1858, la ville de Dunkerque cède 641 hectares de dunes en
friches à Thomas-Gaspard Malo. L’homme n’est pas un quidam quelconque à
Dunkerque, il fait partie des capitaines d’industrie de la ville. Son
curriculum vitae est déjà impressionnant. Fils de corsaire, il a créé une
fonderie en 1835 et produit des chaudières à vapeur, des ancres, des ponts, l’année
suivante, il fonde avec son frère et le coudekerquois Dickson une fabrique de
voile qui prend de l’ampleur rapidement. Aussi armateur pour la pêche à
Islande, il met sur pied un chantier naval qui reçoit des commandes d’Etat. Il
est aussi actif sur le plan politique puisqu’il est membre de la Chambre de
Commerce, du conseil municipal de Dunkerque et représente le Nord à l’Assemblée
Nationale en 1848.
L’acquisition des dunes « Est » est pourtant un
pari des plus risqué : elles sont incultes et peu propices à la culture...
D’ailleurs, tous les essais pour les transformer en plantations sont de
cuisants échecs. Luzerne, pins, saules… tout périt rapidement en raison du sol
ingrat et des conditions climatiques. Qu’importe, l’entrepreneur décide de
changer de voie et nivelle les dunes qu’il divise en parcelles qu’il revend
sous forme de lots « immobiliers »… Les premiers chalets sortent de
terre laborieusement…
L’essor arrive enfin avec la construction d’un casino en
front de mer en 1869. L’établissement de jeux déclenche une nouvelle dynamique
en permettant la naissance d’une station balnéaire, unique dans tout le
département et ramène la bourgeoisie régionale sur le littoral du nord, elle
qui d’ordinaire s’installait en villégiature à Boulogne ou en Belgique.
Le nombre de constructions explose à partir de 1880 sous l’impulsion
de deux hommes d’affaires, Hamoir et Wagner, qui créent leurs sociétés
immobilières et rachètent des dunes vierges. D’un hameau, l’on passe à un
véritable village qui reste sous la dépendance de Rosendaël et dont le cadastre
donne la dénomination « section des bains de mer » ou « section
du casino ».
Néanmoins, il y a des ombres qui noircissent le tableau :
la voirie est des plus rudimentaires, notamment dans les rues qui appartiennent
en nue-propriété à Gaspard Malo. L’entrepreneur est donc contraint dans les
années 1882-1883 de passer le relais à la commune de Rosendaël. Il était temps
puisque le conseil d’hygiène et de salubrité de l’arrondissement de Dunkerque
mettait l’exergue sur l’état d’insalubrité notoire de cette partie de la
commune. En 1884, Gaspard Malon s’éteint
à l’âge de 80 ans, laissant sa création évoluer sans lui. L’ampleur de
la tâche pour construire une voirie digne de ce nom, la lenteur des travaux, le
mécontentement des résidents amena le quartier à disposer de moyens de gestion
qui lui soient propres, aboutissant à l’idée d’une scission qui devint
effective en 1891. Une nouvelle commune qui prit alors le nom de son fondateur,
s’affichant clairement comme station balnéaire, naquit alors cette année-là.
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