Publié le 06/12/2013
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À la vue des dégâts causés par la tempête place du
Centenaire, le Dunkerquois pourrait croire qu’elle a été l’une des plus
sévères jamais connue. Il n’en est rien. Annoncé comme flirtant avec les
120-130 km/h, le vent n’a finalement frappé le littoral qu’à 90 km/h. «
90 km/h, c’est finalement assez fréquent chez nous, confirme Jean Schepman. Ce
qui n’a pas empêché la mer de passer par-dessus la digue. Notre chance
est que les canaux étaient assez bas, et qu’il a peu plu. Nous n’avons
pas pu ouvrir la porte à la mer qu’est Tixier car les vagues étaient
1,30 m plus haut que d’habitude et nous avons dû pomper plutôt que
d’évacuer gravitairement. Pour l’Institution, ce sera un exercice
intéressant car on pourra modéliser cet événement.
»
Ce spectaculaire coup de tabac déclenchera-t-il une
salutaire prise de conscience du risque de submersion marine et de la
fragilité du système de wateringues ? «
Il est temps d’avoir ce débat avec les citoyens et de faire de la pédagogie de ces risques, estime Jean Schepman. De
réfléchir à comment faire pour protéger nos digues de manière naturelle
ou artificielle. Créer un parapet d’un mètre de haut ? Pourquoi pas. Il
faut trouver des solutions, il suffit d’une volonté politique. Il ne
faut rien cacher aux gens, ne pas leur faire peur, juste de leur dire
qu’il est possible de rester aussi mais de se préparer. Car connaître en
même temps un vent violent (130 km/h), une marée de gros coefficient et
un système de wateringues rempli, ça arrivera prochainement ! Si on y
ajoute la submersion marine en même temps, on a les conditions d’une
véritable catastrophe.
»
Cette catastrophe, voilà vingt ans que François
Hanscotte la prédit. Le docteur en histoire médiévale estime que les
responsables politiques évacuent trop rapidement la donnée historique. «
Nous avons moins conscience que les Belges ou les
Hollandais de ce que l’homme a gagné sur la mer. Nous sommes pris en
tenaille entre la nécessité d’évacuer l’eau des wateringues et celle de
faire face à la montée du niveau de la mer. Cette petite tempête est un
phénomène extrêmement ancien, il n’y a rien de nouveau sous le soleil ! »
Et d’expliquer les dégradations de la digue par un phénomène d’ensablement. «
Les courants, majoritairement est-ouest,
entraînent un engraissement de la plage côté Saint-Pol et un dégraissage
côté Malo. D’où ces trois brise-lames qui s’arrêtent avant
Leffrinckoucke, là où le cordon dunaire est fragile. Le sable est trop
près de la digue, il n’y a plus qu’une seule marche à descendre pour
être sur la plage aujourd’hui. Ce phénomène va aller en se renforçant.
Il faudrait sans doute dégager un maximum de sable au pied de la digue,
recréer un cordon dunaire (disparu du fait de l’urbanisation) avec oyats
et aubépines et créer des bassins de rétention. Et sans doute envisager
une collaboration très étroite sur cette question de Boulogne à la
Belgique en dépassant les clivages départementaux et transfrontaliers
».
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