vendredi 29 avril 2016

un aspect méconnu de l'opération Dynamo: la bataille aérienne




Nombreux sont les témoignages rapportant que l'aviation anglaise avait été terriblement absente des cieux dunkerquois pendant l'opération Dynamo... Ce n'est qu'une idée fausse parce que les combats ne se déroulaient que rarement au dessus des plages et que la DCA à terre, par panique ou manque de formation, tirait sur tous les appareils survolant le dispositif, avions amis compris..

In Hervé CRAS, « Dunkerque », éditions France-Empire, 1960 , 538 pages, pp310-312

« Voici, pour fixer les idées, quelques précisions relevées sous la plume de l’historiographe officiel de la R.A.F. [note : Denis Richards] :
 
« Chaque jour, une cinquantaine de Blenheim partaient à l’attaque des forces ennemies engagées contre les B.E.F. Chaque nuit, un même nombre de bombardiers « lourds » du Bomber Command opéraient contre les routes convergeant vers le secteur de Dunkerque, tandis qu’un nombre bien plus considérable encore, en liaison avec l’Advanced air Striking Force, attaquaient plus loin les lignes de communication ennemies. A peu près rien de ce travail ne pouvait être évidemment observé par les forces terrestres… »
Et pour la désastreuse journée du 27 mai :
 
« … Onze Spitfire de l’escadrille n°74, par exemple, durent livrer bataille à trente Dornier 17 et Messerschmitt 109 ; cinq Hurricane de l’escadrille 145 se lancèrent à l’attaque de la section arrière d’une formation de Dornier 17, pour se trouver environnés eux-mêmes par vingt ou trente Messerschmitt 110 ; vingt Hurricane ou Spitfire des escadrilles 65 et 610, courant après un Heinkel isolé, tombèrent sur trente ou quarante Messerschmitt 110… Mais si nos chasseurs ne purent empêcher l’ennemi de réduire en cendres la ville et les docks de Dunkerque, du moins surent-ils le détourner des objectifs beaucoup plus importants encore : les navires et les quais d’embarquement. »
 
Le point culminant de cette bataille fut sans doute la journée du 1er juin au cours de laquelle la Luftwaffe parut vouloir pulvériser ses records du 27 mai. On en verra les conséquences à la mer, mais voici en attendant l’histoire reconstituée dans le ciel.
 
« A Dunkerque, l’aube du 1er juin se leva sous un voile de brumes et de nuages bas qui ne se dissipèrent qu’après le lever du soleil. Jamais cette fraîche splendeur qu’un petit matin d’été n’avait été moins appréciée par les hommes rassemblés sur les plages. Il y avait bien eu pendant la nuit quelques raids sporadiques et inefficaces, mais maintenant la bagarre commençait sérieusement et la première patrouille du groupe N°11 tomba en plein milieu des bombardiers ennemis. Puis il y eut un moment de répit pendant que notre seconde patrouille était en l’air. Mais à peine avait-elle fait demi-tour pour rentrer au terrain, et avant que la troisième ait gagné le champ de bataille, commencèrent une série d’attaques particulièrement pernicieuses. Trente à quarante Ju.87 profitèrent de l’absence de la chasse « pour descendre, en toute liberté, et dans tous les sens de ce mot » sur les bâtiments qui se trouvaient près de terre, pour attaquer tout ce qui se débattait à la surface de l’eau. Il fallut l’arrivée de notre troisième patrouille pour renvoyer ces intrus à leurs bases. De furieux combats marquèrent le reste de la matinée. On put compter à un moment vingt-huit Hurricane aux prises avec cinquante ou soixante Messerschmitt 109 et 110. Après quoi, pour la seconde fois, l’ennemi parvint à mener une attaque massive dans l’intervalle de deux de nos patrouilles. Des nuages généreux s’amoncelèrent enfin, l’attaque aérienne allemande décrut progressivement et finit par s’éteindre. En attendant dix navires avaient été coulés, dont trois destroyers et plusieurs autres avaient subi de sérieux dégâts. »
Notons aussi que cet effort – comme celui de la Royal Navy – se poursuivit encore à notre total bénéfice après le départ du dernier Anglais. Au total, pendant les neuf jours de l’opération Dynamo, la Royal air Force avait assuré :
-       -   651 missions de bombardiers,
-       -   171 missions de reconnaissance,
-       -   2.739 missions de chasse,
directement en rapport avec les opérations d’évacuation pour ne rien dire de ses autres préoccupations.
On a pu lui reconnaître, après coup, 262 appareils ennemis abattus, auxquels il en faut ajouter 35 sûrs et 21 probables, victimes de la D.C.A. de la Flotte. »


 

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