In Annales
Vedastini (annales de Saint-Vaast), traduction d’après l’édition de R.
Rau, p. 298-300
Repris in Desmulliez et Milis – Histoire des Provinces françaises du
Nord, tome 1 : de la Préhistoire à l’an Mil, collection Histoire,
Westhoek, édition des beffrois. 1988, 256 p, pp 243-244
L’an du Seigneur 880 … L’abbé Gozlin (de Saint-Amand) et l’armée
qui était avec lui, décidèrent d’attaquer les Normands. Ils envoyèrent un
message à tous ceux qui se trouvaient de l’autre côté de l’Escaut pour qu’ils
se rassemblent au jour fixé dans le but d’anéantir les Normands, les uns de ce
côté, les autres de l’autre côté. Mais l’évènement ne répondit pas à leur
propos. Car non seulement ils ne connurent aucun succès, mais ils réussirent à
peine à échapper honteusement. Plusieurs d’entre eux furent capturés et tués. La
peur et l’effroi tombèrent aussi sur les habitants de la région, tandis que les
Normands, fiers de leur victoire, n’arrêtèrent pas d’incendier les églises jour
et nuit et de massacrer le peuple chrétien. Alors, entre l’Escaut et la Somme
et de l’autre côté de l’Escaut tous prirent la fuite, moines, chanoines et
moniales avec les corps des Saints, gens de tout âge et de toute condition. Ces
Danois n’épargnèrent personne, ni même l’âge, mais ils dévastèrent tout par le
fer et le feu. Gozlin et ceux qui étaient avec lui virent qu’ils ne pouvaient
résister ; au début d’octobre l’armée fut dissoute et chacun rentra chez
soi. Les Normands ou Danois changèrent de poste et au mois de novembre ils
construisirent un camp d’hier à Courtrai. A partir de là ils massacrèrent les
Ménapiens et les Suèves ( = les habitants de la côte) jusqu’à l’extinction,
parce qu’ils leur étaient très hostiles. Un feu dévorant détruisit toute la
région. Le roi Louis (III) retourna en France et il célébra la fête de la
Nativité du Seigneur dans le palais de Compiègne.
L’an du Seigneur 881. Le 26 décembre, les Normands ont
envahi en masse immense notre monastère ( = saint Vaast) et le 28 décembre ils
ont incendié le monastère et la cité (d’Arras) – à l’exception des églises –
ainsi que le bourg du monastère et tous les domaines du voisinage. Ils ont tué
tous ceux qu’ils purent trouver. Ils rodèrent dans toute la région jusqu’à la
Somme et ils prirent un immense butin en hommes, bétail et chevaux. De là ils
entrèrent à Cambrai encore ce même 28 décembre et ils détruisirent la cité
aussi bien que le monastère de Saint-Géry par le feu et le massacre, et ils
retournèrent dans leur camp avec un butin immense, ayant dévasté tous les
monastères sur la Scarpe. Les habitants avaient pris la fuite ou furent tués. Vers
la Chandeleur ils se mirent de nouveau en mouvement et par Thérouanne ils
prirent le chemin jusqu’à Centula – le monastère de Saint-Riquier –, celui de
Saint-Valéry et toutes les localités, monastères et bourgs, situés sur la mer. De
là, ils se dirigèrent jusqu’à la cité d’Amiens et le monastère de Corbie.
Chargés d’un grand butin, ils retournèrent dans leur camp sains et saufs. Vers
la Saint-Pierre ils vinrent de nouveau à Arras. Ils tuèrent tous ceux qu’ils
purent trouver et ils détruisirent toute la région par le fer et le feu, avant
de regagner leurs camps indemnes.
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