Dunkerque a été jusqu’à la fin de la dernière guerre une
ville fortifiée et un port autant militaire que civil. Il est évident que
toutes les époques ont laissé des fortifications. Les Allemands lors de la
dernière occupation ne furent pas en reste et tout le monde connait les
blockhaus qu’ils ont laissé à la batterie côtière de Leffrinckoucke, qui
complétait le fort des Dunes depuis la fin du XIXe siècle, ou encore les
positions bétonnées gravelinoises. Certains Dunkerquois ont d’ailleurs gardé le
souvenir de bien de bunkers aujourd’hui détruits (comme ceux du Parc de la
marine), ensevelis (comme dans le jardin des sculptures du LAAC) ou « réappropriés »
pour servir de fondations à de nouvelles constructions à l’instar de plusieurs
villas sur la digue de Malo. Ce sont là des traces tangibles. Il est néanmoins
une position passée dans l’oubli qui se trouvait à Saint-Pol-sur-Mer : la
batterie E 696.
Installée près du bassin des raffineries de saint-Pol, la
batterie E 696 est mise en place au début de l’année 1941. Son Kommandeur, l’Hauptmann Hermann Nietzer dispose de 4 officiers, 42 sous-officiers
et 180 artilleurs. La batterie est de taille considérable : deux canons de
28 cm et un armement secondaire de quatre pièces de 2 cm Flak 30, trois pièces
de 5 cm KwK L/39, auxquelles ont été ajoutées en 1944 trois obusiers légers de
10 cm et deux projecteurs de 40 cm.
Les pièces de 28 cm étant des pièces d’artillerie lourde sur
voie ferrée, leur orientation est possible par leur installation sur deux
larges tables tournantes (comme celles que l’on trouve dans les dépôts de
chemins de fer), assurant leur rotation.
Les deux pièces numérotées 919 068 et 919 067 sont
alimentées en munitions par une desserte en voie ferrée depuis des soutes en tôles-métro
dont la protection contre les impacts est assurée par une couche de terre. Obus
et gargousses étaient disposées sur des wagonnets dans les soutes, puis poussés
vers les plateformes tournantes puis levées par des grues disposées à l’arrière
des pièces. Les munitions sont alors treuillées jusqu’au niveau du chariot d’alimentation
qui coulisse vers la culasse. Ces pièces de 283 mm ont une cadence de tir d’un
coup toutes les cinq minutes et une portée maximale de 29,5 km pour des obus de
240 kg. Autant dire que leur puissance est redoutable.
La batterie dispose d’un poste d’observation principal situé
au sommet du silo à grains de la Chambre de commerce mais les artilleurs
triangulaient les tirs grâce aux postes de conduite de tirs des positions MKB
St-Pol (positions de mitrailleuses), HKB (position de Flak) de Fort-Mardyck et
es observatoires situés à Malo-les-Bains.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire