« La circumvallation d’une
place se fait ordinairement à la distance de douze à quinze cens toises pour la
liberté du campement, en laissant un intervalle entre la ville et le camp assez
spatieux pour y manœuvrer des troupes.
Cela posé, l’ennemy peut établir
sa ligne et ses quartiers autour de la place de l’abbaye de Lo[1],
sur la haute Deûle et même plus près de la place : à la cense du Moulin de
Labrichaux, distant d’une lieue sur le chemin Darras.
Aux environs de la cense
d’Engruin ou du village de Ronchin sur le chemin d’Orchies ; à Lezennes
sur le chemin du pont à Bouvinnes.
A Helemmes sur le chemin de
Tournay au petit Wasquehal, distant de plus d’une lieue sur la Marcq et au
village de Marcq, sur la rivière du même nom ; il fera plusieurs ponts sur
cette rivière pour communiquer à ceux qu’il établira sur la basse Deûle entre
l’Abbaye de Marquette et Wambrechies, à la cense de Cliquenoy laissant un petit
ruisseau au devant de la ligne, à Lambersart vis-à-vis de la citadelle entre la
haute et la basse Deûle et de là aux ponts qu’il aura établi sur la haute
Deûle, à l’Abbaye de Lo ou plus près de la Place, s’il le juge à propos. Le
pays est si couvert et si traversé de marais et de fossés depuis Wasquehal sur
la Marcq, jusques à la haute Deûle, en traversant la basse Deûle, au dessous de
Marquette qu’il n’est pas praticable de tenter un secours par tout ce costé de
pays, qu’avec des difficultés qui ne sçauroient faire espérer un bon succès,
mais on peut donner de la jalousie par ces endroits pour faire divertion à
l’ennemy et profiter de son manque d’attention, s’il négligeoit trop ce costé
de circumvallation.
Le chemin le plus ouvert pour
marcher à l’ennemy se réduit entre le grand chemin de Tournay, au pont à
Tressin, et le grand chemin Darras et au village de Seclin.
Cette distance qui est près de
trois lieues peut donner la liberté de faire tels mouvements qu’on jugera à
propos pour se porter sur l’ennemy, supposé qu’il demeure enfermé dans ses
lignes de circumvallation qui n’aura pas moins de six lieues de circuit, peut
estre l’ennemy prendra t’il le party de couper seulement tous les chemins qui
arrivent à son camp, de faire des abbatis de bois, fortifier quelques postes
principaux, se faire des communications aisées pour se porter facilement sur
toutes les avenues et y faire teste, si on vouloit l’approcher par le pays
fouré, et se porter en avant sur les bords de la Marcq : pour en deffendre
le passage depuis le pont de Tressin, sur le chemin de Tournay, jusques au pont
à Marcq, sur celuy de Douay, la rivière de la Marcq n’a point d’eau en cet
endroit pendant l’esté, ny même une lieue au dessous du costé du pont à
Tressin, cela se réduit à un fossé qui ne sçauroit arrester de l’infanterie, et
que la cavalerie peut passer avec un peu de travail.
Le lit de la Marcq se perd en s’éloignant
du dit Pont à Marcq, dans le voisinage de Mons-en-pévèle, à la source d’une
l’une des branches de la marcq et en longeant sur la gauche on peut arriver à
la hauteur de Seclin et même par delà, les marais qui sont en cet endroit
estant secs et praticables en esté ?
Voilà le chemin le plus ouvert
qu’on puisse tenir pour secourir la Place de vive force.
On doit supposer que l’ennemy
ayant pris ses précautions pour se garantir de tous les événements par les
autres parties du circuit de la Place rassemblera toutes ses forces pour se
porter en avant du costé où il sera plus aisé de l’attaquer.
On pourroit en ce cas profitter
du vuide qu’il auroit fait de ses quartiers entre la haute et la basse Deûle
pour jetter brusquement un corps de trouppes dans la Place, capable d’attaquer
et de détruire totallement sa tranchée et s’emparer, s’il estoit capable, de
son artillerie. Le plus apparent moyen de secourir Lille seroit de ne pas
laisser le temps à l’ennemy de faire ses établissemens et de l’attaquer, s’il le
pouvoit, deux ou trois jours après qu’il auroit entièrement investy la Place.
La carte géographique du Diocèse
de Tournay marque précisément tous les lieux énoncés dans ce mémoire et est
assez juste pour s’y conformer »
In Bulletin de la Commission Historique du département du
Nord, tome XXXIII, Lille, 1930
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