in "Anthologie. La Lèpre à travers les siècles et les contrées" par le Dr Démétrius Al. Zambaco Pacha,.., MASSON, Paris, 1914
— Dans un mémoire
publié dans les Annales du comité Flamand de France, tome VIII, en 1866,
intitulé Maison de lépreux Lez-Bourbourg près de Dunkerque, par E. de
Coussemaker, correspondant de l'Institut (imprimerie de
Lefebre-Ducrocq), l'auteur prouve que l'introduction de la lèpre en
Occident ne date pas des croisades, comme on l'a dit et répété ; mais
qu'elle y existait déjà avant le VIIIe siècle. Seulement on ne s'en
préoccupait pas beaucoup et l'attention ne fut attirée que lors de sa
grande recrudescence, au commencement des croisades, lorsqu'elle s'est
présentée à l'état de fléau avec des caractères horribles, occasionnant
d'affreux ravages.
Ici je répéterai ce que j'ai dit, soutenu bien
des fois et bien prouvé que les chevaliers preux étaient moins lépreux
que syphilitiques, et que tous les méfaits de la grosse vérole ont été
mis injustement sur le compte de la lèpre. Et je rappellerai toujours
cette démonstration péremptoire que dans les cimetières réservés
exclusivement aux lépreux isolés et séquestrés, on a trouvé sur les os
des lésions indubitables de syphilis (Virchow, Broca, Lancereaux,
Zambaco).
Quoi qu'il en soit une importante léproserie, placée sous le
vocable de Saint-Nicolas ou maison des Ladres de SaintNicolas, existait
à Bourbourg, arrondissement de Dunkerque, à un kilomètre de la ville.
Elle fut fondée au commencement du XIIe siècle.
Le pape Eugène
III approuva, par une bulle datée de 1145, la faveur d'y célébrer le
service divin et d'ensevelir dans le cimetière y attenant.
Les
bulles des papes Adrien, Luce et d'Urbain III, vinrent plus tard
confirmer celle d'Eugène. Les premiers religieux furent de l'ordre de
Saint-Jean de Jérusalem. Cet établissement eut, successivement,
plusieurs donations. Le revenu de la léproserie atteint la somme de 1193
livres. Dans cet établissement on accueillait aussi des non-bourgeois
et des étrangers ; mais exceptionnellement et temporairement. En
principe, il fallait jouir du droit de bourgeoisie. Celui qui était
déclaré lépreux devait entrer à la léproserie ; il était privé de ses
biens que ses parents se partageaient.
Lorsque la lèpre commença à
diminuer, les revenus de la maison furent consacrés à soulager d'autres
infirmités et même à distribuer comme secours aux malades extérieurs.
Les
choses allaient ainsi, lorsque le roi Louis XIV, par édit de décembre
1672, donna l'administration générale de toutes les maladreries,
léproseries, hôpitaux, hôtels-Dieu, etc., aux chevaliers de N.-D. du
Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem. Plus tard, sur les plaintes
et réclamations des habitants de Bourbourg la possession et jouissance
de l'établissement furent rendues à la ville (arrêt du conseil de Roy en
septembre 1693). Le service sanitaire était rempli par un médecin et un
chirurgien, tant lorsque c'était une léproserie que quand
l'établissement fut transformé en hôpital ordinaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire