Le Luciférisme, pour une
refondation spirituelle, sociale et culturelle
Comme pour le paganisme ou le panthéisme, les figures
divines du monothéisme sémitique et de ses déviances (christianisme et islam) –
Dieu, du moins ses représentations, ses figures – se présentent sous diverses
formes au point de ne savoir s’il est le Dieu de l’amour ou celui de la colère,
dont il faut craindre colère et courroux. Il est vrai que né ou créé, c’est
selon les consciences, dans une région polythéiste, il intègre petit à petit
nombre de caractéristiques des dieux de cette partie du bassin méditerranéen.
L’hébraïsme voulant un dieu omniscient, omniprésent et omnipotent, il se charge
autant de valeurs positives que négatives. Concept difficile à comprendre au
point de trouver, ne serait-ce que dans la Genèse deux courants de rédactions
qui répètent la même chose : un courant élohiste, or « Elohim »
est un pluriel, et un courant yahviste… Yahvé, YHVH, verbe au singulier :
je suis. Dieu se personnalise, se singularise.
Dieu seul, unique et exigeant ! Car il en a des ordres
à donner, le bougre. Il fait tout, voit tout, sonde les cœurs et les reins… et
plus exige une multitude de
comportements et de prescriptions… Reste à les interpréter, il y a des
théologiens pour cela, mais dont les réflexions finissent par aller plus loin
que la volonté divine elle-même. Il ne faut donc point craindre de Dieu mais
surtout de ceux qui parlent en son nom !
Autre conséquence : la religion s’établit alors comme
une théocratie fondatrice et organisatrice. Les lois mosaïques que l’on
retrouve dans le décalogue sont fondement de la société. Or, pour paraphraser
les philosophes des Lumières, l’on ne pourra se passer des lois que lorsque les
hommes seront vertueux. La Vertu pour contrepartie du pêché, le caractère comme
la nature de l’homme est donc dual : bonté et méchanceté, amour et haine,
ne vont pas l’un sans l’autre, un peu comme Eros et Thanatos chez les Grecs…
Une ambivalence, un Janus bifrons qui explique que, parce que théocratie, le
pôle spirituel l’emporte sur le temporel, ce qui impose des limites et des
gardiens. La société hébraïque, comme celles qui naissent par la suite dans la
mouvance judéo-chrétienne, place donc le clergé au-dessus de tout. Moyen-âge et
Ancien régime français, pour exemple, ne placent ils pas le clergé comme
premier des trois ordres de la tripartition fonctionnelle indo-européenne si
bien théorisée par Dumézil ?
La nécessaire
présence du Mal
Il faut donc un moment où expliquer la présence du Mal,
celui où le moment de son apparition est un mal nécessaire où tout bascule et se
décide… Si Dieu créé le monde tel que la religion le reconnait (et dont la
vision, chronologie mise à part, n’est pas incompatible avec la science), il
faut trouver un biais pour expliquer le basculement de la félicité totale du
jardin d’Eden à la naissance du monde humain lorsqu’ Adam et Eve en sont
chassés violemment…
Car après tout, Dieu, créé l’univers et le monde en six
jours, se réservant le septième… Le samedi devant donc en toute logique servir à l’imiter
pour lui rendre gloire… avec comme dernière invention l’Homme et… la femme. Un
monde parfait, où coule le lait et miel, où le lion couche avec l’agneau mais
où s’impose déjà une interdiction fondamentale : ne pas toucher à l’arbre
de la connaissance ! Le seul tabou immédiatement imposé. Il faut donc qu’homme et femme soient là,
croyant sans condition, obéissants sans limite pour être heureux, bref une
soumission dans l’ignorance, sans acte créateur, sans sexualité, sans
interrogation. Il faut avoir un bouc émissaire qui, à l’instar de la bête que
l’on chargeait des péchés de la communauté d’aller mourir avec eux dans le
désert, un coupable qui ne peut être Dieu ! Logique finalement :
comment Dieu pourrait-il demander à ses propres enfants d’obtenir la
connaissance, la science, la conscience de leur condition alors qu’il leur
offre une sérénité béate dans laquelle aucune évolution n’est possible ?
« Bienheureux celui qui croit sans avoir vu »… on connait la
suite ! Un père inciterait (il ses enfants à désobéir, mentir, bafouer les
lois. Ce père-là serait indigne. Dieu, bien que polyvalent, ne peut le faire
sans compromettre l’équilibre de sa création.
Le Mal, le ver dans le fruit, le grain de sable dans les
rouages, tel un deus ex-machina, intervient pour débloquer la situation, comme
dans les pièces de théâtre antique où le fin de l’histoire ne peut se faire
parce que dans l’impasse ! Il faut donc nécessairement une intervention
externe pour débloquer la situation. Là et seulement là, l’Histoire peut
commencer réellement au lieu d’être figée au creux d’un jardin merveilleux mais
appelé à la sclérose.
Coupable désigné donc, le diable… Diabolos, le Mal, celui
qui introduit le ver dans le fruit… la fameuse « pomme » du premier
péché, mais un ver qui prend la forme d’un serpent. L’image n’est pas anodine.
Le serpent est chargé d’image négative : silencieux, il ne peut être que
pernicieux. S’insinuant, sans laisser de trace, sans pattes, il rampe, passe
partout. Pourtant muet, sa langue fourchue, passe pour le langage du mensonge…
et sa forme, phallique, rappelle le plus grand péché des hommes et un des
maux absolus pour les Eglises : la sexualité. Avec le mal nait donc le sexe. Or
que fait le « diable », il incite la femme à commettre l’irréparable,
s’emparer du « fruit de la connaissance », et le partager avec
l’homme… Ici d’ailleurs, soit dit en passant, nait aussi la diabolisation de la
femme, coupable de faire fauter l’homme, suscitant la concupiscence, l’envie,
la luxure. Une fois le méfait commis, ils s’aperçurent de leur nudité, en eurent
honte et conscience, et se cachèrent de Dieu. Contrairement aux animaux,
l’homme et la femme ont une conscience. Dieu qui
leur a insufflé son « anima », son âme car il les fit à SON
image apprennent leur place spéciale au cœur de la création divine. Ayant accès
au désir mais aussi à la honte, la culpabilité devient un vrai fonds de
commerce pour Dieu (et ses représentants). Pouvant poser des questions à Dieu,
voire aptes à prendre leurs propres décisions, l’issue ne peut-être que
fatale : les voilà chassés du Paradis terrestre et chargés du péché
originel, la faute d’Eve. Seule Marie, vierge théologique (pour la virginité
anatomique, cela relève d’un autre domaine) que le dogme de l’Immaculée Conception,
exempte, permet au Verbe de prendre
chair. Sinon, impossible que Dieu ait un fils qui lui soit consubstantiel, de
même nature que lui, en venant depuis une matrice souillée par le
pêché !!! L’Homme nait donc immédiatement pêcheur et doit passer sa vie à expier
une faute qu’il n’a même pas commise… Voilà bien de quoi compromettre toute
tentative d’évolution personnelle puisque tout semble joué d’avance !
L’ordre est clair une fois chassés du Paradis
terrestre : « Croissez et multipliez, emplissez la terre et
dominez là ! », « homme, tu gagneras ton sel à la sueur de ton
front », « femme, tu enfanteras dans la douleur ». Le mal est
fait et l’Homme se voit doter de normes morales que l’on retrouve dans les sept
péchés capitaux comme dans les sept vertus cardinales, et plus tard dans le
décalogue. Croire sans limite, réserver sa dévotion à un SEUL Dieu, normalisant
la société par des comportements qui ne
coulent pas de source apparemment. Et pour les plus sages, ajoute-t-on les
trois vertus théologales : foi, espérance et charité… comme s’il fallait
en plus rassurer.
Et le diable, Satan,
Lucifer dans tout cela ?
Dieu n’en a pas fini avec lui. Présent dans le jardin d’Eden
de façon absolument nécessaire comme élément déclencheur, comme détonateur pour
entrer enfin dans l’Histoire, il est le tentateur, celui qui pousse à la faute,
celui qui apporte la contradiction, qui met en évidence les fautes, les
faiblesses et les faillites des Hommes. D’ailleurs, dans le Livre de Job, on
parle du satan, en minuscule, le procureur qui montre à Dieu la faiblesse de
l’homme en désignant le pauvre Job… Il fait quelques apparitions, mais à chaque
fois, il est là pour pousser l’homme dans ses retranchements, mettant sous la
lumière crue envies et désirs, tentations et failles… comme pour mieux montrer
à Dieu que son œuvre est imparfaite… normale, elle est humaine, d’ailleurs, le
sagesse ne dit-elle pas autre chose : l’erreur est humaine ? L’homme
a perdu une grande part de son essence divine par son exil du jardin d’Eden… Un
peu plus tard dans la Bible, et plus exactement dans les Evangiles, Satan fait
des apparitions, en « guest-star ». Jésus pratique des miracles et
aussi des exorcismes, preuve s’il en est que le Mal est dans le cœur des
hommes…
D’ailleurs, celui-ci se nomme, condition sine qua non à tout exorcisme
et se présente sous le nom de Légion
« car nous sommes nombreux »… Le Mal, contrairement à un Dieu unique et
monolithique, a de multiples visages, de nombreuses facettes, il n’est pas un
diamant brut mais une pierre parfaitement taillée ! Finalement le Mal tel
qu’il se définit est protéiforme… Conçu pour éprouver l’Homme, ne tente-t-il
pas Jésus lors de sa retraite au désert ? Ne lui offre-t-il pas la
disposition des royaumes terrestres, la puissance et la gloire, ne lui
offre-t-il pas toutes les richesses ? Né d’une femme, le Nazaréen est fils
de Dieu, engendré et non pas créé, il devrait être à l’abri de la tentation
mais non ! Il peut en avoir car il a aussi une essence humaine puisqu’homme
fait de chair et né d’une femme…
Voilà donc un autre étrange rapprochement avec le paganisme
occidental : le Christ peut être considéré comme un héros, c’est-à-dire un
demi-dieu : une dimension divine imbriquée dans une dimension humaine.
D’ailleurs, n’est-il pas régulièrement désigné par le terme de «fils de
l’Homme» ? On peut aller plus loin en considérant l’hérésie arienne,
pour laquelle le Christ a été créé et non engendré (ce qu’affirme le credo de
Nicée) pour n’être qu’un homme doté de superpouvoirs dans le but de marquer les
esprits.
Un doute sur sa figure humaine ? Du haut de la croix,
il a aussi ses moments de doute car s’il accorde son pardon aux hommes, arguant
qu’ils ne savent pas ce qu’ils font, il implore son père et lui demande
pourquoi il l’a abandonné, interrogation régulière d’ailleurs chez tous les hommes quand cela va mal, à l’exception
de Job, dont la foi est plus que chevillée au corps…
Dieu ne peut être
partout, le « Diable » non plus
Dieu est une abstraction difficile à comprendre. L’Homme est
« un esprit simple dans un corps simple » car comment représenter
Dieu : il ne veut pas d’idole, pas de statue, pas de portrait. Il est
partout, voit tout, entend tout, ordonne et juge tout. Ceci dit, son omniscience
et son omniprésence ne lui laissent pas
trop le temps de s’occuper des hommes en permanence. Il faut donc des anges,
des supplétifs qui veillent sur les hommes, interviennent et parfois
intercèdent avant que les saints du christianisme ne prennent le relais.
Après tout, qui vient visiter Loth, le neveu d’Abraham, pour
avertir de la destruction des cités pécheresses de Sodome et Gomorrhe,
corrompues par le vice et le péché de sodomie et du non-respect des lois de
l’hospitalité, cruciales dans le désert et la plaine sinon ce ne sont deux
anges ? Ceci dit, celle-ci est associée à l’homosexualité, qui pourtant
n’est pas une pratique purement homosexuelle ! Elle est perçue comme une
attitude passive donc… féminine (tiens on revient à la condamnation de la femme
dans la création du péché originel !) et comment justifier sa mise au ban
de la société juive antique, ce qui est finalement curieux dans une société
matriarcale qui offre une filiation per ventrem et non per vergam !!!
Qui vient annoncer à la pauvre Marie, à peine mariée,
qu’elle porte en elle le fils de Dieu, celui qui par son sacrifice, se chargera
des péchés du monde, faisant d’ailleurs de Joseph le cocu le plus compréhensif
de l’histoire biblique, voire humaine ?
Reste la prétendue
asexualité des anges, elle n’apparait qu’au concile de Constantinople en 1453,
un concile orthodoxe qui plus est, dont les canons ne devraient donc pas être
reconnus par les catholiques. L’Orthodoxie étant schismatique depuis
1053 ! Le christianisme oriental pousse loin la réflexion alors
parfaitement inutile : les Turcs grimpent à l’assaut des mus de la Deuxième
Rome, avec le succès qu’on leur connait !
Notons toutefois au passage deux points concernant les
anges. Dans l’ancien testament, les Nephilim sont évoqués comme fruit de
l’union de « fils de dieu », des anges qui se sont épris des filles
des hommes, se sont unis à elles et ont engendré des êtres hybrides qui se sont
corrompus avec le temps et dont les torts sont suffisants aux yeux de Dieu pour
« gommer » sa création par le Déluge, ne sauvant que Noé et sa
famille … Les Anges pouvaient donc
descendre sur terre, revêtir aspect humain, s’unir charnellement avec les
filles des hommes et engendrer… Ce sont donc là des anges déchus car ils
goutent aux plaisirs de la chair, un des tabous essentiels de la religion.
La plupart ne pouvant, par punition, regagner leur état
spirituel mais pas non plus garder leur défroque humaine, ni rester sur Terre,
sont rejetés. Ils sont les premiers démons. Preuve en est de leur sexualité,
l’Eglise définit deux espèces de démons : les mâles ou Incubes, les
femelles ou Succubes, qui les uns comme les autres abusent des humains dans
leur sommeil, les tentent…
D’ailleurs, la démonologie place souvent à la tête des
succubes la fameuse Lilith, la première femme d’Adam selon la Kabbale, rejetée
pour avoir refusé de se soumettre à Adam. Des ailes lui seraient poussées, lui
permettant de fuir l’Eden et de laisser la place à Eve. Lilith, femme
primordiale que la Kabbale assimile à un démon à la fois aérien et chtonien, un
démon dévoreur et tentateur allant jusqu’à la replacer dans le paradis perdu
sous la forme du serpent tentateur… Orgueilleuse, désespérée, ne décolérant
pas, elle cherche le suicide avant de pouvoir engendrer des démons nés de la
semence d’Adam tombée à terre. Car la semence doit être productive, sinon
pourquoi condamner le péché d’Onan qui refuse d’honorer « bibliquement »
la femme de son défunt frère. Pourtant la bible ne parle pas de masturbation
mais bien qu’Onan préfère « laisser sa semence se perdre dans la
terre ».
Second point avant de revenir aux anges déchus en
particulier, concernant les anges en général, c’est bien la représentation qui
en est faite. La représentation du sexe étant bannie dans l’Eglise en général,
on est confronté à des anges de deux sortes : des adultes ou des
adolescents efféminés, des éphèbes asexués ou ambivalents... ; et des
enfants joufflus, se rapprochant des « amours », les Eros antiques…
aux caractéristiques sexuelles des enfants ainsi que la montre l’iconographie
du Grand Siècle puis du Romantisme…
Amen, les anges ont donc bien un sexe… mais c’est pour la
bonne cause !
Qui peut faire l’ange
peut faire la Bête : le satanisme en question
Le satanisme classique, tout comme le satanisme Laveyen,
sont de véritables religions de la négation, un quasi nihilisme religieux. Il
s’agit ici, et ainsi que le définit Anton Lavey, le fondateur de l’Eglise de
Satan en 1966, de renverser les symboles chrétiens, de parodier le culte et le
rite au travers de messes noires, mêlant sexe, magie et décorum… mais le
décorum est aussi, quelque part, un apanage du catholicisme. A la différence
des affaires de satanisme du Grand Siècle, des affaires policières et des
intrigues de cour du règne de Louis XIV, il est théorisé, reçoit SA bible
satanique mais dont il appert qu’elle n’est qu’un corpus de réflexions et un
ensemble de rites qu’Anton Lavey développe dans plusieurs ouvrages dont la
lecture est certes plaisante mais d’accès difficile. Il faut s’adresser à un
éditeur confidentiel.
A la différence du Grand Siècle, il s’agit de rejeter une
société de conventions en prenant le contre-pied, surtout dans une Amérique
christianisée (et non nécessairement catholique) où Dieu est partout, du
serment sur la Bible à tout moment, que ce soit dans le prétoire ou à
l’intronisation du Président, où la mention « In God we trust »
figure sur les monnaies… et où, de plus en plus d’ailleurs, les courants
religieux fondamentalistes prennent un essor jamais démenti, ce que le défunt
Lavey pourrait constater avec la politique des Républicains… mais personne n’a
prétendu que les Etats-Unis d’Amérique étaient un état laïc !
Lors du Grand Siècle, la participation au Satanisme était le
fait avant tout de petites gens, assez désespérées pour demander au Diable,
lassées d’un Dieu sourd à leurs suppliques… pratiquant un quasi paganisme
oublié dans le syncrétisme de la colonisation, pardon de l’évangélisation et
où, trouver des sorcières permettait de trouver des responsables à leurs
malheurs dans de véritables crises d’hystérie collectives (encore une fois
misogynes, l’adage « pour un sorcier, mille sorcières » étant
pleinement confirmé par les procès en sorcellerie), confondant d’ailleurs les
rebouteux, médecins empiriques avec des serviteurs du Diable, poussée par
l’Eglise qui cherche des responsables pour expliquer le silence de Dieu et la
dureté des temps tout autant que pour confirmer sa position hégémonique en
trouvant des coupables… l’hystérie durant d’ailleurs jusqu’au XVIIIe siècle !
D’ailleurs, quand ce ne sont pas les sorcières que l’on accuse, ce sont les
Juifs…
De l’autre côté de l’échelle sociale, les Grands et
puissants qui, par la participation aux messes noires, dénient le caractère
sacré du roi (sacré mais pas saint, on ne peut le toucher). Se révolter
sincèrement ou apparemment contre Dieu, c’est se révolter contre le Roi, lui
dénier le rôle de chef de l’Eglise de France, de roi très chrétien, de
lieutenant de Dieu sur Terre. C’est aussi défier l’Eglise dans son rôle
d’organisateur social avec la mise en place de dogmes et de prescriptions
canoniques (quoique sont nombreuses celles qui émanent du pouvoir temporel).
D’ailleurs, les pratiques sexuelles ne débouchant pas sur une procréation se
banalisent : la pratique du coït interrompu, l’usage du condom, des actes
qui contreviennent à l’ordre divin, donc de rébellion inconsciente. On
conteste, puis on refuse la société judéo-chrétienne plaçant Dieu au-dessus de
tout. Visibilité de cette négation ? Le libertinage. On prend du plaisir
avec le sexe qui ne sert plus seulement à l’enfantement ou à la miction… Et si
on conteste Dieu, finalement on conteste son représentant, c’est-à-dire le Roi.
On glose souvent sur l’influence des Philosophes des Lumières dans la
Révolution de 1789… Rions un peu, quelle part de la population savait lire, et
parmi celle-ci quelle part avait les moyens d’accéder à leurs textes !
Enfin, dans la haute société de l’époque, participer aux
messes noires, même en profanant hosties et ciboires permettait en tout
quiétude de participer à l’autre versant des cérémonies : les
orgies ! Quelle façon de se dédouaner la plus facile et de s’absoudre de
ses péchés en invoquant une possession, de dire que l’on n’était pas soi.
Position schizophrénique d’aller à l’église le jour et aux messes noires la
nuit… mais tellement rassurante.
Le vrai sataniste, lui, chantre de la destruction, n’entre
sous aucun prétexte dans les églises, profane les symboles religieux et prône
la destruction stérile et inconstructive : le désordre dans le chaos. Mais
il faut en convenir, l’image du diable, de Satan puisque maintenant on peut le
nommer, a été mise à mal par les médias. Satan, souvent présenté dans les
contes médiévaux n’est pas nécessairement mauvais, il est souvent facétieux,
fait de vrais blagues de potaches, est souvent naïf car berné par des hommes astucieux.
D’ailleurs beau joueur, il s’amuse autant qu’il provoque les péchés des hommes.
Un peu comme un ami de mauvais conseil ou un bringueur qui vous emmène dans des
fêtes qui terminent mal, il propose des contrats aux hommes mais jusqu’à la
période romantique, il n’offre que richesse, pouvoir ou de construire routes et
demeures qu’il est impossible d’élever…
Satan est pragmatique… et comment expliquer
qu’il demande une âme en prix de ses aides si ce n’est qu’il vole là une partie
du souffle divin, la fameuse anima insufflée par Dieu à Adam… et quoique Satan
soit riche (vu les contrats qu’il signe, il vaut mieux), la richesse matérielle
n’est pour lui qu’un moyen, pas un but. Pour cela et comme pour Dieu, il a des
aides précieux que sont ses démons, incubes et succubes… dont l’origine est à
rechercher aussi du côté de l’extension du judaïsme primitif : les dieux
païens rejetés, pour être condamnés vraiment, sont « diabolisés » et
se retrouvent non pas à la droite de Dieu mais à la gauche du Diable, la
fameuse voie de la main gauche d’Anton Lavey. Un exemple parmi tant
d’autres : Belzebuth… qui n’est autre que Baal Zebub, Baal seigneur des
mouches, en raison de la présence de ces insectes pullulant autour des cadavres
des enfants qu’on lui sacrifiait en Phénicie. L’enfer est divisé en légions
infernales comme le paradis l’est en milices angéliques.
Le satanisme est donc le contrepied du christianisme. Mais
aujourd’hui, finalement, mis à part quelques convaincus que Dieu les a
abandonné et se tournent vers l’antithèse de Dieu, qu’est-ce que le
satanisme ? Il est comme celui du Grand Siècle, mis à mal par les médias.
Les films présentent le Diable non plus comme un être facétieux ou que l’on
dupe souvent, il devient un sujet non de réflexion ou de foi mais un véhicule commercial
que l’on met à toutes les sauces et apparait comme une façon de se rebeller. La
plupart des groupes de Black Metal, une variante ultra-violente du Heavy Metal
en joue (je puis en parler en connaissance de cause étant moi-même, je dois
confesser, amateur de ce type de
musique, ayant vu naître ce courant musical) mais concédons le, pour la
plupart des musiciens, c’est une façon de se démarquer des autres groupes et
bien peu, faut-il le dire, sont réellement convaincus… Les quadragénaires quoi
ont connu le groupe KISS ayant la parenthèse des concerts sans maquillage
savaient que les membres du groupe quittaient leur grimage dans l’intimité et
c’était devenu un sport chez les fans de tenter de faire une photo d’eux à
visage découvert ! Comme disait un
chanteur de ce courant, il n’est pas facile de s’appeler Lord Kaos et de faire
ses courses au supermarché tous les jours ! C’est bien affaire de
« business »…
Une exception notable et de taille cependant réside dans le
Black Metal scandinave qui, rejette le christianisme pour une question de
retour aux sources et aussi, il est vrai de politique. Il ne faut pas oublier
que les populations scandinaves furent longues et difficiles à convertir, les
dernières après même le baptême de la Russie ! Touchés d’abord par le
néo-paganisme, il est envahi par le néo-satanisme, convaincu d’un retour aux
sources, à un âge d’or, tellement rêvé que cela peut aller pour certains
jusqu’à incendier des églises. Mais cela, finalement est aussi un affect
politique car une frange de ces groupes flirtent allégrement avec les droites
extrêmes qui exaltent force et virilité (le christianisme paraissant comme un élément
étranger… et un abus de faiblesse), le retour à l’idéal identitaire et au rejet
du judéo-christianisme.
La plupart des fans ayant un peu de réflexion sont capables
de faire la part des choses. Après tout, croient-ils que l’acteur qui joue
Superman vole-t-il vraiment ? Que celui qui a le rôle de Spiderman rampe
au plafond ? Que la série Saw montre des meurtres sadiques réels
comme dans les snuffmovies? Bien évidemment que non… à moins qu’il ne faille
désespérer… C’est là, la plupart du temps, un véritable folklore qui n’a rien à
envier aux conventions star Wars, Star trek et aux autres rassemblements de
cosplay !
Satan est une chose,
Lucifer en est une autre
Le Luciférisme quant à lui semble avoir quasiment disparu de
la scène mais il est vrai qu’il reste pour beaucoup un souvenir inconscient des
études scolaires. Courant de pensée diffus, sans livre de référence, sans texte
fondateur et organisateur, il est une nébuleuse… dont le centre est Lucifer. Or
Lucifer n’est pas L’aspect angélique de Satan, pas plus que Satan n’est le
visage démoniaque de Lucifer, ils sont fondamentalement différents.
Attardons-nous quelques instants sur Lucifer, littéralement
le porteur de Lumière. Un « Ange » de lumière, symbolisant la
connaissance, déchu parce que rebelle, renvoyé sur terre ou en enfer et qui
paye lourdement le prix de sa rébellion par une souffrance, une affliction et
une solitude profonde mais sans pour autant faire preuve de componction. Il a
offensé Dieu mais le regrette-t-il vraiment ? Difficile de le savoir
puisque sa déchéance est le fruit d’un parcours pensé et pesé. Néanmoins, en
contrepartie, exclu des milices célestes, il est relevé de son devoir d’obéissance
envers Dieu et donc est libre et affranchi des conventions et prescriptions
divines.
A la différence de Satan pour qui tout est perdu, antithèse
et négation de Dieu, Lucifer est une passerelle entre monde aérien et monde
chtonien. Car tout déchu qu’il est, il n’est pas impie, il est susceptible de
recevoir le pardon de son maître et de connaitre la rédemption donc de
retourner à la droite de Dieu. Il n’est point rejet définitif mais autre
manière de concevoir la condition humaine comme la dimension divine. Et si
d’aventure il implore le pardon d’avoir été renégat, c’est alors en parfaite
connaissance de cause ! Ce que Satan lui-même ne peut faire, chez lui, le
rejet de Dieu est définitif.
Le Luciférisme est un avatar de la littérature romantique, à
cheval entre agnosticisme des Lumières et matérialisme athée, notamment
marxiste. Il se veut alors une tentative nouvelle de s’affranchir des
conventions d’une société empreinte d’une forte religiosité à défaut d’être sincèrement
religieuse. Ce n’est donc pas une religion mais une posture philosophique,
littéraire sans nécessairement être religieuse… d’ailleurs aucun texte sacré ou
se voulant tel, aucune « révélation » ne s’y rattache ni ne s’en
réclame.
D’ailleurs, si Lucifer n’apparait pas dans l’Ancien
Testament, si ce n’est une obscure mention, à la signification voilée, il est
associé dans le paléochristianisme au Christ lui-même, ne vient-il pas apporter
la Bonne Nouvelle (l’Evangile)…
Au moment de la querelle entre les hérétiques ariens et les
partisans de Lucifer de Cagliari en 354, l’attitude de celui-ci provoque un
schisme dans l’Eglise en refusant l’entrée dans la communauté catholique,
romaine et apostolique aux ariens qui ont apostasié l’hérésie. Il semble que
Lucifer devienne alors à ce moment-là un terme péjoratif, relié d’abord à une
intolérance religieuse profonde et à l’absence de pardon d’une frange
catholique envers d’anciens hérétiques. Notre Lucifer, présent chez le poète
Virgile, est annonciateur de l’aube et semble d’abord associé à la planète
Venus, la plus brillante au matin, qualifiée improprement « étoile du
Berger »… autre idée l’associant à Lucifer, ange déchu c’est que ses
positions au périodes synodiques (c’est-à-dire le temps que met la planète à revenir
dans la même configuration terre-planète-soleil, ici de huit ans), permet de
dessiner un pentagramme… une étoile à cinq branches qui s’inscrit dans le
cercle de son orbite… voilà encore un symbole ramenant aux sciences occultes…
Lucifer n’est donc PAS le diable, il n’est PAS Satan, principe
et essence du mal mais un ange déchu, rejeté car puni par Dieu. Il est un
réprouvé, un banni, qui, pare que porteur de Lumière, est le Prométhée des
chrétiens. Contrairement au diable médiéval, il n’est pas ridicule ou niais
voire naïf (car l’on sait que le rire exorcise la peur), c’est un personnage de
tragédie, mélancolique comme le furent les romantiques qui apporte aux hommes
la connaissance, ce que craint l’Eglise qui, encore est réactionnaire sur ces
questions (après tout Galilée n’a été réhabilité par le Saint-Siège qu’en 1992 !)
en l’opposant à la foi et à la croyance aveugle.
Le mythe prométhéen est donc prégnant dans l’œuvre
romantique. Dieu n’aurait voulu que des croyants serviles à qui Lucifer veut
offrir la connaissance pour les éprouver mais aussi pour leur offrir le
libre-arbitre. Refusant de revenir sur son projet, et doutant de Dieu qui
n’aurait créé l’homme que pour son adoration sans faille, se rebelle et
effectivement, s’éloigne de la vision déiste, celle d’un Dieu grand horloger de
l’Univers dans lequel tout est écrit d’avance.
Une interprétation théologique qui ne laisse que peu d’espoir au profit d’une
liberté réelle pour l’homme, même de ne pas croire.
En découle alors trois personnages, une seconde trinité (non
point le Père, le Fils et le
Saint-Esprit) mais une trilogie : Dieu représentant l’ordre immuable,
Satan partisan de la destruction de l’œuvre de Dieu et du chaos, antithèse de
Dieu, et entre les deux la synthèse, Lucifer qui offre l’évolution par la
connaissance, sans rejeter Dieu totalement mais les dérives théologiques et le
dogmatisme. Le Luciférisme peut-il donc être purement chrétien ? Pas plus que le christianisme
peut être stoïcien car il implique le refus d’une croyance aveugle sans
toutefois dénigrer le phénomène religieux. Il exige d’étudier et de comprendre,
de rejeter la superstition comme de refuser ce qui dans le dogme relève de la
tradition et ce qui vient du Texte, de ce qui émane d’interprétations le plus
souvent politiques. Quant aux cultes lucifériens, c’est une autre chose dont
quelques variantes ont versé dans le domaine sectaire en confondant justement
Luciférisme et satanisme… et encore laisserons-nous pour l’heure de côté la
figure de l’antéchrist, qui relève du Livre des Révélations, la fameuse
apocalypse de Jean. Son intervention est tout autre car annonciatrice de la fin
des Temps humains, de la fin de la Jérusalem terrestre au profit de
l’installation de la Jérusalem céleste.
Lucifer est bien un personnage romantique. Goethe popularise
la figure de Faust. Que désire Faust finalement en actant son pacte avec le
Diable si ce n’est la connaissance alchimique, ésotérique ou magique ? Le
sens caché, voire hermétique, de la chose religieuse n’est pas autre : ne
comprennent les écritures que ceux qui y ont accès profond et savant. Et la
connaissance, le défi ultime, c’est de faire comme Lucifer, se hisser au même
niveau que Dieu !
Ainsi, s’il ne fallait garder qu’un exemple, ne devrait-on
citer l’œuvre de Mary Shelley. La créature, confondue à tort avec son créateur,
répond parfaitement à cette thèse. « Frankenstein ou le Prométhée
moderne » parait en 1818 et aujourd’hui connu par pléthore de films qui
s’en sont inspirés que par l’ouvrage lui-même. Que fait le fameux docteur
Frankenstein si ce n’est créer la vie à partir de la mort et animer un cadavre
reconstitué. C’est bien faire œuvre de démiurge, se prendre pour Dieu en créant
la vie, pas en procréant ! Qu’apparait-il à la lecture de l’œuvre ? La
solitude de la créature face aux hommes qui le chassent, Un être frustre comme
un enfant doté d’un nom puissant puisqu’il se désigne comme
« Légion », ainsi que le Diable se présente à Jésus lors du premier
exorcisme et surtout une pensée qui s’affranchit des commandements religieux, réfractaires
au progrès et à la recherche. L’homme se veut alors l’égal de Dieu, à l’image
de Lucifer, mais comme ce dernier, la créature et son créateur sont punis.
De fait, le Luciférisme se veut aussi une réflexion sur la
condition humaine, autant philosophique que sociale mais sans exclure, ainsi
que le fait le matérialisme marxiste, toute notion de religion ou de
religiosité. Après tout, l’histoire des mentalités démontre que les populations
gardent encore des réflexes et des comportements directement issus de la pensée
antique et de superstitions païennes et chrétiennes auxquelles se joignent des
observations de bon aloi qui se théorisent par des adages, des dictons ou des
croyances populaires… Des différents écrits « lucifériens » réels ou
supposés, l’on peut donc déduire des thèmes récurrents et prégnants.
Le Luciférisme, un
projet émancipateur et égalitaire
Tout d’abord, le Luciférisme implique une recherche effrénée
de savoir. Le savoir c’est le pouvoir, la compréhension du monde et donc son
appréhension.
La Lumière chasse les Ténèbres, la Connaissance repousse
l’Obscurantisme voire le dogmatisme… Il faut donc rejeter la superstition car
non fondée mais aussi revenir aux textes religieux sans passer par le dogme,
c’est-à-dire l’ensemble des choses auxquelles l’on DOIT croire… Protestants et
Humanistes n’ont pas procédé autrement… et pourraient bien être les premiers
Lucifériens mais sans pour autant verser dans l’athéisme, car le fait religieux
existe et l’on ne peut gommer d’un coup des milliers d’années de croyances,
donc de comportements implicites comme explicites. Cela ne revient-il pas à
faire le pari de Pascal : parier sur l’existence de Dieu : rien à
perdre, rien à gagner. Mais les religions étant fondatrices et organisatrices
sociales, il importe de les étudier en toute sérénité, autant pour elles que
pour les traces qu’elles laissent et qui s’estompent comme les pas sur le sable
sans toutefois disparaitre totalement. D’ailleurs, le Luciférien peut admettre
une foi sincère mais ne peut que rejeter les comportements de Pharisiens comme
ceux des fanatiques !
Cela n’implique pas d’exclure Dieu de la réflexion mais de
ne garder que les implications du phénomène religieux. Mais les Libres penseurs
n’ont-ils pas commencé ainsi ?
En second lieu, admettre une absolue égalité entre les Hommes
tout autant qu’entre hommes et femmes. Cela pourrait conduire à une remise en
question totale de la société. Politiquement, le Luciférisme se veut donc
égalitaire, peut se transformer en anarchisme (au sens littéral c’est-à-dire
absence d’ordre social) et donc d’amener une contestation politique.
Agnostique et apolitique, le Luciférisme n’exclut donc
personne, n’interdit aucun domaine d’étude et demande la remise en question de
toute chose établie par son étude raisonnée et non pas pour le seul désir de
contester.
S’opposer oui, mais en sachant pourquoi, en pleine et totale
connaissance de cause, ce qui implique plusieurs postulats de départ :
liberté de pensée, liberté d’agir, liberté d’étudier, étendue à tous et toutes,
ce qui nécessite une totale transparence et une école qui forme des esprits ouverts
prompts à se poser des questions autant que d’accumuler du savoir, car sans
savoir, il n’est pas possible de se
poser les questions… et de fait, le Luciférisme exige la libre circulation du
savoir et de la connaissance.
Qu’un auteur, qu’un chercheur fasse payer l’acquisition de
ses ouvrages est logique car l’on ne peut se passer de la transaction puisque
vivant dans un système économique fondé sur la vente et l’achat et le domaine
intellectuel n’y échappe pas, mais les sources d’informations se doivent d’être
libres. En ce sens, le Luciférisme ne peut que s’opposer à la volonté de
certaines sociétés informatiques d’offrir gratuitement au public des ouvrages
qui ne sont pas dans le domaine public car violant le principe qu’un travail
mérite salaire et que le temps passé à
chercher, réfléchir, produire, écrire n’est pas gratuit, il se paye souvent
cher…
En même temps, il faut que l’on n’ait pas le droit de
recourir à la censure et que l’on puisse avoir accès à toutes les informations,
sans restrictions. Or notre société actuelle, fondée sur la communication et
l’omniprésence des réseaux informatiques et des bases de données doit permettre
que tous puissent avoir accès à la connaissance, surtout quand les sources sont
difficiles d’accès en terme de rareté (ouvrages anciens et fragiles),
d’éloignement (tout le monde n’a pas la bibliothèque ou le musée au pas de sa
porte) et à la contribution participative sous motif que la connaissance se
veut universelle.
Le Luciférisme, s’il veut atteindre tout le monde, ne peut
mettre de limite d’âge à l’étude et doit permettre une éducation permanente et
populaire. Populaire c’est-à-dire qui ne se réserve pas à des élites ou des
oligarchies, elle doit aussi transporter la connaissance dans le monde
extra-scolaire et extra-universitaire en favorisant les plateformes d’échanges,
les débats et les conférences ouvertes à tous sans restriction d’âge ou de
condition à l’image d’universités populaires. Pour cela, il faut investir toute
la sphère publique et offrir une connaissance contributive et pleinement
participative. Vaste chantier dont on ne sait, si finalement, il n’est pas
plutôt utopique !
Ainsi il importe au Luciférisme de faire reculer l’ignorance
pour offrir le libre-arbitre en parfaite connaissance de cause, en tout lieu et
pour tout le monde et pouvoir dire comme dans le livre de Job XVII, 12 :
Post tenebras spero lucem !