mercredi 18 février 2015

Winoc et le miracle de la Colme



In Claude Malbranke, « Guide de la Flandre et de l’Artois mystérieux », 2e édition, éditions TCHOU, collection « les guides noirs », Paris, 1969, 479 pages, pp. 160-162


Originaire d’Armorique, Winoc vint avec trois de ses compagnons se mettre sous la direction de saint Bertin à l’abbaye de Sithiu. Entre 685 et 703, il fut envoyé à Wormhoudt pour travailler à l’établissement d’un monastère dont il devint abbé ; il mourut à Wormhoudt le 6 novembre 717.
En 900, le comte de Flandre Baudouin II fit transporter son corps à Bergues où il établit un chapitre de chanoines qui en 1022, fut transformé en communauté bénédictine, c’est l’origine du célèbre monastère de Bergues-saint-Winoc.
 
Dès lors, le culte du saint s’étendit : une confrérie de saint Winoc s’installa à Bergues de temps immémorial et peut-être dès le lendemain du « miracle de la Colme » (fin du XIe siècle).
 
« Un jeune enfant d’une riche famille de Bergues était sorti de la ville par la porte de Bierne. Comme il prenait ses ébats sur les bords de la Colme, il tomba dans la rivière et s’y noya. Ses parents, avertis aussitôt, font de longues recherches pour le retrouver, mais elles restent infructueuses. Enfin, dans leur désolation, ils vont trouver l’abbé de saint-Winoc et le supplient de permettre que l’on porte au lieu de l’accident la châsse du saint. Non sans peine, cette faveur leur est accordée. Les moines accompagnent au chant des psaumes les saintes reliques et presque toute la population de la ville se joint à eux. A peine la châsse a-t-elle touché l’eau que l’enfant apparaît, plein de vie et tout joyeux. On devine la joie des heureux parents, l’émotion de la foule, les cris d’allégresse montant dans l’air, les actions de grâces, et toutes les démonstrations qu’un tel événement a dû susciter. »
 
Ses miracles, relatés par l’abbé de Croocq dans l’ouvrage [« un saint de la Flandre Française, saint Winoc »] furent nombreux : saint Winoc semble avoir un grand pouvoir sur le temps et on l’invoque soit pour arrêter la cataracte du ciel, soit pour obvier à une sécheresse excessive ; au XVIIIe siècle encore on portait sa châsse en procession pour demander à Dieu sa protection contre les intempéries ; on le prie aussi dans les orages pour détourner le fléau de la foudre.
 
A la suite du « miracle de la Colme », chaque année, le jour de la Trinité, on portait la châsse de saint Winoc en grande pompe au même endroit appelé en flamand Het Badt ou le Bain ; là les porteurs la plongeaient dans la Colme, en même temps que les enfants malades. Vers 1570, l’évêque d’Ypres, craignant des pratiques superstitieuses, ordonna une enquête ; on raconte qu’on remplit d’eau du Bain trois bouteilles, la première avant la neuvaine la seconde pendant et la troisième après. Seule l’eau puisée pendant la neuvaine se conserva pure.
 
Saint Winoc est resté le patron de Bergues : à plusieurs reprises (en 1536, 1618, 1700, 1812, etc.) son nom est donné à la principale cloche du carillon de la ville. En 1626, ce sont deux bateaux de guerre qui reçoivent son patronage. Aujourd’hui encore, on va servir saint Winoc à Bergues et à Wormhoudt: il est invoqué contre la fièvre, la jaunisse, la coqueluche, pour l’heureuse délivrance des femmes enceintes.

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