In « L’habitation ouvrière dans l’agglomération
dunkerquoise », CAUE du Nord, 1981, 88 p, p.18
La vie de la rue faisait partie de l’habitat. Les seules
sources de loisirs et de rencontres se trouvaient dans la rue qui jouait un
rôle d’animation primordial.
On continue à entendre le soir crier ces mots par toute la
ville « Al Heete, al heete kouken » et particulier les dimanches,
lundis et jours fériés, dès la fin de l’automne et jusqu’à la fin de l’hiver ;
dans presque toutes les rues, de jeunes enfants postés à l’orifice des caves
qui étaient pour lors en saillie sur la voie publique annonçaient d’une voie
harmonieuse que l’on y fabriquait et vendait des « pannekoeken »
toutes chaudes. C’était une sorte de galettes ainsi appelées dans la langue du
pays parce qu’elles se faisaient quelquefois à la poêle, « panne » et
le plus souvent sur une plaque de fer que supportaient des briques ou deux chenets
et qui pax extension se nommait aussi « panne ».
Ces galettes étaient très en faveur à Gravelines et une rue
y porte encore le nom de rue des « Pannecouques ». Vers 1838, on voyait
encore à Gravelines, dans le pavage de
la rue des Pannecouques deux énormes ronds formés en grès, figurant des crêpes.
Ce souvenir ne resta bientôt plus que dans la mémoire des habitants : au
premier remaniement des pavés de la rue, les crêpes disparurent à jamais !
A Dunkerque, les deux ou trois derniers
fabricants de pannecouques cessèrent leur industrie à la fin de l’hiver de 1833
à 1834. Peu à peu, les fabricantes de galette avaient fait place aux
fabricantes de tablettes de sucre.
Celle-ci remonte à 1816 peu après le retour des premiers
navires des colonies.
Ce sont des gens de caves, de ces petits marchands de
fruits, de légumes et de pains d’épices qui firent et vendirent les premiers
produits de ce genre de sucreries.
Cela dura plus de dix ans sans concurrence puis le nombre de
fabricants s’accrut et il se créa un véritable commerce des sucreries.
Les quelques enseignes encore en flamand qui subsistaient
encore au début du XIXe siècle disparaissent peu à peu. Les dernières se situaient
au n°16 de la rue des Prêtres, au haut de l’entrée de la cave, faisant le coin
avec la rue des Vieux-Quartiers dite du Loup ou « Wulfe Straete » au
n° 11 de la rue du Quai et au 2 bis de la rue Saint-Jean, des enseignes de
Cordiers en français, anglais et flamand.
De 1820 à 1825, les enfants de Dunkerque de la classe
ouvrière se livraient encore à des jeux qui avaient des dénominations flamandes
comme le « Pen en Ink », jeu du mouchoir, le « Bol in’t hoedje »,
balle dans le chapeau. La marelle, appelée « Hibkperk ». Dès 1840,
ces jeux se perdent à mesure des progrès de la langue française.
Les premières écoles ouvertes en 1820 et 1821 ont eu
incontestablement la plus grande influence du français sur le flamand.
Heureusement on entendra encore longtemps les poissardes
parcourant les rues de la cité ou les dames des halles chanter « Versche
leevaert » : poisson frais, hareng frais.
A signaler que dans les environs de Dunkerque, au hameau des
matelots pêcheurs mardyckois, se trouve une population toute française et
pourtant depuis le XVIIe siècle les femmes de l’endroit viennent à Dunkerque
vendre leur passe-pierre et n’ont jamais eu d’autre cri que celui, purement
flamand, de « Zee Salaet ».
Description de la vie
de la rue en 1830,
Reprise dans bulletin
de l’Union Faulconnier 1909.
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