Publié le 01/10/2014 - LA VOIX DU NORD, EDITION REGION
On ne badine pas avec le patrimoine. Et un agriculteur belge pourrait
l’apprendre à ses dépens. Mardi, alors qu’il avait besoin de terre, il
est allé se servir sur… la motte féodale classée de la commune. Un site
inscrit aux monuments historiques depuis 1979. L’agriculteur risque
notamment plus de 3 000 € d’amende.
Pour le conservateur régional des monuments historiques, l’affaire
est très grave. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, absolument
rarissime. «
Deux ou trois fois par an, on dresse des
procès-verbaux mais pour des faits plus mineurs. Là, c’est une
destruction, c’est une atteinte grave
», nous indiquait Jacques Philippon, ce mercredi après-midi.
C’est hier que l’agriculteur belge s’est mis à
travailler dans le champ, qui se trouve juste avant le pont de
l’autoroute, au lieu-dit Oudenhove. D’après ce que la mairie aurait
compris, le professionnel avait besoin de terre pour reboucher des trous dans sa pâture.
Il a trouvé la butte parfaitement appropriée.
Un riverain l’a vu et a aussitôt alerté la mairie. Le sang des élus n’a
fait qu’un tour et on a sommé l’agriculteur d’arrêter les frais. Mais
la motte est aujourd’hui complètement rabotée.
Le Belge pas au courant
Le Belge plaide la bonne foi : il n’était absolument
pas au courant que le site était classé, a-t-il affirmé (la parcelle ne
lui appartient pas). Effectivement, sur place, aucun panneau. Rien n’indique, pour un non-averti, que le monticule qui forme une bosse dans le paysage a une valeur. Qu’importe, pour Jacques Philippon, il y a une responsabilité qu’il faudra déterminer. «
Quand un lieu est inscrit, cela figure sur les actes notariés. Le propriétaire est forcément au courant et doit le dire.
» Mais la loi pourrait aussi retenir la responsabilité de l’auteur des faits.
Un procès-verbal va en tout cas être déposé à la gendarmerie,
après constat des dégâts, par la Direction régionale des affaires
culturelles. Puis le tout sera remis au procureur de la République qui
décidera ou non de poursuites. «
Mais vu la gravité du cas, on peut imaginer qu’il y en aura
», suppose Jacques Philippon. Selon la loi, la peine encourue va jusqu’à 3 750 € d’amende, ainsi qu’une remise en l’état du site. «
Mais là, c’est un peu compliqué. Nous allons devoir en discuter.
»
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire