé dans l’endroit le plus sûr du royaume, puisque
l’on aurait étendu les frontières jusqu’à la Hollande et du côté de
l’Allemagne...» (instructions données aux plénipotentiaires envoyés à
Munster). Mazarin, qui a remplacé
Richelieu, scelle l’avenir des provinces septentrionales dès 1646. Le souvenir
du traumatisme provoqué à Paris par «l’année de Corbie» est alors encore
d’actualité. C'est qu'à l'annonce de l'irruption des Espagnols dans cette petite ville de la Somme, Paris panique, tout ce qui peut embarquer dans les charettes et carrosses vers Chartres et Orléans est emmené hors de la capitale. Soudainement l'on prend conscience - autant dans la population que chez les "décideurs" - que le roi est "nu"... Rien ne peut entraver la marche de l'ennemi sur la cpaitale!
C’est cet épisode qui détermine définitivement Richelieu à
poursuivre la guerre contre l’Espagne pour s’emparer des Pays-Bas du Sud et
faire un boulevard - une ligne fortifiée - contre les Habsbourg. L’ingénieur De
Ville modernise Landrecies, recouvrée momentanément de 1637 à 1647 et qui,
appuyée sur Le Catelet, Bapaume, Arras, Hesdin, protège le seuil du Vermandois.
En 1650, la ligne française s'arc-boutait plus ou moins correctement sur
Béthune, Lens, Arras et Bapaume, suivant relativement le seuil du Vermandois et
la ligne de la Somme. En face, les Espagnols s'appuient sur la Sambre,
l'Escaut, l’Ecaillon, la Scarpe, Maubeuge, Landrecies, Le Quesnoy, Bouchain,
Cambrai, et Douai. Les conflits des années suivantes eurent pour objet la prise
de ces sites fortifiés. Turenne y affronta bien souvent Condé, passé aux
Habsbourg.
Si les Traités de
Westphalie de 1648 mettent fin au conflit entamé à Prague en 1618, ils n’en
éloignent pas pour autant le danger qui pèse sur les frontières de la France.
Le royaume reste assiégé par ses voisins. Les Habsbourg de Madrid sont
souverains des Pays-Bas Espagnols et veillent sur deux frontières car la
Méditerranée reste leur domaine privilégié puisqu’ils possèdent aussi le
Royaume de Naples. La Sardaigne et la Sicile sont, qui plus est, entre leurs
mains. Quant aux Habsbourg d’Autriche, leurs positions en Europe centrale ne
sont disputées que par l’avancée de l’Empire Ottoman. Cette guerre contre les
Turcs ne doit cependant pas masquer l’importance de leurs possessions sur les
marges orientales du royaume français: Brisach, le landgraviat de la Haute et
Basse Alsace, Haguenau, Colmar, Selestat, Wissembourg, Landau, Obernai,
Rosheim, Munster, Turckheim, pour ne citer que les plus significatifs. La
menace qui pèse sur nos frontières est omniprésente.
Sceller une frontière perméable
Pour la frontière
septentrionale, la pression est d’autant plus forte que les Français ne sont
jamais assurés de la stabilité des alliances qu’ils concluent. Versatiles, les
alliés d’un jour sont souvent les ennemis de demain. Le mariage n’est même pas
une garantie, la solution pour sécuriser la frontière du nord vient encore des
armes. La Fronde contre le jeune Louis XIV sonne le tocsin. Ces troubles traumatisent
le jeune Louis à plus d’un titre. Si ce n’est d’avoir été contraint à coucher
sur la paille à Saint-Germain, c’est surtout la trahison de quelques nobles de
haute-naissance qui le blesse profondément. L’occasion donnée aux Espagnols est
ici trop belle. Ceux-ci, isolés et affaiblis par les efforts consentis lors de
la Guerre de Trente Ans fournissent aide et soutien à nombre de Princes
révoltés. Turenne et Condé trouvent quelque avantage à traiter avec Madrid.
Cependant, il faut que le jeune Louis attende que les conditions lui soient
favorables. L’Angleterre, retrouvant sa place dans le concert des nations,
cherche à consolider sa nouvelle position en s'alliant au plus offrant. Ainsi,
en dépit des promesses de Philippe IV d’Espagne, Cromwell conclut avec la
France un traité d’amitié en échange de la cession de Dunkerque puis rompt ses
relations avec Madrid. En 1657, Turenne porte enfin la guerre en Flandre, y
entre à la tête de ses armées et met le siège devant Dunkerque. Finalement,
Turenne bat l’armée espagnole, conduite par Condé et Don Juan d’Autriche, fils
naturel de Philippe IV, à la bataille des Dunes le 14 juin 1658. Dunkerque
capitule. Conformément aux accords initiaux, la ville est donnée aux Anglais
après une entrée triomphale de Louis XIV le 25 juin. Les villes voisines
tombent une à une: Bergues se rend le premier juillet, Gravelines le 27 août...
L’Espagne capitule.
A la suite de ces
victoires, deux décisions importantes sont prises: le Traité des Pyrénées est
négocié et finalement paraphé le 7 novembre 1659 et l’on conclut le mariage du
jeune Louis avec l’Infante d’Espagne.
En ce qui concerne les
terres septentrionales, la négociation est simple. L’Artois revient en grande
partie à la France, certes amputé des villes de Saint-Omer et d’Aire-sur-la Lys
mais accru des flamandes Bourbourg, Gravelines et Saint-Venant. A celles-ci
s’ajoutent les terres comprises entre le Quesnoy et Avesnes-sur-Helpe. Le
traité porte les germes des prétentions françaises sur les terres au voisinage
de l’Artois. Les deux comtés de Flandre et de Hainaut sont lentement grignotés
par Louis XIV. Les clauses du Traité des Pyrénées lui en ayant ouvert les
portes, sa conquête ne peut que se
poursuivre.
La mort de Mazarin
laisse au jeune Louis XIV les mains totalement libres pour mener à terme sa
politique d’acquisition. Il rachète aux Anglais pour 5 millions de livres la
ville de Dunkerque afin de garantir un port supplémentaire face aux Anglais et
aux Hollandais qui prétendent tenir les mers,
La guerre de dévolution ou l'habile pretexte des affaires maritales
Le 17 septembre 1665,
Philippe IV d’Espagne décède. Un enfant chétif et malingre de quatre ans, Charles II, lui
succède. C’est au nom des intérêts et des droits de son épouse l’infante
Marie-Thérèse, qu’il entre en Flandre à la tête de ses troupes, alléguant le
droit de dévolution, coutume du Brabant qui permet d’attribuer tous les biens
d’un défunt aux enfants d’un premier lit. La Guerre de Dévolution est une
campagne fulgurante. Retardée par seconde guerre anglo-hollandaise, l’attaque
française est mise en œuvre en quelques mois. La prise de Lille en septembre
1667 est le point d’orgue d’une campagne exemplaire. Les châtellenies de Lille,
de Douai et d’Orchies passent définitivement à la France. La Flandre Gallicane,
francophone, n’est plus sous souveraineté espagnole. Dunkerque a été rachetée
cinq ans auparavant, achever la conquête n’est plus qu’une question de temps.
Avec 50.000 hommes contre 20.000 Espagnols, la lutte est brève. Trois mois
suffisent à enlever les places fortes qui souvent ouvrent leurs portes comme à
Bergues.
Des hommes de valeur
sont alors au service du jeune monarque, certains même sont remarqués. Vauban,
à peine âgé de 35 ans prend Tournai en un jour. Cet ancien officier du rebelle
Condé dirige le siège d’Ath malgré les blessures que le feu ennemi lui inflige.
Il n’a guère de mal à s’imposer dans l’entourage du roi pour mettre en avant
ses idées sur la manière de rendre imprenable cette région nouvellement acquise
et dont le traité d’Aix-la-Chapelle, l’année suivante, confirme la possession.
Ce n’est pas un territoire en tant que tel qui est cédé au vainqueur mais une
suite de douze places fortes avec leurs dépendances: Furnes, Bergues,
Armentières, Menin, Lille, Douai, Courtrai, Audenarde, Tournai, Ath, Binche et
Charleroi passent sous l’autorité des Bourbon. Ce n’est pourtant là qu’une
étape dans l’annexion des Pays-Bas du Sud.
Une décennie plus tard,
alors que la guerre bat son plein sur le Rhin, les combats se portent encore au
nord du royaume, vers les Pays-Bas Espagnols. L’une après l’autre, les places
fortes tombent dans l’escarcelle française: Liège en 1675, Condé et Bouchain en
1676, Valenciennes, Saint-Omer et Cambrai en 1677. L’occupation du terrain est
systématique. Ces victoires précipitent les pourparlers de Nimègue où les négociations
traînent depuis 1675. Des trois traités signés avec les puissances
belligérantes, c’est encore l’Espagne qui paie le plus fort tribut. Pour prix
de la concorde rétablie, Madrid doit consentir à abandonner aux Français la
Franche-Comté sauvée à Aix-la-Chapelle, ses dernières villes d’Artois, le
Cambraisis, les bailliages d’Ypres et de Cassel et le Hainaut avec les villes
de Bouchain, Valenciennes, Condé et Maubeuge. En échange, elle reçoit des
places de second rang devenues inutiles.
A ces gains français, il
faut encore ajouter Gand et Ypres en 1678. Par ces traités, la France établit
surtout une frontière linéaire, homogène, dont les saillants espagnols ont
disparu. Ces nouvelles données permettent à Vauban de proposer la mise en œuvre
du «pré carré», c’est-à-dire une double ligne de places fortes chacune courant
de la mer du Nord à la Meuse pour fermer un territoire où les obstacles
naturels manquent cruellement. La défense du royaume, pour le mettre enfin en
sûreté, doit être confiée à une «ceinture de fer».
C’est bien une nouvelle
carte de France qui se dessine devant les yeux du dynaste.
Une conquête à confirmer dans les cœurs
Si la conquête militaire est fulgurante, se faire accepter des nouveaux
sujets est moins facile. En Flandre notamment, les négociants et autres
bourgeois craignent légitimement que le changement de souveraineté ne les coupe
des débouchés aux Provinces-Unies. De
plus, l’arrivée des troupes ravive le souvenir des guerres précédentes, des
pillages et des villes incendiées.
Surtout, grâce aux
efforts des Habsbourg pour contrer la Réforme et les idées luthériennes dont
les tenants furent très actifs dans la région, la religion catholique a été
restaurée dans les Pays-Bas du Sud. Elle y est profondément ancrée... Pour
nombre de Flamands, Louis XIV est un roi très chrétien pas très catholique car,
dans les limites de son royaume, il protège les Protestants, du moins jusqu’à
l’édit de Fontainebleau en 1685, mais tout en attaquant les possessions des
Habsbourg d’Espagne au moment même où les Habsbourg d’Autriche, représentant le
ferme rempart de la Chrétienté, se heurtent aux Turcs.
Autre motif de
suspicion, l’administration française qui accumule maladresses et autoritarisme
au moment où la crise économique connaît un regain, en portant atteinte aux
privilèges locaux, aux libertés et à nombre de libéralités fiscales. Les
Intendants, dans les généralités nouvellement créées entravent la liberté
d’enseigner, gênent le commerce par l’installation de bureaux de douanes. Enfin
dans les villes, la présence de la troupe est perçue comme un danger.
L’habitude de les loger chez l’habitant n’amène que promiscuité et gêne. La
troupe n’est pas réellement bienvenue et l’on discute de l’opportunité du
regroupement des troupes dans des casernes... permettant de les réunir en cas
d’attaque comme pour les protéger des émotions populaires.
En 1699, Vauban incite à
la prudence. Dans son mémoire sur l’Etat des villes de la châtellenie de
Lille par rapport à l’attaque et la défense, il remarque avec une certaine
lucidité «Quand on ne donnera pas
atteinte à leurs privilèges, qu’on ne les exposera point à la discrétion des
fermiers et des traitants, pires que des loups à leur égard; qu’on ne les
surchargera point; qu’on leur donnera part aux emplois de police et de
finances; que les bénéfices de ce même pays, qui sont presque tous bons, ne
seront pas toujours donnés à des Français, comme ils le sont aujourd’hui... En
un mot quand on les traitera en bons sujets, comme les Espagnols les ont
traités, il ne faut pas douter qu’ils oublient
leur ancien maître et qu’ils ne deviennent de très bons Français, leurs
mœurs et leur naturel convenant beaucoup mieux avec les nôtres qu’avec ceux des
Espagnols.»
Petit
à petit, institutions flamandes et espagnoles sont francisées, remplacées,
adaptées à la mode française avec Parlement, Intendants, etc.... L’intégration
au royaume achève de s'accomplir avec la fin du règne de Louis XIV, lors de la
guerre de Succession d’Espagne.
Un fin de règne douloureuse
L’astre pourtant
décline. La fin du règne du roi de France et de Navarre est bien moins
brillante que les victoires de sa jeunesse. La Ligue d’Augsbourg qui se
constitue rassemble bientôt l’ensemble des cours européennes contre lui et la
supériorité de ses armées est discutée. Il n’est que la ceinture de fer de
Vauban qui préserve encore le royaume de ses ennemis. La guerre de la Ligue
d’Augsbourg qui se résoud par la paix de Ryswick en 1697 l’oblige à rendre une
partie de ses dernières conquêtes. Au nord, il faut se séparer des villes de
Courtrai, de Mons, d’Ath, de Charleroi pour les rétrocéder aux Espagnols. En
scellant cette paix, le royaume retrouve les frontières de la paix de Nimègue.
La guerre de Succession
d’Espagne corrige encore la frontière. L’Europe attendait la mort de Charles II
depuis 1665. Le problème devait enfin se régler à partir de 1701. Bien qu’au
nord, les troupes françaises résistent en s’appuyant sur les places fortes de
Vauban, le Prince Eugène de Savoie bouleverse la stratégie française. Prenant
la ville fortifiée du Quesnoy, il assiège Landrecies et menace la vallée de
l’Oise. La situation est cependant rétablie par Villars qui coupe le Prince
Eugène de ses arrières à Denain le 24 juillet 1712, offrant aux Français
l’opportunité de négocier des conditions honorables.
La paix d’Utrecht,
signée en 1713, consacre l’existence d’une nouvelle géopolitique européenne,
dans laquelle la puissance espagnole est enfin démembrée. Les gains
territoriaux les plus récents de Louis XIV sont perdus mais les places fortes
gagnées à Aix-la-Chapelle servent à tracer une nouvelle frontière qui ne change
d’ailleurs plus par la suite.
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