En août 1793, la situation est désespérée : le prince
de Cobourg occupe le sud du département, à Dunkerque, Souham et Hoche sont
assiégés par le Frederick, duc d’York et Albany, Hondschoote est occupée par
les troupes de Hanovre commandées par le Maréchal Freytag… et pour couronner le
tout, Carnot ordonne à Houchard de libérer Dunkerque.
Le 6 septembre, avec
40.000 hommes, il emporte Rexpoëde, Bambecque et Oost-Cappel et se dirige sur
Hondschoote.
Le carnage d’Hondschoote
Le 7 septembre, les Français reconnaissent les positions
ennemies et occupent les postes abandonnés la veille. Il envoie néanmoins une
division s’interposer au devant des troupes anglaises qui cernent Dunkerque
mais il semble qu’il n’aurait pas eu tant à craindre de ces 20.000 hommes
retenus par les Français assiégés.
Au petit matin du 8 septembre, les Révolutionnaires lancent
l’attaque, l’aile droite se place entre Beveren et Killem, l’aile gauche entre
Killem, vrai centre du dispositif, et le canal de Furnes. L’assaut sera
frontal ! Houchard prend la précaution supplémentaire de détacher le corps
de Leclaire qui se glisse au long du Lang-Moor sur le flanc droit de l’ennemi.
Les hommes placés au centre sous le commandement de Jourdan se heurtent à la
résistance des troupes de Hanovre qui tiennent fermement Hondschoote.
En plus
des tirailleurs, les Hanovriens disposent de batteries rasantes. Le combat est
d’une rare âpreté, fossés et haies sont autant de positions à enlever. Selon
les témoins, la bataille n’est qu’un vaste corps à corps. Si les
Révolutionnaires finissent par prendre le village, il reste encore 15.000
ennemis dans les redoutes qui entourent Hondschoote et qui mitraillent les
Français. Jourdan veut les réduire au silence avec un corps de 10.000 hommes.
Houchard refuse, qu’importe, Jourdan passe outre avec l’aval du Conventionnel
Delbrel. Les hommes formés en trois bataillons, menés par Jourdan et Delbrel,
emportés par les refrains graveleux de la Carmagnole et de la Marseillaise…
Soudain, la clameur de la victoire
Soudain à droite résonne un cri. La gendarmerie de Leclaire,
qui longeait le Lang-Moor, vient de prendre les retranchements à revers après
avoir fait deux lieux (près de 8 km) au pas de course. C’est que le Corps de
Gendarmerie à Pied de Paris est autant remarqué pour son indiscipline que pour
son courage, rassemblait des anciennes Gardes-françaises, troupes aguerries
s’il en est.
La charge à la baïonnette est puissante. Les troupes de Jourdan,
soudainement galvanisées, crèvent littéralement les lignes ennemies et
emportent le village eux aussi à la baïonnette. Les britanniques s’enfuient en
désordre vers Furnes, abandonnant drapeaux, canons et bagages…Les Hanovriens se
chargent alors de couvrir par leur résistance la fuite des troupes du duc
d’York qui se réfugie lui aussi à Furnes, libérant le siège de Dunkerque et où il est rejoint par les troupes de Freytag…
La Gendarmerie vient de recevoir son véritable acte de
naissance, ce que rappelle la plaque apposée il y a quelques années sous le
Moulin de la Victoire, reconstruit en 1993 à l’occasion du bicentenaire de la
bataille. Un tableau conservé à l’Hôtel de ville montre la violence des combats
(une copie se trouve aussi au Musée des Beaux-arts de Lille), la fureur des
affrontements et la hargne des combattants. Quant à Houchard, il est porté en
triomphe à Dunkerque mais Paris l’accuse de lâcheté pour avoir laissé l’ennemi
fuir. La sentence est sans appel, il est guillotiné le 16 novembre 1793.
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