Le Flamand de France parmi les dialectes néerlandais; sa
relation au Néerlandais moderne
J’ai été invité pour parler de la langue
flamande. Parlant du Flamand, est-ce-qu’on peut parler d’une “langue”? Oui et
non! Lorsqu’on considère le Flamand d’un point de vue linguistique on ne peut
dire autre chose : le Flamand est un moyen de communication et un système
linguistique cohérent et complet parmi les membres d’une communauté
linguistique qu’on ne peut définir autrement que comme une “langue”. Si les
baleines ont une langue, alors les flamands en ont une aussi! De l’autre coté le mot “langue” est
habituellement réservé aux moyens de communications humaines qui sont bien
élaborés et codifiés et qui servent dans une grande communauté linguistique
comme langue de culture ou langue nationale, comme le Français, l’Anglais,
l’Allemand, le Néerlandais, etc. Dans ce sens le flamand n’est pas une langue,
mais un dialecte.
Je préfère le terme “dialecte”, parce qu’il
est neutre, tandis que le terme typiquement français “patois” a une connotation
dénigrante, qu’aucun dialecte ne mérite.
Flamand – Néerlandais, une question terminologique.
L’usage du terme “néerlandais” pour désigner
le dialecte flamand parlé dans l’arrondissement de Dunkerque suscite souvent
une certaine résistance sur place, parce que « néerlandais » n’y est
compris que comme la dénomination de la langue néerlandaise standard. Nommer
“néerlandais” le dialecte flamand de France est considéré parfois comme
l’expression d’une tendance pan-néerlandaise à l’annexionnisme.
En effet le terme “néerlandais” couvre un
double contenu et il est nécessaire de ne pas confondre les deux sens l’un avec
l’autre. Tout d’abord “néerlandais” est, en effet, le nom d’une langue standard
moderne, utilisée de préférence ou à côté des dialectes aux Pays-Bas et en
Flandre belge et dans quelques anciens territoires d’outremer. De ce point de
vue synchronique il est incorrect de compter la Flandre Française comme partie
de l’aire linguistique néerlandophone, parce que le néerlandais n’y joue plus
aucunement le rôle de langue standard englobante et il est parfaitement
illusoire de penser qu’elle pourrait encore y jouer ce rôle. Mais le
néerlandais y a pourtant bien autrefois joué ce rôle, assurément jusqu’au
rattachement à la France dans la deuxième moitié du 17e siècle et en
fait jusqu’à la Révolution Française. Ce rôle de langue de culture a été repris
peu à peu par le Français au cours du 18e et surtout du 19e
siècle. C’est à dire les locuteurs de cette langue on perdu le contact avec le
monde intellectuel qui était normallement complémentaire à la langue orale.
Le terme de “néerlandais” peut être chargé
aussi d’un autre sens. Le nom est également utilisé comme terme englobant pour
désigner l’ensemble des variétés linguistiques diachroniques et diatopiques
depuis le 8e siècle jusqu’à aujourd’hui, qui s’étendaient bien
au-delà de la frontière étatique franco-belge actuelle, notamment jusqu’à la
Canche, au sud-ouest et jusqu’à la frontière orientale des Pays-Bas et de la
Flandre. Un certain nombre de documents de langue “germanique” provenant du
nord de la France sont comptés dans les ouvrages d’histoire de la langue
néerlandaise parmi les plus anciens témoignages du néerlandais. Aussi est-il
méthodologiquement impropre de renvoyer dans ce contexte à l’allemand ou
bas-allemand, ou à l’anglais p.e. comme source pour les noms de lieux et de
personnes germaniques dans le nord de la France. Seul “néerlandais” (à côté de “flamand”) a ici
terminologiquement sa place.
Mais pour un français moderne c’est peut être
troublant qu’on a pas toujours utilisé ce terme de “néerlandais” pour désigner
cet ensembles de varietés linguistiques des Pays-Bas historiques? Le nom
historique de la langue vernaculaire dans les Pays-Bas historiques a changé au
cours des temps. Dans la période la plus ancienne jusqu’aux environs de 1500 la
dénomination dans le sud-ouest était « diets(ch) », dans l’est et le
nord « Duutsc(ch) » plus tard pronocé « Duits(ch) ». Dans
la période de l’ancien et du moyen-néerlandais il n’existe d’ailleurs que des
“dialectes”.
“Diets/duuts” signifie étymologiquement ‘populaire’,
‘vernaculaire’. Cette indication ‘langue vernaculaire’ lui fut donnée par
opposition au latin, qui était la langue culturelle dans l’Europe de l’Ouest.
La forme latine de cette dénomination était “theodiscus”. La traduction
française en est “thiois”. Le nom latin apparaît pour la première fois en 786
et il est devenu populaire pour d'abord dans ce qui allait devenir plus tard
l’aire linguistique néerlandophone. De là ce n’est qu’à partir du Moyen-Age
qu’il s’est répandu dans toute l’aire linguistique germanophone actuelle et
qu’il est devenu aussi le nom de l’Allemand. La dénomination
anglaise “Dutch” remonte au temps où les Néerlandais nommaient leur langue
“duutsch”.
Dans le comté de Flandre la
langue vernaculaire générale est rapidement appelée “Vlaams” à coté de
“Dietsch”. C’est pourquoi elle fut appelée “Flamand” dans le roman voisin. Même dans des écrits et
imprimés brabançons et hollandais le terme de “vlaamsch/flamand” désigne encore
souvent jusqu’aux 17e et 18e siècles la langue générale.
En Flandre belge cet usage est resté dans la langue orale et même souvent dans
la langue écrite jusqu’au 20e siècle.
Je
donne un exemple : Jean Van Mussem de Wormhout écrit en 1552 qu’il a transposé
sa Rhetorica du latin en langue
flamande commune (“ouerghestelt wt den Latijne in gemeender Vlaemscher
spraken »). Des siècles durant le terme de “flamand” désignera dans l’aire
linguistique francophone non pas tant le dialecte flamand que la langue
générale des Pays-Bas. Le premier dictionnaire Français-Néerlandais de Halma – Dictionnaire nouveau François et Flamand
– parut en 1708, tandis que la moitié Néerlandais-Français parut en 1710 sous
le titre – Woordenboek der Nederduitsche
en Fransche taalen.)
Mais il-y-a d’autres
dénominations. Quand le terme flamand de “Diets” et surtout la prononciation brabançonne et hollandaise
“Duytsch” purent désigner à partir du 16e siècle aussi bien la
langue néerlandaise que le haut-allemand, cela devint gênant. Ainsi le Brugeois
Simon Stevin écrivait-il encore en 1586 en parlant du néerlandais son Uytspraeck vande weerdicheyt der Duytsche
Tael (Exposé sur la dignité de la
langue thioise/néerlandaise).
Pour distinguer les langues
écrites qui se développaient différemment on se mit alors à parler de
“Nederlandsch duutsch” face à l’“Overlandsch duutsch”. Le premier terme fut
rapidement écourté elliptiquement en “ Nederlandsch”. La mention la plus
ancienne qui soit connue date de 1482 à Gouda. A partir du 16e
siècle “Nederlandsch” et “Nederduitsch” furent utilisés concurremment pour la
langue germanique des Pays-Bas historiques, mais dans le 19e siècle
le terme “Nederlandsch” l’a emporté.
Alors, le terme de “Nederlandsch” n’était à
coup sûr pas inconnu en Flandre Française. Cela est confirmé par ex. par le
livre d’école du Casselois Andries Steven qui en 1713 fit paraître pour la
première fois son Nieuwen Nederlandtschen
Voorschriftboek (Nouveau livre de préceptes néerlandais). Bien que le terme
de “Nederlandsch” ornât la page de titre, il emploie dans le livre lui-même les
termes de “Vlaemsch” et “Nederlandsch” en concurrence l’un avec l’autre, avec
une préférence pour “Vlaemsch”.
Suite à la politique française de l’enseignement
aux 19e et 20e siècles les locuteurs du dialecte flamand
de France se sont retrouvés de plus en plus éloignés du Néerlandais standard et
de son développement surtout dans l’orthographe. De par cette aliénation le
terme de “Nederlands - néerlandais” est devenu exclusivement le nom d’une
langue standard perçue comme étrangère. Cette perception d’“étrangeté” est dû
au fait que le Néerlandais standard moderne, sans autre introduction, n’est pas
facile à comprendre pour le locuteur dialectal flamand de France, en dépit de
la parenté. Ce faisant le Néerlandais n’entre plus en considération pour la
formation identitaire de la communauté linguistique flamande de France.
Si nous
appelons aussi néerlandais ou dialecte néerlandais le Flamand de France, cela
ne signifie donc pas qu’il serait dérivé du néerlandais standard (les dialectes
ne le sont d’ailleurs jamais, le contraire est parfois vrai), mais cela
implique bien que pour des raisons linguistiques et historiques, il appartient
au groupe de dialectes qui sont englobés, chapeautés par la langue néerlandaise
standard ou dans le cas présent le furent. Nommer le Flamand de France dialecte
germanique est bien trop vague. Le ranger parmi les dialectes bas-allemands
comme le font par ex. Sansen (1988) ou Marteel (1992) est peut-être inspiré par
la dénomination surannée de “Nederduitsch”. Mais c’est faux, car le Flamand de
France n’a jamais participé au développement linguistique parlé ou écrit des
dialectes du nord de l’Allemagne, quoique là aussi on peut déceler une certaine
parenté. L’étude linguistique du dialecte flamand de France ne saurait être
dissociée de celle du néerlandais dans son ensemble. Toute l’instrumentation
scientifique du néerlandais (dans son sens de diasystème) (bibliographies,
dictionnaires, grammaires (dialectales), atlas linguistiques, études
onomastiques, histoires de la littérature, éditions de texte, etc.) est
indispensable à la bonne compréhension du Flamand en France. Ceci n’empêche que
le Flamand en lui-même mérite ici d’être enregistré et étudié intensivement.
Alors qu’est ce
que c’est
Le dialecte flamand en
France
Il convient d’abord de remarquer qu’on ne peut
parler du Flamand en France, car le
dialecte n’est pas homogène. Il présente toutes sortes de nuances dans la prononciation,
la morphologie et le vocabulaire. Ce n’est pas étonnant, la tradition orale
étant liée à des communautés de communication relativement petites, confinées
généralement à quelques communes, groupées autour d’un centre-marché local.
(Un fermier de Godewaersvelde qui s’était
installé à Merckeghem demandait par ex. à son valet, qui lui était du cru,
d’aller chercher “in de mikke een ruuscher” (dans le hangar un balai-brosse).
Celui-ci ne le comprit pas, car il s’attendait à aller chercher un “zoeper
uit den berk”. )
Grosso modo on peut distinguer en Flandre
française quatre zones dialectales du nord au sud et d’est en ouest. Le Nord,
avec la zone de polder et la bordure limitrophe du Houtland a souvent eu un vocabulaire divergent par rapport au sud,
la région autour de Cassel, Hazebrouck et de Bailleul. Au nord on dit par
exemple respectivement pour ‘ferme, servante, jardin : ’een hofstee, een meesen
ou meisen, een hof ou hovige/eke au
sud respectivement een pach(t)goed, een maarte, een ko(o)lhof ou een
lochting/lofting. Dans la phonologie et la morphologie aussi il existe
d’évidentes oppositions nord-sud, par ex. dans la formation des diminutives (een huuzetje, een huuzige, een huuzeke)
mais plus fondamentale est l’opposition est-ouest. Le long de la frontière
étatique il y a tout d’abord une bande de deux à trois villages, où l’on peut
encore entendre souvent une ressemblance avec le West-Vlaams (Ouest-Flamand) de
Belgique, surtout dans le vocabulaire, par ex. stekkerdraad pour ‘fil de fer barbelé’ ou mikke pour ‘grange à paille’. C’est pourquoi les autres flamands de
France disent parfois qu’on y parle un flamand “belge”, “belgieks Vlaemsch”. En
effet plus on s’éloigne de la frontière et plus le Flamand de France présente
un caractère propre. Ainsi un recoin à l’ouest, dans les environs de Millam,
Bollezeele, Lederzeele (y compris Rubrouck), présente nombre de particularités,
qui semblent être des vestiges d’évolutions occidentales très anciennes du
néerlandais en tant que diasystème.
Un mot sur le situation du Flamand de France du point
de vue de la géographie linguistique
La dialectologie en Europe à partir de la
seconde moitié du 19e siècle n’a surtout eu d’yeux que pour l’aspect
historiquement explicatif de la variation dialectale. L’image de la variation
géographique fournissait souvent l’explication de l’évolution historique.
De même que la
langue standard néerlandaise occupe grammaticalement une position intermédiaire
entre l’allemand et l’anglais, le paysage dialectal néerlandais dans son
ensemble est un paysage de transition. Les dialectes présentent à l’est bien
des caractéristiques communes avec les dialectes bas-allemands ou rhénans et à
l’ouest nombre de caractéristiques du germanique de la Mer du Nord, ce qui
fournit souvent des parallèles avec le frison et/ou l’anglais, parfois aussi
avec les langues scandinaves. On appelle cela des inguéonismes.
Le
Flamand de France est, des dialectes néerlandais, celui qui est situé le plus
au sud-ouest et il forme à proprement parler une subdivision du West-Vlaams
(Ouest-Flamand), qui lui-même forme à bien des égards un groupe homogène avec
le zélandais et où la compréhension interne est grande.
(C’est ce que j’ai pu constater par ex. quand
en 1998 je faisais le tour de la Flandre Française avec un groupe de Zélandais
et qu’une conversation s’engagea
aisément entre eux et des Flamands de France chacun dans leur propre dialecte.)
Quelques caractéristiques du
Flamand de France
Il m’est imposible de vous donner dans ce temps limité un cours de
dialectologie. Je vais me limiter à quelques aspects et donner quelques
exemples. Il-y-a d’abord des
1. Caractéristiques générales ouest-flamandes
qui apparaissent également dans d’autres dialectes.
Le plus connu en ce qui concerne le vocalisme
est la non-diphtongaison des anciens /ie/ et /uu/ (longs) kieken, buuten par
rapport au néerlandais kijken, buiten (regarder, dehors), qu’on rencontre aussi dans les dialectes
orientales.
Une deuxième caractéristique typique,
l’abrègement vocalique et une décoloration de voyelles longues devant plusieurs
consonnes, par ex. dans la conjugaison des verbes, en composition et
dérivation, aussi devant –er et -el et parfois aussi dans des mots
monosyllabiques. Les dialectes brabançons connaissent également un abrègement
vocalique comparable. Plus on va vers l’ouest, plus cet abrègement vocalique
apparaît fréquemment. Quelques exemples :
kopen - hij kopt (acheter, il
achète) ; brood – bromes (pain,
couteau à pain) ; heet -hitter
(chaud, plus chaud), leege - lichte
(bas, niveau bas), kleene – klinder,
boter – botter/butter, netel – nettel,
geen – gin .
Une troisième caractéristique est constituée
par la palatalisation spontanée de /o/ vers /u/ et de /oo/ vers /eu/ dans un
certain nombre de mots : op>up, boter>beuter, vogel>veugel (sur,
beurre, oiseau). Ce développement apparaît aussi mais moin fréquemment dans les
dialectes des Pays-Bas le long de la côte. Elle peut différer de mot à mot et
s’est frappant qu’elle fait souvent défaut dans l’ouest de la Flandre Française
(voir carte palatalisation o/oo).
Dans un certain nombre de
mots il y a aussi une délabialisation du /u/ court vers le /i/ court (rug>rik (dos) et de /eu/ vers /ee/ (beugel>begel (collet ou tribart), heupe>heepe (hanche). Ce phénomène se rencontre
surtout dans l’ouest et le long de la côte (cf. angl. ridge et hip). Ce dernier
phénomène est ancien, car il survient dans des toponymes du Nord -
Pas-de-Calais, par ex. mel, mille<mulle<meule(n)<molen<Lat. molina
(moulin) ; cf. Hoymille, Haute Meldyck à Saint-Omer et Watermel à
Audinghen
Il-y-a deuxièmement quelques caractéristiques uniques du Ouest-Flamand qui
sont dues entre autres à son contact avec son voisin, le picard. Cela
transparaît nettement non seulement dans le vocabulaire mais aussi dans la
phonologie et dans la syntaxe. On peut citer pour exemples le développement de
/ow/ en /ou/ devant alvéolaire (t, d, s, z), p.e. au néerl. /oud/ correspond le
flamand /koet/, mais au français voute correspond un flamand vour (que par
exception a conservé le vocalisme original. Il y a aussi le développement de /uu/ en /eu/ muur>meur. Il y a aussi
des influences dans la syntaxe, p.e. la dichotomie « die-dat » comme
le français “qui-que” dans l’emploi des pronoms relatifs comme sujet ou objet,
l’abandon de l’inversion dans le cas de l’antéposition d’un syntagme autre que
le sujet (“Morgen ‘k gaan naar Duinkerke” - Nl. Morgen ga ik naar Duinkerke),
tout comme l’extraposition de compléments circonstanciels après le groupe
verbal (Fl. M’en egoaen aan de mart = Nl. we zijn naar de markt gegaan, nous
sommes allés au marché) sont des phénomènes qui s’entendent surtout en Flandre Française et moins dans le
Westhoek belge.
Il-y-a troisièmement quelques caractéristiques propres au
West-Vlaams du Westhoek belge et/ou français.
La conservation de la prononciation palatale
du a long est un phénomène typique du néerlandais de la côte. Dans les
dialectes du sudest elle a toujours été supplantée par une vélaire /ao/. C’est
aussi le cas en Flandre française devant
les consonnes alvéolaires (n, t, d, s, z - maone,
waoter, laon < laoden, daos) là ou le néerlandais, sous
l’influence du Hollandais a conservé le aa (maan, water, laden, dwaas). Mais
devant les labiales et vélaires (f, v, p, b et g, k, l) la prononciation en
/aa/ a aussi été conservée ici : dans le Westhoek on prononce normalement schaave, schaap, maaken et baale (rabot, mouton, faire et balle)
avec un [a :] médian. La prononciation avec une vélaire /ao/ - il est vrai
– s’entend aussi dans les environs de Boeschepe et Bailleul. Le Flamand de
France dans ses confins occidentaux (les environs de Bollezeele) a dans cet
environnement consonantique et aussi devant r + alvéolaire (par ex. baard, kaarte, schaarsch - barbe,
carte, rare) une palatale ouverte [ae]. Il y présente par là même un reste
d’évolution phonétique archaïque typique du néerlandais occidental, qui est
historiquement apparenté à l’anglais et au frison. Elle correspond par ex. au
“aa pincé de la Haye” et à la prononciation en èè des îles de Zélande.
L’orthographe anglaise “sleep, sheep” renvoie à une prononciation analogue en
anglais d’autrefois. (carte)
La chute du n final dans les formes verbales
et dans d’autres mots (par ex. werke,
loope, buute, binne) - mais pas dans les formes
pluriel - dans une quinzaine de villages à l’extrême ouest est à nouveau un
vestige du développement moyen-néerlandais le long de la côte, qui a des
parallèles en frison et en anglais (comparer le Nl werken à l’anglais to work
où la terminaison est tombé complètement).
Il existe en Flandre Française également et
clairement des reliquats inguéoniens dans le vocabulaire, par ex. zoeper (pour ‘le balai dur’,
manifestement dérivé d’un verbe “zoepen” qui
correspond phonologiquement à l’anglais to
sweep). et aussi dans l’extrême ouest l’adverbe wei pour “weg” (cf.
l’anglais away). Plus répandu est blouwer pour un marteau lourd (cf.
l’anglais to blow et l’ancien
néerlandais blouwen) et partout zole pour “charrue” (autrefois aussi sur
le littoral de Flandre-Occidentale, en Zélande et à Groningue, un mot dialectal
dont on n’entend de parallèles que dans des dialectes anglais et scandinaves.
La
frontière d’état une frontière
dialectale secondaire
Il est frappant que
la frontière étatique ne forme une frontière dialectale que dans un petit
nombre de cas. Au contraire bien des limites phonétiques, morphologiques et
sémantiques coupent la frontière à angle droit (carte isoglosses croissant la
frontière étatique). Seul quelques variations phonétiques coïncident quasiment
avec la frontière étatique. Le mieux
connu est la prononciation [∫] (parfois facultative à coté de [sjch]) du sch
néerlandais. La persistance de la prononciation en [∫] à la fin du mot : mensch, vleesch (homme, viande) coïncide aussi - mis à part Bray-Dunes et
Boeschepe - avec la frontière étatique.
La prononciation du -nd- intervocalique qui a évolué en -ng- (en passant par -ngd-) et a chuté par la suite avec
maintien d’une voyelle nasalisée, coïncide à présent à peu près avec la
frontière d’état. Mais des locuteurs plus âgés en Flandre-Occidentale possèdent
encore aussi cette prononciation du Flamand de France, ce qui indique qu’il
s’agit du côté belge d’une restauration sous influence de l’orthographe. Par
ex. “honderd” en Flandre Française : ouërt<oungert<oungdert<oundert ; en
Flandre-Occidentale généralement oundert.
En outre il ressort
de l’étude lexicographique dialectale que pour le vocabulaire héréditaire
dialectal il y a rarement une frontière lexicale ou sémantique sur la frontière
étatique, au contraire la Flandre Française et le Westhoek belge forment ici
souvent une entité, par ex. vinnig ou
gevinnigd pour ‘moisi’ ou vartigen, vortigen pour ‘pourrir’ (ailleurs en Flandre vorten) et beaucoup d’autres. Cependant un certain nombre de mots
sont encore vivants en dans le dialecte de la Flandre Française, tandis qu’ils
sont totalement tombés en désuétude côté belge. Je cite par ex. boud ou bold pour ‘purin’, e lietje pour ‘un peu’, elde pour ‘âge’, kasten (<kerstenen) pour ‘baptiser’, hoofdig pour ‘têtu’, schamel pour
‘pauvre’, kuusch pour ‘net, propre’
etc.
Parfois le Flamand
de France rejoint ainsi encore dans l’emploi du vocabulaire le Néerlandais
standard, tandis que les dialectes belges s’en écartent invariablement. Par ex. en disant een touw(e) pour le belge “een koorde” (corde), etc.
Ce qui frappe
surtout, c’est la bien plus grande influence du picard et surtout du français
dans le vocabulaire en Flandre Française. Ce n’est pas étonnant, car la région
a connu des générations de bilingues, qui passaient inconsciemment d’une langue
à l’autre (code-switching) et ce faisant reprenaient des éléments de la langue
socialement dominante dans le dialecte flamand.
Un exemple en est la
pénétration du mot-bâtard menasseren
pour ‘menacer’, dont la forme originale n’est connu que le long de la
frontière. (Carte dreigen).
Tous les phénomènes
énumérés indiquent que la frontière étatique est aussi devenu une frontière
dialectale secondaire. Mais compte tenu de la situation précaire de l’usage du
Flamand dans la société de Flandre Française il faut s’attendre à ce que la
frontière d’état devienne aussi dans des
temps rapprochés une frontière linguistique définitive.
Le rôle de l’enseignement
Est-ce- que l’enseignement de la langue (autrement)
maternelle pourrait encore renverser cette situation? Avec vous, je ne le crois
pas. Cela ne veut pas dire qu’on ne pourrait pas contribuer à l’enseignement
une tache spéciale pour confronter la situation de bilinguisme qui existe
toujours dans l’arrondissement de Dunkerque et de telle façon qu’elle soit en
même temps adaptée à la situation frontalière de cette région.
Par un manque de recherches scientifiques issus de la région même, il y
a une connaissance très défaillante du terrain linguistique dans lequel
l’enseignement de langues opère ici. Cette ignorance concerne le statut
linguistique du dialecte flamand en France, son histoire, sa variabilité
interne, sa parenté avec les autres dialectes du néerlandais
et avec le néerlandais standard, l’allemand ou l’anglais. Presque tous
les recherches qui ont été faites sur notre Flamand ont été publiées en
néerlandais ou même en anglais ou en allemand et sont restées quasiment
inconnus aux locuteurs interessés de la région même.
On connaît depuis maintes années les cours libres de Néerlandais
organisé par le Komitee (belge) voor Frans-Vlaanderen.
Depuis un certain nombre d’années l’offre de néerlandais dans
l’enseigment primaire et secondaire – d’abord à Wervicq-Sud, plus tard à
Bailleul et d’autres localités de la région frontalière - cadre dans ce qu’on apelle l’enseignement
bilingue. Il est organisé selon un contrat d’échange entre le ministère de
l’Education Nationale, concretement l’Inspection Académique de Lille et la
Nederlandse Taalunie (un organisme intergourvenemental pour la promotion de la
langue et culture néerlandaise). La motivation pour cet enseignement du
néerlandais est prépondéramment économique et il n’a pas du tout été conçu pour
répondre à une demande régionaliste quelconque. Le néerlandais est présenté
comme “la langue des voisins”. Aussi les promoteurs français de cet
enseignement du Néerlandais parlent d’un “bilinguisme de proximité”. En
procédant ainsi, il semble bien qu’on a oublié que la demande initiale pour cet
enseignement soit issue pour une grande partie de certains flamandophones qui
étaient bien frustrés de ne pas pouvoir lire ni écrire leur langue maternelle
et qui voulaient valoriser culturellement et mieux exploiter
socio-économiquement les opportunités de contacts transfrontaliers qui existaient
et qui existent encore au niveau du dialecte. Je réfère p.e. au travail du
pionnier, M. Taccoen, l’ancien adjoint
au maire de Bailleul, et de ses amis qui l’ont suivi dans sa demande, ce qui a
conduit finalement à l’installation de la Maison du Néerlandais à Bailleul il y
a deux ans.
En plus, il semble qu’ au niveau
des autorités françaises et aussi au niveau de son partenaire la Nederlandse
Taalunie, il existe une certaine crainte pour tout ce qui pourrait interférer
avec des demandes régionalistes concernant cet enseignement. Certaines
évolutions ideologiques et politiques concernant les langues minoritaires en
France ne sont pas étrangères à cette crainte. Les promoteurs de l’enseignement
du Néerlandais ou du Flamand se sont nettement séparés dans les dernières
decennies sur des arguments qui, vu l’ignorance mentionnée ci-dessus, ne se
sont guère basé sur des arguments scientifiques, mais plutôt sur des arguments
d’opportunisme politique.
On peut se poser la question si cette crainte n’empêche pas d’avoir une
vue réaliste sur la realité linguistique dans la grande région
transfrontalière, et si par conséquent,
on ne manque pas d’ exploiter la situation de bilinguisme interne, qui
existe encore des deux cotés de la frontière.
Les échanges économiques et les offres d’emploi démontrent à mon avis
que le choix d’enseigner dans la zone frontalière uniquement le néerlandais
standard comme langue des voisins et d’en exclure d’avance toute notion du
dialecte n’est pas nécessairement adapté à la situation linguistique
transfrontalière concrète.
Qu’en est il de
l’enseignement du Flamand régional, quel est son rôle culturel et quel pourrait
être son rapport à l’enseignement du Néerlandais?
Depuis la loi Montalivet de 1843 il n’y a jamais eu une possibilité
officielle d’enseigment pour le Flamand avant la circulaire Savary de 1982. A
cette occasion les promoteurs de cet enseignement ont voulu saisir les chances
offertes : ils ont fait un petit dictionnaire et ont formulé quelques règles de
grammaire afin de pouvoir profiter des subventions. Et dans un ouvrage sur les
langues minoritaires de France ils ont répandu la thèse d’une évolution
historique tout à fait particulière du Flamand de France par rapport au reste
du néerlandais (Sansen 1988) à partir du 16e siècle. C’était faux.
Pour le reste on sait que cet enseignement n’a pas eu beaucoup de succes. C’est vrai qu’il
n’avait pas eu la chance de se préparer de façon appropriée, ni de profiter
d’un accompagnement d’ordre pédagogique ou linguistique. Mais surtout il venait
trop tard. Le flamnd avait déjà perdu trop de sa vitalité, et n’étant presque
lus usité comme langue familière, les jeunes – et souvent aussi leurs parents -
avaient perdu quasi totalement la connaissance de la vieille langue maternelle.
Donc on peut bien s’en douter si une répétion de cette tentative d’enseigner le
dialecte dans l’enseignement régulier ne soit
condamné d’avance à echouer.
Sans rapport avec la circulaire Savary l’association culturelle Le
Reuzekoor a commencé à Dunkerque un cours de Flamand pour répondre aux besoins
d’un grand nombre de flamandophones adultes qui souhaitaient pouvoir lire et
écrire leur langue. Le cours a été conçu par J.L. Marteel un locuteur natif de
Bray-Dunes, professeur d’anglais à l’Université du Littoral et - comme le
prouve son manuel - un bon pédagogue
linguistique. Cet enseignement connaît un succes croissant depuis une bonne
vingtaine d’années. Il se déroule depuis quelques années sur deux ou trois
lieux et depuis l’année passée il est aussi enseigné à l’Université du
Littoral. Cette initiative modeste et locale, qui répondait à des besoins réels
n’a donc pas raté son but. En tout cas elle démontre qu’il existe au niveau de
la communauté du departement de Dunkerque un besoin de mieux connaître la vieille
langue maternelle et de la valoriser au niveau culturel et social et qu’un
enseignement approprié répond à ce besoin.
La même association du Reuzekoor a organisé, il y a presque deux ans à Dunkerque un débat
sur la reconnaissance des langues à l’occasion de la Charte Européenne des
langues régionales et minoritaires. A cette occasion il apparaissait de nouveau
que la question controversée entre l’enseignement du Flamand ou du Néerlandais
peut se présenter à chaque instant.
A cette occasion M. Marteel se demanda entre autres : (Je cite)
“Pourquoi les néerlandophiles tiennent-ils tant à remplacer en France (!), le dialecte flamand de nos parents et grands-parents par le néerlandais? …. Est-ce raisonable de penser que dans les circonstances actuelles, et étant donné l’attachement des flamandophones à la France, le néerlandais puisse devenir la langue maternelle des flamands de France? Je ne le crois pas. Il serait beaucoup plus judicieux et beucoup plus intelligent d’utiliser, en le valorisant, le Flamand comme tremplin culturel du néerlandais, comme catalyseur entre le Flamand et le Néerlandais. ….. Demain on ne parlera plus le Flamand comme langue maternelle en France et le néerlandais y sera enseigné à quelques centaines (ou même quelque milliers) de français comme langue étrangère de proximité. Les néerlandophiles et le néerlandais auront perdu, pour les avoir négligés, les ferments de la culture flamando-néerlandaise qui se trouvaient à l’état naturel dans la Flandre française. “ (Fin de citation)
Ma réaction à cette prise de position est la suivante :
Je suis d’accord qu’il est nécessaire de valoriser culturellement le
Flamand et que cela ne peut être qu’ au profit de l’enseignement du
néerlandais.
Mais je me demande, peut-être
avec vous : Comment l’idée qu’on voulait introduire le Néerlandais pour
remplacer le Flamand a –t-elle pu naître dans les esprits des flamandophones de
France? Je pense que c’est la teneur de la propagande venant de la Flandre
belge, reprise par certains activistes français, qui a pu susciter cette crainte. En Flandre
belge on a abouti à sauvegarder la langue maternelle en superposant à la
multitude de dialectes une langue culturelle et standardisée : le néerlandais.
Seulement les promoteurs de la sauvegarde de la langue maternelle en Flandre
française ne se sont pas réalisé qu’ils venaient trop tard pour avoir le même succes en France.
Les propagateurs d’outre frontière ont ainsi causé chez beaucoup de
flamands de France le sentiment ou la crainte qu’on voulait remplacer leur
culture et leur langue propre à eux, par un genre de superstrat linguistique
auquel la majorité ne pouvait pas ou ne voulait pas s’adapter. Car évidemment
les flamandophones de France persistent à vivre et à s’adapter dans un milieu
d’expression et de culture presque uniquement française, auquel le Néerlandais ne peut pas servir
d’alternative ni pour le Flamand et certainement pas pour le Français. Beaucoup
de flamandophones de France se sentaient donc aliené par une telle stratégie
d’aide linguistique qui ne leur convenait pas.
La Charte Européenne vis à vis du
flamand/néerlandais.
Revenons à la Charte Européenne. Cette charte vise en premier lieu la
valorisation culturelle des langues minoritaires, de préférence
transfrontalières. Il me semble donc que cette charte serait appliquable
parfaitement au Flamand régional, parce que les langues officielles en sont
exclues. Mais dans les conditions politiques actuelles en France il est peu
probable que la charte soit jamais appliquée. Cela n’empêche pas que les
autorités locales, départementales et régionales puissent bien s’y inspirer
pour prendre des mesures appropiées dans
l’esprit de cette charte afin de contribuer à la valorisation culturelle du
Flamand régional. Comme ils ne sont pas compétents pour l’éducation nationale
ils ne leur reste à mon avis que d’agir dans le cadre de la gestion du
patrimoine culturel. Le patrimoine culturel ne comprend pas seulement le
patrimoine architectural, artisanal et artistique mais aussi le patrimoine
immatériel emmagaziné dans l’esprit et la mémoire des gens. Pour connaître
celui dans le département de Dunkerque la connaissance de la langue flamande
est cruciale, car le Flamand est indispensable pour transmettere aux
générations suivantes une vielle tradition de connaissances particulières de la
région.
Mais entretemps, nous le savons bien, le dialecte flamand est moribond
comme c’est d’ailleurs le cas avec beaucoup de dialectes en Europe. Notre
dialecte flamand est entré dans un stade muséal. Cela veut dire : comme on ne
pourra pas le préserver à un terme plus ou moins long, il faut le conserver. Il
faut l’enregister, il faut le noter et publier par écrit, il faut l’étudier, il
faut faire un archif sonore, il faut chercher et répandre toute information
possible sur cette langue. Il faut entre autres l’introduire dans toutes sortes
d’expositions concernant la culture locale. On pourrait à mon avis organiser
une grande exposition sur la langue flamande au niveau départemental. Tout cela
mérite d’être fait d’une manière sérieuse et professionelle. Mais avec quel
personnel pourrait on le faire, si l’étude de la langue n’est pas n’est pas
prévu, aussi sur un sur un niveau supérieur? Comment l’utiliser p.e. dans un
contexte touristique transfrontalier, s’il n’est pas rendu sous une forme
particulière qui soit aussi et en premier lieu reconaissable pour les locuteurs
flamands de la région même. Pour tout cela il me semble qu’il faut mettre la
DRAC et les services du Patrimoine devant leurs responsabilités et leur
demander des subventions pour toutes les formes de valorisation culturelle du
dialecte flamand, y compris l’enseignement de cette langue.
Et à part de ces exigences culturelles, il reste toujours le droit
humain fondamental que tout homme puisse avoir acces à l’alphabétisation et
l’éducation en sa langue maternelle. C’est prévu dans une charte de l’Unesco,
que la France a ratifié. Aussi les gens qui ne sont pas interessé au
Néerlandais ou quelconque autre langue ont ce droit et ils expriment depuis
longtemps le désir de pouvoir lire et écrire leur propre langue.
Alors, est-ce que les autorités compétents de l’Education nationale
l’ont compris ainsi?
Le ministre, M. Ferry, répondant à une question lui posée par l’ancien
Ministre d’Etat, et maire de Dunkerque, Michel Delabarre concernant
l’organisation du Flamand dans l’Académie de Lille a répondu clairement ceci :
(je cite)
“le Flamand étant considéré comme une variante dialectale de la langue
néerlandaise et représentant la forme littéraire de cette dernière, c’est par
le biais de la diffusion de l’étude du néerlandais et au travers de son
enseignement, y compris dans sa forme bilingue, que les particularités
linguistiques de la Flandre française sont prises en compte dans l’académie de
Lille. Le programme entrepris dans cette académie pour favoriser l’enseignement
du néerlandais dans les écoles notamment de l’arronsissement de Dunkerque et
encourager son suivi au collège et au lycée, doit permettre aux élèves de se
réapproprier une des composantes du patrimoine de leur région” (fin de
citation)
La complémentarité de l’étude du
Flamand et du Néerlandais.
Alors ma conclusion est bien simple : dans le nord de la France, tout
particulièrement dans l’arrondissement de Dunkerque, l’enseignement du
Néerlandais et du Flamand sont complémentaires et tous les deux sont
indispensables de leur propre manière.
L’enseignement du néerlandais est sans doute le seul choix raisonnable
que l’on puisse faire pour étoffer les programmes scolaires du niveau
élémentaire au niveau secondaire et supérieur. Mais dans cette societé où le
bilinguisme diglossique continue, et pour autant qu’il continue, il serait
néfaste de vouloir nier le potentiel linguistique et culturel que puisse offrir
l’enseignement du Flamand local. Cette considération n’est pas inspirée par le
desir de voir le succes de tel ou tel enseignement, mais surtout par le souci
du bien-être intellectuel des personnes, qui ont encore une connaissance active
ou passive du Flamand et de ceux qui désirent de l’avoir.
Le caractère complémentaire de ces deux genres d’enseigement devrait
inciter les organisateurs à dissiper
d’abord toute méfiance à l’égard de l’autre langue et de mettre fin à un esprit
de concurrence. Au contraire il est grand temps que les reponsables de l’organisation
et de l’inspection de chaque enseignement et de toutes les activités corrélées s’asseyent autour d’une
table pour tirer au clair la façon dont cette complémentarité naturelle peut
être appliquée sur le terrain. Qant à moi, il me semble indispensable – donc on
devait le faire obligatoire - que les enseignants du néerlandais dans la région
reçoivent une formation continue sur tous les aspects de la présence historique
et dialectale du néerlandais dans la région. Et il me semble évident que les enseignants
du Flamand aient la même opportunité de suivre une telle formation, afin d’être
mieux munis pour leur tâche, qu’ils ne peuvent mener à bien sans prendre
connaissance des acquis de l’étude du néerlandais tant comme diasystème que
comme langue culturelle moderne.
A Rubrouck on l’a déjà compris la nécessité des deux cours. Peut-être
que Yserhouck ensemble avec d’autres
associations pourrait aider à la création d’un plateforme qui exige ou organise
une telle formation continue afin d’eviter l’aliénation linguistique des
flamands de France de leurs racines et en même temps de leur famille
linguistique proche.
Je vous remercie de votre attention.
Hugo Ryckeboer
(Rubrouck 27/10/2002)