jeudi 23 avril 2015

Les premiers pas d'un (contre -) torpilleur de la Défense Mobile

 Plus chantier de construction ou d'assemblage ?
 Un lancement par le travers, ce que ne l'on ne pratiquait pas à Dunkerque.


Des navires assez petits et légers pour être construits et lancés sur des fleuves...


Phase cruciale avant livraison définitive : les essais en mer...


Et enfin, une carrière rude sur des mers difficiles...


petit rappel : la Défense mobile à Dunkerque

Sous la IIIe république, les moyens militaires de la France se réduisent alors que Britanniques et Allemands montent en puissance. Le port de Dunkerque devient aussi une base sous-marine…

"La Jeune Ecole".En 1886, le nouveau ministre de la Marine, le Vice-Amiral Aube, réforme la marine en suivant la théorie de "la jeune école". Pour lui, la guerre de course sera la règle car les flottes se neutraliseront mutuellement. A la place des frégates, les escadres comptent des torpilleurs, des sous-marins et des submersibles (des navires de surface qui ne plongent que pour le combat), réunis dans la «Défense Mobile». A Dunkerque, elle s’établit sur l’arrière-port à la caserne Ronarc’h, achevée en 1887 (et détruite en 1940). Pourtant, les moyens manquent pour être efficaces. Après la guerre de 1870, l’heure est à l’économie. Les navires ont un faible tonnage, tiennent souvent mal la mer et leur puissance de feu est faible. Les marins sont aussi à terre, notamment les artilleurs de l’importante batterie de 24 canons établie sur les dunes de Zuydcoote. 

Le port de Dunkerque accueille de petits sous-marins comme le Ludion ou le Phoque, des navires de la classe Naïade que les marins surnomment vite classe «noyade», c’est dire si le périple en mer est rassurant. De plus, ce type de batiment est exigü pour les 13 hommes qu'il embarque ! Régulièrement, des torpilleurs submersibles sont affectés dans l’arrière-port et parfois de taille respectable comme les sous-marins des classes Pluviose et Sirène. 

Les Dunkerquois viennent souvent voir les manœuvres d’accostage de ces longs navires effilés, dont le pont surmonte à peine l’eau, crachant de la fumée et de se dire que la place doit y être bien exigüe. Les habitants de la ville comme les travailleurs du port qui croisent les marins dans les rues et estaminets de la ville ne se doutent pas toujours de la vie rude de ces hommes qui, enfermés dans de véritables cercueils d’acier, sont soumis à autant de dangers venus de l’extérieur que dans leur propre navire et côtoient la mort qui peut frapper de façon insidieuse. Dans les navires, une touche de couleur les accompagne : des canaris en cage ! Non point que le chant de ces volatiles les distraient lors des marées (la sortie en mer) mais tout simplement parce que le canari est sensible aux gaz mortels qui peuvent se répandre. Mort, au fond de la cage, c’est le signal d’une remontée impérative et urgente pour renouveler l’air…

"Branle-bas de combat ! permanent..."

Quand la guerre éclate en 1914, la flotte accueille de nouveaux navires. La canonnière Cocyte, silhouette à laquelle se sont habitués les Dunkerquois ne participe pas aux combats car démoli en 1911 mais l’on accueille une escadre de cuirassés, véritables forteresses flottantes et la présence des torpilleurs et contre-torpilleurs est renforcée.

Les Alliés renforcent le nombre, notamment avec une escadre de monitors qui mène des patrouilles conjointes les navires français. Elles sont vitales : les sous-marins allemands d’Ostende font des ravages, tant par leurs attaques que par le mouillage de mines malgré le blocus que l’on impose aux ports belges occupés. La réplique est assez efficace mais il faut assumer une guerre totale où les bateaux civils ne sont pas épargnés. Les sous-mariniers dunkerquois s’engagent très vite dans un duel à mort avec leurs homologues germains qui sont à moins de cent kilomètres du port. 

Néanmoins, il ne faut pas omettre le rôle des dockers dunkerquois qui ouvrent sur le port devenu une station-magasin anglaise, permettant de ravitailler les troupes, ainsi que nombre de marins, inscrits maritimes, qui embarquent sur les navires de la "Royale"... Dommage qu'aucun monument ne vienne rappeler leur souvenir pour la Grande Guerre à Dunkerque...

 

« La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires. » (Georges Clemenceau, 1886)

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