« Il m'a ôté ma dignité, m'a fait perdre un demi-million, il a ri de mes pertes, il s'est moqué de mes gains, il a raillé mon peuple, contrecarré mes affaires, éloigné mes amis, et contre moi a excité mes ennemis, et pour quelle raison tout cela?
Je suis un Juif.
Un Juif n'a-t-il pas d'yeux? N'a-t-il pas de mains, d'organes, de proportions, de sens d'affections, de passions!
Ne se nourrit-il pas de la même nourriture, n'est-il pas blessé par les mêmes armes ni atteint par les mêmes maladies que les chrétiens? N'est-il pas guéri par les mêmes remèdes, chauffé et refroidi par les mêmes hivers et les mêmes étés?
Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas? Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas? Si vous nous empoisonnez, ne mourons-nous pas? Et si vous nous offensez, ne devrions point nous venger? Car, si nous vous ressemblons en tout, pourquoi ne serions-nous pas, en cela aussi, vos semblables? »
Shakespeare, Le marchand de Venise, III,1, 1600
cité par Riccardo Calimani, Histoire du ghetto de Venise,
Stock, coll. Judaïsme/Israël, Paris, 1988, 455 p.
Première édition 1985,
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