Le hameau de Lynck fut le siège d'un fort de taille respectable qui a totalement disparu. Difficile aujourd'hui, lorsque l'on s'y rend, d'imaginer l'importance que revetait cette position.
In Maurice Million, « La défense avancée de Dunkerque à
travers les âges », 1968, 167 pages, pp.85-86
Il est un ouvrage militaire qui
faisait partir, au XVIIe siècle de la défense avancée de Dunkerque : c’est
le fort de Lynck.
Lynck, situé sur le canal de la Haute-Colme
est, à la fois, un hameau de Cappellebrouck, d’Eringhem, de Looberghe et de
Merckeghem.
Le fort de Lynck a joué un rôle
important dans les guerres du XVIIe siècle pour la défense du passage de la
Colme. Ses canons contrôlaient la navigation sur le canal et les bateaux
devaient payer des droits élevés pour passer.
C’est le général espagnol
Francisco de Mello qui le fit construire en 1644 pour se défendre contre les
Français commandés par le duc d’Orléans. A cette époque, le gouverneur général
des Pays-Bas Piccolimini avait fait élever de distance en distance des forts et
des redoutes. Le hameau de Coppenaxfort rappelle un de ces forts disparus.
C’était un fort carré entouré de
larges fossés tout à proximité de la rivière la Colme. Deux grands bâtiments servaient
de casernements, d’autres servaient pour les officiers, pour le logement du
gouverneur, pour les services du fort et le poste de garde. Il y avait quatre
bastions dont les noms rappelaient les villes qu’il pouvait protéger : les
bastions de Gravelines et de Dunkerque au nord et les bastions de Bergues et de
Saint-Omer au sud. La place était revêtue de gazon, le rempart et les bastions
bien terrassés. Le fossé était toujours plein d’eau à cause des rivières et des
marais voisins. Les abords étaient difficiles car le fort était palissadé et
fraisé (note : Fraisé – terme de fortification. Palissades plantées
dans le talus extérieur du parapet et inclinées à l’horizon).
L’importance stratégique du fort
de Lynck était importante. Durant la campagne de 1645 contre les Espagnols, le
maréchal d’Aumont y livra un combat violent et le fort fut pris. En 1646 de
nombreux combats furent livrés sur les bords de la Colme, avec des avantages variés
entre les Français et les Espagnols : leurs rendez-vous sanglants étaient
au fort de Lynck qui fut pris et repris. Finalement, les Français l’occupèrent
et peu de temps après ils étaient maîtres de Dunkerque.
En 1651, à la faveur de la guerre
civile de la Fronde, les Espagnols se décidèrent à investir Dunkerque et la
région. D’Estrades, gouverneur de la ville reçut l’ordre du gouvernement de
renforcer la garnison du fort. Il nomma le sieur d’Anguai comme commandant et y
envoya une petite garnison prélevée sur celle de Dunkerque.
Mais il ne put empêcher le retour
victorieux des Espagnols qui s’emparèrent de Bergues. L’effort de Sfondrato se
porta bientôt sur le fort de Lynck qui défend la Colme. Les Espagnols
emportèrent les dehors du fort grâce au tir de deux batteries et attaquèrent la
partie centrale. Une bombe bien dirigée fit exploser le magasin à poudre et M.
d’Anguai se rendit après un siège de six jours.
Pendant le siège, les Espagnols
étaient toujours maîtres du fort de Lynck. La garnison commit bien des excès et
la population avoisinante était très malheureuse. En 1673, le gouverneur de
Lynck fit brûler plusieurs maisons et des fermes ; en 1676 pour se venger
de la prise d’officiers espagnols à Gravelines, il fit enlever les
entrepreneurs qui s’occupaient du canal de Bourbourg et les retint prisonniers
dans son fort. C’est ainsi que l’intendant français Le Boistel donna 400
florins au gouverneur pour qu’il n’inonde plus les terres de la châtellenie de
Bourbourg, etc.
En 1676, le maréchal d’Humières
après avoir conquis la ville d’Aire vint mettre le siège devant le fort royal
de Lynck. « La garnison ne soutint que trois ou quatre colées de batteries
de canons et de bombes, elle se rendit fort lâchement prisonnière. Les Français
y campent pendant sept à huit jours et s’emparent dans les alentours du bétail,
de la moisson, saccagent la campagne et détruisent les maisons dont les
matériels servent à remettre le fort en état. Le roi obligea les châtellenies
de Bergues et de Bourbourg à fournir toutes les autres palissades et autres
bois nécessaires ».
Pendant le siège du fort,
Guillaume van der Naelde, fils de Matthieu, bourgmestre de Bourbourg qui était
allé à l’armée conduire quelques chariots avec des barils vides pour dresser
les batteries, fut tué d’un coup de canon tiré des hauteurs de Ravensberg, à
Merckeghem.
Cette citadelle, cause de tant de
brigandages connus dans la châtellenie de Bourbourg fut tout à fait démantelée
après la publication du traité de paix de 1678 ; tous les matériaux furent
transportés si bien qu’en 1695 à Lynck on ne voyait plus aucun vestige de ses
fortifications.
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