Quittant
la place de Staple, une petite rue mène à l’église paroissiale, vénérable
hallekerk en briques d’argile rouge. Juste devant celle-ci, une tombe cloturée
de grille s’offre à la vue, une tombe simple, une colonne fièrement dressée
portant sur le socle la seule mention de son occupant.
Martin
Charles Gobrecht naquit le 11 novembre 1772 à Cassel. Volontaire dans la
compagnie franche de Vandamme le 13 septembre 1792, il assista la même année au
siège de Lille, fut nommé sous-lieutenant à l'armée du Nord le 4 mars 1793, et
lieutenant dans la compagnie de chasseurs de Mont-Cassel (14e, puis 1re
demi-brigade légère) le 5 septembre, et fut blessé à la bataille d'Hondschoote
le 8 du même mois. Autant dire que l’ascension dans le grade est relativement
rapide.
Difficile
de ne pas remarquer l’homme qui se distingue rapidement, notamment au passage
du Wahal, en Hollande, le 21 nivôse an III, il reçut deux blessures au bras
gauche et eut un cheval tué sous lui à la tête des grenadiers qui, dirigés en
partie par lui, enlevèrent une redoute et 6 pièces de canon.
Devenu
aide-de-camp du général Vandamme, Casselois lui aussi, le 27 germinal de la
même année, il obtint le grade de capitaine à l'armée de Sambre-et-Meuse, le 11
brumaire, et assista, sous Moreau, aux deux passages du Rhin, où on le vit
prendre terre le premier sous le feu de l'ennemi.
Le
17 nivôse an VI, il quitta ses fonctions d'aide-de-camp pour entrer avec son
grade dans le 6e régiment de hussards à l'armée du Rhin, et reçut du général
Brune le grade de chef d'escadron sur le champ de bataille de Bergen, en
Batavie, le troisième jour complémentaire an VII.
Rentré
le même jour dans ses fonctions d'aide-de-camp auprès du général Vandamme, il
reçut une blessure grave à la tête en combattant contre les Anglo Russes à
Castricum (Hollande spetentrionale) en Vendémiaire an VIII, Le 17 du même mois,
il obtint la confirmation de son grade de chef d'escadron et servit
successivement dans le 4° régiment de dragons le 16 pluviôse an XI et dans le
2° de l'arme le 23 frimaire an XII. Avec un tel parcours, il fut compris comme
membre de la Légion-d'Honneur au camp d'Amiens, dans la promotion du 25
prairial de la même année, et fit partie de la grande armée, division Klein,
dès la fin de l'an XIII.
A
l'affaire d'Augsbourg, le 16 vendémiaire an XIV, il conduisit une charge
brillante sur l'infanterie russe embusquée sur la lisière des bois et lui
enleva 3 pièces de canon. Nommé major au 24° régiment de dragons le 16 mai
1806, il rejoignit son nouveau corps dans les garnisons d'Italie, et obtint la
croix d'officier de la Légion d'Honneur le 27 juillet 1809.
Il
se marie le 31 mars 1800 avec Marie Josèphe Eusèbe Barbe JOETS, avec comme
témoins François Ignace Joets, 56 ans, homme de loy à Cassel, père de la
future, Charles Gobrecht, 58 ans, marchand à Cassel, père du futur, Benoît van
Assen, 33 ans, marchand à Cassel, et Mathieu Pierens, 55 ans, employé au greffe
de l'administration. De son union naquirent deux filles : Virginie Françoise
Josèphe (1801-1868) et Marie Reine Sophie (1803-1883).
En
1811, il fut nommé colonel du 30° régiment de dragons, et le 19 août même année
il fut nommé baron de l'Empire pour sa belle conduite au combat d'Ostrowno (en
Bielorussie). Après la retraite, pendant laquelle il eut 5 chevaux tués sous
lui par le feu de l'ennemi, il vint en Saxe, où, ayant été promu général de
brigade par décret du 13 juillet 1813, il prit le commandement de la cavalerie
du 1er corps.
Enfermé
dans Dresde, et prisonnier de guerre par suite de la violation de la
capitulation de cette place, il ne revint en France qu'au mois de mars 1814.
Mis en non-activité à cette époque, et décoré de la croix de Saint-Louis le 6
août, il fut mis à la retraite le 1er janvier 1825, et reçut la croix de
commandeur de la Légion-d'Honneur le 5 janvier 1834.
Le
général Gobrecht est mort à Saint-Omer le 7 juin 1845.