Deux éclats blancs de 10 secondes percent la nuit, les
pinceaux de lumières se voient à 50 milles, environ 50 kilomètres, à la ronde…
la solitude du gardien de phare?
Le phare du Risban est un précieux guide pour les marins. A l’origine, les
lieux accueillaient le fort construit par Vauban, détruit comme le reste des
fortifications à la paix d’Utrecht. Un fanal signale le port depuis 1683 mais
une tempête en 1825 a raison de lui. Immédiatement, on lui trouve un remplaçant
: le Leughenaer assure la relève. La solution est loin d’être idéale. La tour, assez
basse, manque en visibilité et la lanterne n’est pas des plus fiables. Il faut
un phare à Dunkerque ! Il est édifié
en 1842 et fonctionne l’année suivante. Initialement prévu à la place de la vieille
tour bourguignonne, les travaux portuaires obligent les architectes à lui
trouver un nouvel emplacement : ce sera donc à 300 mètres de nouvelles
jetées, que l’on vient justement d’allonger. Le fonctionnement d’un phare nécessite
une attention constante. Il faut veiller à l’alimenter en huile végétale pour
que la flamme brille. A partir de 1875, on la remplace par de l’huile minérale
pour enfin électrifier la lanterne en 1883.
Pour un gardien de phare, Le Risban est alors un avant-goût
de paradis, loin de l’isolement des phares perdus en mer ou plantés sur des îles
ou de servir sur un bateau-feu, immobile et isolé en cas de coup dur. Presqu’en
centre-ville, comme à Calais, la solitude du gardien de phare apparaît comme
plus supportable. La tour cylindrique de 3,90 mètres de diamètre repose sur un bâtiment
rectangulaire qui abrite les deux logements et les ateliers. De plus, le phare
disposait à l’origine d’un petit jardin. L’ensemble fait tout de même 63 mètres
de haut, ce qui en fait le phare le plus haut de sa catégorie. Un escalier de
276 marches sans halte possible offre l’accès à la lanterne… mais depuis son
sommet, c’est une vue sur le large, la vie et les Flandres qui s’offre au
regard. Comme le reste du port, le phare a été mis à rude épreuve par les
combats de la dernière guerre. Les travaux de restauration commencent dès 1946.
Automatisé depuis 1985, il subit une cure de jouvence en 1992 pour finalement
être classé Monument Historique à la fin de 2010. La haute tour blanche semble
être installée depuis toujours dans le paysage.
Sur un musoir comme une étrave dans la mer
Plus loin, à l’extrémité de la jetée ouest se dresse le feu
de Saint-Pol… Haut seulement de 36 mètres, il signale l’entrée du port par deux
éclats verts toutes les six secondes. Edifié en 1937-1938 par l’architecte Umbdenstock,
il est le seul phare Art déco de nos côtes. Le fut de briques, dont l’émail
blanc est parti avec les années, est interrompu par trois coupoles renversées
qui servent de pare-soleil aux feux disposés autour du phare pour réguler la
circulation. Au dessus d’elle, des corbeaux ressemblant à des mâchicoulis
donnent un air de donjon à la partie supérieure, elle même percée de
meurtrières. Umbdendstock à mis un soin particulier à la décoration du sommet.
Le dôme de cuivre qui surmonte le feu est décoré d’une frise de métal découpé
et des gargouilles noires en têtes de lion complètent le décor. Par les jours
de gros temps, il était possible de rejoindre le feu par un souterrain ménagé
dans la jetée mais le tunnel a finalement été muré. Dans le musoir, sous le
feu, les quartiers des gardiens sont éclairés par des hublots presque au ras
des flots. Lieu de travail, le feu n’en reçoit pas quelques attentions
particulières, comme la rampe d’escalier qui se termine au sommet par une maquette
du phare. Pourtant, lui aussi a failli disparaître du paysage portuaire. En
effet, pendant la dernière guerre, il était ceinturé par un blockhaus allemand,
les sous-sols convertis en soutes à munitions et des rails avaient été posés
sur la jetée pour faciliter les transbordements.
Le blockhaus est démantelé à
partir de 1946 mais il faut attendre encore huit ans pour que le feu puisse
reprendre du service. Automatisé en 1978, il se délabre d’autant plus vite que
son chauffage est arrêté. Son remplacement est alors envisagé au milieu des
années 90. Le feu échappe finalement à la destruction grâce à l’action de
l’association Myosotis. Classé Monument Historique en décembre 1999, il
continue de veiller malgré tout sur les allers et venues du port est.
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