Bien que la côte dunkerquoise soit loin de l’Allemagne, le
souvenir de la Grande Guerre incite à la prudence. La guerre déclarée, il
devient urgent de fortifier la région : le Secteur Fortifié Flandres fait
l’objet de travaux de bétonnage dès le début de février 1940, qui durent
jusqu’à l’invasion allemande. Génie et entreprises privées établissent une
ligne de défense reliant Hondschoote, Oost-Cappel, Houtkerke, Steenvoorde et
Godewaersvelde. Le 10 mai, les troupes prennent position entre Bailleul,
Steenvoorde et Hondschoote mais les officiers font remarquer le manque cruel de
munitions tant pour les canons antichars que pour la DCA contre les appareils
de la Luftwaffe. L’orage approche : le 26 mai 1940, les combats se déchaînent
autour de Watten, l’ennemi progresse vers Lederzeele et Noordpenne. Le lendemain
matin, les Allemands se concentrent sur un front allant de Cassel à Watten,
obligeant les Français à se replier de nuit derrière la Haute-Colme…
Le Général Janssen tombe au champ d’honneur
Le 28 mai, la 12e Division d’Infanterie Mécanisée
revient de Lille mais elle a abandonné son matériel dans sa course au travers
des Moëres et entre dans le camp retranché de Dunkerque. Face à la mer, hommes
et officiers sont persuadés d’embarquer très vite : le 8e régiment
de Zouaves installe son PC à Bray-Dunes, le 151e régiment
d’Infanterie cantonne à Ghyvelde et l’Artillerie se positionne à Uxem.
Deux jours plus tard, la Division est détachée du 3e
Corps d’Armée et est placée sous les ordres du Général Falgade, commandant le
XVIe Corps d’Armée. Les ordres qu’il reçoit sont précis : résister le plus
longtemps possible pour prolonger l’opération Dynamo ! Le lendemain, le 31
mai, alors que le Général Falgade inspecte la 12e DIM, le Général
Janssen insiste sur le manque de matériel et la fatigue des troupes exténuées
par les combats et les retraites en urgence. Il obtient aussi de transférer son
PC de Bray-Dunes à Leffrinckoucke, au Fort des Dunes, délaissé par un
Etat-major.
Dans la nuit du 31 mai au 1er juin, le 8e
Zouaves s’installe dans les dunes et sur la plage que le génie a tenté de « fortifier »
du mieux qu’il a pu. Au nord, le bloc La Rochelle, blockhaus édifié pendant la
Grande Guerre démarre la ligne de fortifications. Le 1er juin au
matin, le bloc Vesoul, au bord du canal de Furnes, face au chemin qui mène à la
ferme Deswarte est violemment pris à partie par les mitrailleuses et les canons
antichars allemands. Devant la puissance de feu utilisée, il est abandonné à 11
heures… L’avance allemande est inexorable. Le lendemain, les avions allemands
déchainent les feux du ciel. La DCA anglaise partie, ils ont le champ libre
pour agir. Dans l’après-midi, la Wehrmacht amène une pièce d’artillerie pour
canonner le bloc La Rochelle mais la riposte vigoureuse les oblige à se replier !
Au même moment, le Général Janssen, de retour au fort des Dunes après une
inspection du secteur informe les chefs de corps qu’il a reçu l’ordre
d’embarquer la Division dans la nuit du 3 au 4 juin… Le sort en décide
autrement : vers 18 h 45, un bombardier allemand lâche une bombe qui tombe
directement dans la cour Est du fort où le Général tient réunion. La plupart
des officiers sont grièvement blessés. Quant au Général Janssen, les hommes qui
lui portent secours le découvrent décapité. Les victimes sont enterrées au plus
vie dans le fossé, à l’angle sud-ouest du fort, et sont bénies par le
prêtre-soldat Roche présent au fort.
Mission accomplie
Le 3 juin, vers 17 heures, les Allemands reviennent. Ayant
la maitrise du ciel, rien ne les retient. Une escadrille bombarde le fort en
plusieurs endroits, tuant près de 150 soldats qui pensaient trouver un abri
sous ses voûtes. Le fort ne peut soutenir une nouvelle attaque, le Général
Blanchon, remplaçant feu le Général Janssen transfère le poste de commandement
à l’école de Leffrinckoucke. En fin de journée, la 12e Division
cherche à se rapprocher de Dunkerque. La ville est en flammes, la plage
encombrée de matériel et de corps, des épaves brisent les vagues qui viennent
mourir sur l’estran. Il est temps d’évacuer : une compagnie de
fusiliers-voltigeurs et une section de mitrailleurs du 8e Zouaves
s’installent sur les hauteurs du Fort des Dunes pour couvrir le convoi des
derniers candidats au rembarquement… Malheureusement, le 4 juin, plus aucun
bateau n’accoste, plus aucun navire ne vient face à la plage… L’opération
Dynamo est terminée… Fin de l’aventure pour les hommes du Secteur Fortifié des
Flandres, capturés, ils prennent le chemin de la captivité pour l’Allemagne. Le
sacrifice des hommes, le Général Janssen en tête, n’est pas vain, il a permis a
de nombreux soldats français de passer la Manche pour revenir par la Bretagne
pour une contre-offensive illusoire… mais çà, c’est une autre histoire.
un peu dangereux de tenir une réunion dans la cour du Fort alors que la DCA anglaise est partie, non ?
RépondreSupprimerArrière-petit-fils du Général Janssen, je tiens à corriger l'erreur du rédacteur de ce blog. Voici le texte d'un de mes oncles à propos des dernières heures de Gaston Jasssen au Fort des Dunes: " Thierry, Nous avons dans notre dossier "archives familiales" des descriptions beaucoup plus documentées et précises des circonstances. La phrase qui décrit "une réunion dans la cour du Fort des Dunes" est erronée. La bombe de Stuka est bien tombée dans cette cour mais ce sont ses éclats qui pénétrant par les ouvertures de la casemate où le général s'entretenait avec des responsables sous ses ordres ont tué ou blessé gravement tous les présents." Thierry d'Hauthuille
RépondreSupprimerQUI , peut me donner des renseignements sur la terrible explosion à Bray Dunes d'un magasin à coté de la gare qui était en fait un arsenal? Beaucoup de Républicains espagnols y sont morts, ils s'étaient réfugiés dans cet abri de fortune.
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