Montée des mers : le nord de la France menacé
Calais encerclée par la mer, Dunkerque et le nord de la
Belgique victimes de fortes inondations, la Camargue sous les eaux :
certaines régions côtières pourraient être modifiées d’ici un siècle.
S’il est impossible de prévoir avec exactitude la montée du niveau
des mers à l’horizon 2100, une hausse 1 m semble crédible, selon un nombre croissant d’études.
Dans ce scénario, le nord de la France sera fortement touché, tout comme la Belgique, estime le CReSIS (Center
for Remote Sensing of Ice Sheets), un organisme américain chargé de
mesurer et prévoir les variations du niveau des mers.
Les habitants de Calais assisteraient à l’encerclement de leur ville
par des inondations multiples, tout comme ceux de la région de
Dunkerque. En Normandie, les alentours de Carentan seraient subermergés.
Des points d’eau apparaîtraient au sud de Cabourg et au nord-est de
Caen, ainsi que dans des villes comme Lorient ou Saint-Nazaire. Les deux tiers de l’île de Ré pourraient se retrouver sous les vagues.
La Belgique pâtirait aussi de cette montée des mers. Dix-neuf
stations balnéaires devront être protégées contre les risques de
submersion, estime le Lépac, un
laboratoire privé de recherche appliquée en géopolitique et prospective.
Le littoral belge, par son exposition et sa configuration naturelle,
est des plus vulnérables à l’érosion marine. Les 66 km de côtes sont
parsemés de dunes de sable, ainsi que de polders. Or ces étendues de
terre gagnées sur l’eau ont un niveau inférieur à celui de la mer (des
zones similaires existent dans le nord de la France, comme le littoral
de Dunkerque).
Ostende, Bruges et neuf autres stations balnéaires sont les points
les plus sensibles. Dans la perspective de 2100, un plan de sécurité est
déjà planifié : le littoral sera réaménagé à l’aide de digues afin de
protéger le centre et les ports.
Les conséquences d’une hausse de 1 m du niveau des mers
demeureraient plus éparses sur la côte nord-méditerranéenne de la
France. Mais la Camargue est
une des zones littorales les plus fragiles du pays : sa topographie
basse et sableuse favorise les risques de submersion et d’érosion face à
des vagues et des houles renforcées.
Des craintes corroborées par le Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (Legos)
qui a estimé à 1 cm la montée de la Méditerranée chaque année, qui
envisage une montée de la Méditerranée de 1 cm par an au cours de ce
siècle.
Des inondations permanentes en Camargue sont donc à prévoir. Narbonne et Perpignan pourraient également être touchées.
Les estuaires sont d’autres zones à risque. Les projections indiquent une augmentation des précipitations au XXIe
siècle, favorisant le ruissellement et accentuant certains débits
fluviaux. Ajoutés à la montée des mers, ces phénomènes pourraient
provoquer des crues et des inondations, selon le projet Estuaire(s) à venir.
Sans renforcement des digues, les zones de marais seraient
régulièrement submergées par la Gironde à cause des fort coefficients de
marée, et l’estuaire pourrait remonter jusqu’aux portes de Bordeaux,
selon le Schéma d’aménagement et de gestion des eaux de l’estuaire de la
Gironde et des milieux associés (Sage).
Le cas de la Seine est plus incertain : avec une possible baisse du
débit moyen, il n’y aurait pas d’ « évolution significative » du régime
des crues, avance l’étude Seine-Aval.
Bénédicte Poirier
Pour
plus d’informations sur la montée des eaux, reportez-vous au grand
dossier du National Geographic France de Septembre 2013 (n°168). « La
hausse du niveau des mers touchera tous les continents. Désormais
inévitable, ce phénomène nous coûtera cher – surtout si nous ne nous y
préparons pas. Les villes côtières se tournent vers l’exemple des
Pays-Bas. »http://www.nationalgeographic.fr
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