Nombreux sont les témoignages rapportant que l'aviation anglaise avait été terriblement absente des cieux dunkerquois pendant l'opération Dynamo... Ce n'est qu'une idée fausse parce que les combats ne se déroulaient que rarement au dessus des plages et que la DCA à terre, par panique ou manque de formation, tirait sur tous les appareils survolant le dispositif, avions amis compris..
In Hervé CRAS, « Dunkerque », éditions
France-Empire, 1960 , 538 pages, pp310-312
« Voici, pour fixer les
idées, quelques précisions relevées sous la plume de l’historiographe officiel
de la R.A.F. [note : Denis Richards] :
« Chaque jour, une
cinquantaine de Blenheim partaient à l’attaque des forces ennemies engagées
contre les B.E.F. Chaque nuit, un même nombre de bombardiers
« lourds » du Bomber Command opéraient contre les routes convergeant
vers le secteur de Dunkerque, tandis qu’un nombre bien plus considérable
encore, en liaison avec l’Advanced air
Striking Force, attaquaient plus loin les lignes de communication ennemies.
A peu près rien de ce travail ne pouvait être évidemment observé par les forces
terrestres… »
Et pour la désastreuse journée du
27 mai :
« … Onze Spitfire de
l’escadrille n°74, par exemple, durent livrer bataille à trente Dornier 17 et
Messerschmitt 109 ; cinq Hurricane de l’escadrille 145 se lancèrent à
l’attaque de la section arrière d’une formation de Dornier 17, pour se trouver
environnés eux-mêmes par vingt ou trente Messerschmitt 110 ; vingt
Hurricane ou Spitfire des escadrilles 65 et 610, courant après un Heinkel
isolé, tombèrent sur trente ou quarante Messerschmitt 110… Mais si nos
chasseurs ne purent empêcher l’ennemi de réduire en cendres la ville et les
docks de Dunkerque, du moins surent-ils le détourner des objectifs beaucoup
plus importants encore : les navires et les quais d’embarquement. »
Le point culminant de cette
bataille fut sans doute la journée du 1er juin au cours de laquelle
la Luftwaffe parut vouloir pulvériser ses records du 27 mai. On en verra les
conséquences à la mer, mais voici en attendant l’histoire reconstituée dans le
ciel.
« A Dunkerque, l’aube du 1er
juin se leva sous un voile de brumes et de nuages bas qui ne se dissipèrent
qu’après le lever du soleil. Jamais cette fraîche splendeur qu’un petit matin
d’été n’avait été moins appréciée par les hommes rassemblés sur les plages. Il
y avait bien eu pendant la nuit quelques raids sporadiques et inefficaces, mais
maintenant la bagarre commençait sérieusement et la première patrouille du
groupe N°11 tomba en plein milieu des bombardiers ennemis. Puis il y eut un
moment de répit pendant que notre seconde patrouille était en l’air. Mais à
peine avait-elle fait demi-tour pour rentrer au terrain, et avant que la
troisième ait gagné le champ de bataille, commencèrent une série d’attaques
particulièrement pernicieuses. Trente à quarante Ju.87 profitèrent de l’absence
de la chasse « pour descendre, en toute liberté, et dans tous les sens de
ce mot » sur les bâtiments qui se trouvaient près de terre, pour attaquer
tout ce qui se débattait à la surface de l’eau. Il fallut l’arrivée de notre
troisième patrouille pour renvoyer ces intrus à leurs bases. De furieux combats
marquèrent le reste de la matinée. On put compter à un moment vingt-huit
Hurricane aux prises avec cinquante ou soixante Messerschmitt 109 et 110. Après
quoi, pour la seconde fois, l’ennemi parvint à mener une attaque massive dans
l’intervalle de deux de nos patrouilles. Des nuages généreux s’amoncelèrent
enfin, l’attaque aérienne allemande décrut progressivement et finit par
s’éteindre. En attendant dix navires avaient été coulés, dont trois destroyers
et plusieurs autres avaient subi de sérieux dégâts. »
Notons aussi que cet effort –
comme celui de la Royal Navy – se poursuivit encore à notre total bénéfice
après le départ du dernier Anglais. Au total, pendant les neuf jours de
l’opération Dynamo, la Royal air Force avait assuré :
- -
651 missions de bombardiers,
- -
171 missions de reconnaissance,
- -
2.739 missions de chasse,
directement en rapport avec les
opérations d’évacuation pour ne rien dire de ses autres préoccupations.
On a pu lui reconnaître, après coup,
262 appareils ennemis abattus, auxquels il en faut ajouter 35 sûrs et 21
probables, victimes de la D.C.A. de la Flotte. »
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