Saint Winoc, d'abord établi à Wormhout, fonda le monastère de Bergues. Passé par l'abbaye de saint Bertin, située à Sithiu (aujourd'hui Saint-Omer), il suivi d'abord la règle de saint-Colomban, moine irlandais dont l'action evangélisatrice eut une importance indéniable en nos terres septentrionales. La rigueur et la rudesse de cette règle eut autant d'influence que le personnage lui-même dans la restauration du monachisme, voire même de la foi dans une région qu'il fallut evangeliser à nouveau.
In Abbé Ch. De Croocq : « un saint de la Flandre Française,
Saint-Winoc, abbé de Wormhout, patron de Bergues », extrait du tome XLIV
des Annales du Comité Flamand de France », 1944, 190 pages, pp 37-40
« N’oublions
pas que saint Bertin et ses compagnons d’apostolat reçurent leur formation à
Luxeuil sous saint Eustase, successeur immédiat de saint Colomban. C’est de là
qu’ils sortirent à l’appel de saint Omer, et il semble évident qu’ils aient
emporté avec eux la règle qu’ils avaient jusqu’alors suivie.
Cette règle de Luxeuil, code
moral et pénal tout à la fois de perfection monastique, est restée célèbre par
sa rudesse. Le moine doit viser à un détachement complet, à une abnégation
absolue ; il renonce à sa famille, qu’il ne devra plus revoir, aux biens
de ce monde qu’il doit sacrifier, aux plaisirs de la terre, à toutes ses aises.
Pénible et constant sera son labeur, il défrichera, labourera, moissonnera, et
par la pluie et le vent, par le chaud comme la froidure. Sa nourriture lui sera
comptée comme son sommeil : jeûne tous les jours, unique repas vers trois
heures de l’après-midi, mets fades et communs, légumes et pâtes, le poisson étant
réservé pour les fêtes ; de la cervoise (sorte de bière), jamais de vin ni
de viande. Le moine renonce à sa volonté propre ; au premier mot de son
supérieur, il obéira sans protestation ni observation, si pénible, si
impossible peut-être, soit la chose qu’on lui ordonne.
Tous les jours, deux fois, chacun
devra s’accuser de ses négligences et de ses imperfections, et incontinent,
recevra une correction sévère. Car cette règle prescrivait les châtiments corporels,
les coups de verge appliqués pour certains cas jusqu’à eux cents fois, la
prostration sans mouvement, durant le chant de douze psaumes à l’office de la
nuit ; le jeûne au pain et à l’eau pendant deux ou trois jours.
Telle est la règle que saint
Bertin avait connue et pratiquée. Lors de la fondation de Sithiu (Saint-Omer,
ndlr) sans la suivre à proprement parler, il s’en inspira sans doute pour la
formation religieuse de ses disciples, et l’on peut supposer qu’il en tempéra
la rigueur. D’ailleurs, la règle de saint Colomban avait perdu du terrain, et dans
bien des monastères on vivait d’après les deux codes monastiques, celui se
saint Colomban et de celui de saint Benoît, associés en un judicieux amalgame. A Luxeuil, même l’abbé Waldbert, successeur
de saint Eustase, adopta la Règle de saint Benoît, au début de son gouvernement
(620), et saint Eloi, encore laïque, l’imposa en 632 aux moines qu’il établit à
Solignac. Bientôt même, la Règle de saint Benoît l’emporta définitivement, si
bien qu’un siècle après la mort du moine irlandais -615), elle était partout en
usage ; moins rude et plus pratique, elle offrait le même idéal de
sainteté et d’abnégation, tout en professant une tendre compassion pour l’infirmité
de la nature humaine. A Sithiu, où assurément le souvenir et les prescriptions de
saint Colomban étaient restées vivaces, la substitution était-elle opérée à l’époque
où Winoc et ses compagnons y furent admis ? On ne sait, mais on peut
croire que saint Bertin, entraîné lui aussi vers la règle bénédictine, n’aura
pas tardé à suivre le mouvement général.
(…)
Quel vêtement porta saint-Winoc ?
D’après les considérations qui précèdent, on peut admettre raisonnablement que
sa carrière cénobitique, qui embrasse une période de 55 à 60 années, de 660
environ à 717, commença sous la règle de saint Colomban et qu’elle s’acheva
sous celle de saint Benoît. Il aurait donc porté le vêtement Colombien, puis le
vêtement Bénédictin. Selon des témoignages sérieux, les religieux Colombanistes
étaient habillés de blanc. Quant aux Bénédictins de l’époque primitive, on
semble d’accord pour dire que leur vêtement n’était pas noir, mais de couleur
sombre. Il est probable que les moines s’habillèrent d’abord de toutes les
couleurs modestes dont on teignait les vêtements des pauvres, ou, pour éviter les
frais de teinture, de la couleur naturelle des fils dont on tissait leurs
vêtements, teinte bise du chanvre, teinte blanc sale de la laine, teinte brune
du poil de chèvre. Pour la forme de ce vêtement, elle avait dû être, d’après l’usage
des couvents d’alors, quelque chose de simple et d’ample, habillant d’une seule
pièce, une robe en sac avec capuchon, le vêtement grossier du peuple au haut moyen
âge, la coule de nos moines avec des formes moins correctes et assez rustiques.
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