In Claude Malbranke, « Guide de la Flandre et de l’Artois
mystérieux », 2e édition, éditions TCHOU, collection « les guides noirs »,
Paris, 1969, 479 pages, pp. 160-162
Originaire d’Armorique, Winoc vint avec trois de ses compagnons
se mettre sous la direction de saint Bertin à l’abbaye de Sithiu. Entre 685 et
703, il fut envoyé à Wormhoudt pour travailler à l’établissement d’un monastère
dont il devint abbé ; il mourut à Wormhoudt le 6 novembre 717.
En 900, le comte de Flandre Baudouin II fit transporter son
corps à Bergues où il établit un chapitre de chanoines qui en 1022, fut
transformé en communauté bénédictine, c’est l’origine du célèbre monastère de
Bergues-saint-Winoc.
Dès lors, le culte du saint s’étendit : une confrérie
de saint Winoc s’installa à Bergues de temps immémorial et peut-être dès le
lendemain du « miracle de la Colme » (fin du XIe siècle).
« Un jeune enfant d’une riche famille de Bergues était
sorti de la ville par la porte de Bierne. Comme il prenait ses ébats sur les
bords de la Colme, il tomba dans la rivière et s’y noya. Ses parents, avertis
aussitôt, font de longues recherches pour le retrouver, mais elles restent
infructueuses. Enfin, dans leur désolation, ils vont trouver l’abbé de
saint-Winoc et le supplient de permettre que l’on porte au lieu de l’accident
la châsse du saint. Non sans peine, cette faveur leur est accordée. Les moines
accompagnent au chant des psaumes les saintes reliques et presque toute la
population de la ville se joint à eux. A peine la châsse a-t-elle touché l’eau
que l’enfant apparaît, plein de vie et tout joyeux. On devine la joie des
heureux parents, l’émotion de la foule, les cris d’allégresse montant dans
l’air, les actions de grâces, et toutes les démonstrations qu’un tel événement
a dû susciter. »
Ses miracles, relatés par l’abbé de Croocq dans l’ouvrage
[« un saint de la Flandre Française, saint Winoc »] furent
nombreux : saint Winoc semble avoir un grand pouvoir sur le temps et on
l’invoque soit pour arrêter la cataracte du ciel, soit pour obvier à une
sécheresse excessive ; au XVIIIe siècle encore on portait sa châsse en
procession pour demander à Dieu sa protection contre les intempéries ; on
le prie aussi dans les orages pour détourner le fléau de la foudre.
A la suite du « miracle de la Colme », chaque
année, le jour de la Trinité, on portait la châsse de saint Winoc en grande
pompe au même endroit appelé en flamand Het
Badt ou le Bain ; là les porteurs la plongeaient dans la Colme, en
même temps que les enfants malades. Vers 1570, l’évêque d’Ypres, craignant des
pratiques superstitieuses, ordonna une enquête ; on raconte qu’on remplit
d’eau du Bain trois bouteilles, la première avant la neuvaine la seconde
pendant et la troisième après. Seule l’eau puisée pendant la neuvaine se
conserva pure.
Saint Winoc est resté le patron de Bergues : à
plusieurs reprises (en 1536, 1618, 1700, 1812, etc.) son nom est donné à la
principale cloche du carillon de la ville. En 1626, ce sont deux bateaux de
guerre qui reçoivent son patronage. Aujourd’hui encore, on va servir saint
Winoc à Bergues et à Wormhoudt: il est invoqué contre la fièvre, la jaunisse,
la coqueluche, pour l’heureuse délivrance des femmes enceintes.
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